Violence et histoire
Cours : Violence et histoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jean Sebastien STOLL • 30 Avril 2023 • Cours • 1 776 Mots (8 Pages) • 528 Vues
HLP TERMINALES
VIOLENCE ET HISTOIRE (suite)
II- Comment en finir avec la violence dans l’Histoire ?
A quoi bon comprendre la violence dans l’Histoire si ce n’est pas pour chercher à l’éradiquer ?
Les philosophes politiques avaient pour la plupart cette ambition.
Il en va ainsi de Platon et sa République, tout comme, bien plus tard du Léviathan de Hobbes ou du Contrat Social de Rousseau.
Chacun a cherché les moyens pour que cesse la guerre entre les hommes, qu’elle soit considérée comme naturelle (Hobbes) ou culturelle (Rousseau).
En effet, si l’on cherche à analyser les ressorts de la désunion des hommes et de leurs antagonismes, c’est aussi pour trouver des moyens de mieux les unir et ainsi d’assurer la concorde.
Mais qu’est-ce qui pourrait permettre aux hommes de ne plus se faire la guerre ?
Autrement dit, que doit-on changer en l’homme pour qu’il cesse de manifester de l’agressivité envers ses semblables tout en faisant parfois passer ce comportement comme un acte politique comme un autre ?
« La guerre n'est que la simple continuation de la politique par d'autres moyens. » comme l’écrivait Clausewitz en 1780.
Ainsi, il faudra nous demander si, pour que cesse la guerre, il faut changer l’homme lui-même (sa nature ou sa mentalité) ou bien seulement les conditions à la fois matérielles et spirituelles dans lesquelles il vit (ou dans lesquelles on le fait vivre) ?
A- Faire cesser la guerre.
Selon l’adage latin : Si vis pacem para bellum. [Si tu veux la paix, prépare la guerre.]
Malgré son apparence contradictoire, cette formule signifie que le meilleur moyen d’aboutir à la paix, c’est de préparer la guerre.
Cela peut s’expliquer par l’idée que la guerre étant inévitable, il vaut mieux s’y préparer et être ainsi soit en position de la gagner rapidement (et d’ainsi retrouver une situation de paix), soit d’empêcher ses potentiels adversaires d’envisager de nous faire la guerre dans la mesure où ils sauront que nous y sommes tellement bien préparés qu’ils prendraient un très grand risque (celui de leur défaite voire de leur humiliation) s’ils s’avisaient de nous déclarer la guerre.
Dans l’Histoire, des périodes de paix furent ainsi marquées, au moins localement, par l’existence d’un pouvoir fort capable de mater d’éventuelles révoltes ou séditions.
Le stratège chinois Sun Tzu (général chinois du VI ème siècle avant J.-C., 544-496 av. J.-C. ) est l’auteur de l’un des ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu : L’art de la guerre.
L'idée principale de son œuvre est que l’objectif de la guerre est de contraindre l’ennemi à abandonner la lutte, y compris sans combat, grâce à la ruse, l'espionnage, une grande mobilité et l'adaptation à la stratégie de l'adversaire.
Tous ces moyens doivent ainsi être employés afin de s'assurer une victoire au moindre coût (humain, matériel).
Il inaugure ainsi la théorie de l’approche indirecte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l'approche_indirecte
Globalement, la guerre indirecte est une forme de guerre qui ne passe pas par l'affrontement direct d'armée à armée, mais par l'utilisation du facteur psychologique pour confondre les commandants ennemis...
Mais il existe aussi d’autres moyens de ne pas se faire (tout à fait) la guerre.
C’est par exemple de se faire la guerre de manière indirecte ou interposée.
Ce fut bien entendu le cas durant la Guerre Froide (1947 – 1991) où les deux Grandes Puissances (USA vs URSS) se livraient à une guerre indirecte dans la mesure où ces deux pays ne se sont pas directement combattus mais l’ont fait via d’autres nations : le Vietnam par exemple (guerre de 1964 à 1975).
Cette solution peut sembler hypocrite dans la mesure où la guerre est toujours là, sous-jacente, potentielle ou bien réelle mais à distance géographique des pays qui la livrent ou la soutiennent.
On ne peut que penser aujourd’hui à la guerre en Ukraine avec ses relents de Guerre Froide…
Avec cette guerre, les divisions et les antagonismes géopolitiques (ré)apparaissent au grand jour car on peut difficilement ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre des belligérants. C’est ainsi que la question de savoir si l’on continue à acheter des hydrocarbures à la Russie constitue un marqueur de cette prise de position (voir le cas de l’Inde par exemple…).
Le philosophe français Alain (pseudonyme de Émile Chartier, 1868-1951) a longuement réfléchi à la réalité de la guerre et a ce qu’elle recouvre.
Il a lui-même participé à la première guerre mondiale par patriotisme (il aurait pu éviter d’y participer en raison de son statut mais a volontairement choisi de se faire soldat). Pendant le conflit et surtout à l’issue de celui-ci, il va se livrer à une série de réflexions au sujet de la guerre dans des ouvrages tels que Maux humains et surtout Mars ou la guerre jugée.
Globalement Alain revient de la guerre avec un sentiment d’horreur et de gâchis mais il cherche à analyser les ressorts de ce qui conduit les hommes à s’entre-tuer. Il développe notamment l’idée qu’une nation est conduite à la guerre par une sorte d’ivresse collective de laquelle elle a beaucoup de mal à sortir même lorsque les vapeurs de l’enthousiasme des débuts se dissipent. Parce que la guerre est commencée, il faut bien … la finir (tout comme on pourrait le dire d’une bouteille d’alcool qui a été ouverte même s’il s’agit d’un mauvais cru !). Ainsi, les hommes commencent la guerre sous l’effet des passions et sont amenés à la poursuivre en se cherchant de bonnes raisons de la faire mais ils ont bien des difficultés à en trouver. C’est comme une pente glissante qui nous ferait irrémédiablement chuter.
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