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Louise Labé, le portrait de Cornélia

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Par   •  27 Mars 2024  •  Compte rendu  •  1 134 Mots (5 Pages)  •  119 Vues

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Louise Labé

         Gisèle Mathieu-Castellani, « La parole indiscrète de Louise Labé. Imitation et subversion des modèles ». 

        cf Incipit de l’épître dédicatoire des Oeuvres « étant venu le temps, mademoiselle, que les sévères lois des hommes s’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et aux disciplines… » : témoigne du désir des femmes d’accéder aux territoires masculins de la culture et de l’écriture, un siècle après Christine de Pizan (Le livre du duc des vrais amants).

Louise Labé dessine le portrait d’une nouvelle Cornélia :

On lui reproche une certaine indiscrétion par rapport aux obligations de son sexe. Il faut sans doute éclaire d’abord cette notion d’indiscrétion, qui concerne plusieurs domaines de la vie sociale, de la psychologie, de l’écriture, de la parole, avant de voir comment la voix féminine s’approprie le modèle masculine fixé par le Canzoniere pétrarquiste, et transforme ses codes en imprimant sa marque propre.

         Indescrétion de la parole de Louise Labé qui préfère l’expression libre, la saillie d’un mouvement qui anime la vie, la parole, l’écriture. « Saillie » dans le s. XVIII : une sortie, un saut, mouvement qui emporte au-dehors de soi, et qui désigne en même temps l’élan qui emporte le corps désirant et la parole amoureuse qui exige l’indiscrétion. La parole amoureuse est indiscrète en ce sens qu’elle refuse ardemment la distinction et la division du sujet, et la hiérarchie des instances, âme, coeur, corps. Bien loin du néoplatonisme à la mode en ces années-là, platonisme « per le donne » (pour les dames) édulcoré, modifié, qui veut choisir l’esprit et refuser le corps. Associe corps et esprit dans la célébration de la jouissance.

La poétique de la Renaissance, au moment où il convient d’enrichir et d’illustrer la langue vulgaire, le français, définit l’écriture, qu’il s’agisse de prose ou de vers, comme une réécriture, soit une réappropriation de modèles antiques, grecs et latins, ou « modernes » — s’ils ne sont pas français — : les chefs d’oeuvre de la Renaissance italienne, des conteurs comme Boccace, des poètes comme Pétrarque, « en amour le grand maître », et ses épigones.

        • Le modèle pétrarquisme et sa transformation :

Quand L. Labé écrit ses poèmes amoureux, le grand modèle à l’horizon est le pétrarquisme. L’apogée du pétrarquisme, représente exemplairement par Les Amours de Ronsard en 1552, se situe en effet en France dans les années 1540-1560, tandis que la production des années 1570-1600 sera néo-pétrarquiste plus que pétrarquienne; Le Canzoniere arrive en France de la première moitié du XVIé par les traductions de Marot en 1539 et alia.

Si le poète amant comme Ronsard n’éprouve gère de difficulté à reproduire le contrat d’échange qui lei Pétrarque et Laure, sur le mode du donnant donnant : « je te donne un nom, un nom d’idole, de Muse ; tu me donnes un nom, un nom de poète », comment une poétique pourrait-elle se glisser dans cette configuration sans enfreindre les codes de bonne conduite ? Se bornera-t-elle à réduire la distribution des rôles dans l’échange à la fois amoureux et poétique en assumant seulement la fonction de célébration ? Ni Pernette du Guillet, ni Louise Labé ne se satisfont de ce rôle, même si, à l’occasion, elles le jouent ou font mine de le jouer. (> Rymes, s. VI ; s. XIV Labé). Mais si l’aimée prend la parole, qu’a-t-elle au juste à répondre à l’amant ? Sa parole se contentera-t-elle d’être parole d’Écho ? Comment s’approprier un discours quand la réécriture s’inspire de Pétrarque ? Dans le cas des poétises, s’ajoute un intermédiaire : le « dialogue » de Pernette du G avec Scève, celui de lOUISE labé avec Oliver de Magny, provoque l’insertion de bribes pétrarquismes résiduelles qui ne renvoient pas toujours directement à Pétrarque, mais plutôt à la doxa pétrarquiste telle que la transmettent les poètes français. Dans la description de l’amant aux cheveux blonds, beaux yeux, rappel Pétrarque.

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