Langage philosophie
Cours : Langage philosophie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eeeefgg • 13 Septembre 2023 • Cours • 2 006 Mots (9 Pages) • 168 Vues
- Le langage n’est-il qu’un moyen de communication, d’échanges verbaux ?
- Le langage m’aide-t-il à comprendre le monde ?
- N’y a-t-il aucune pensée sans langage ?
Le langage
Langage, langue, parole
Distinguons, tout d’abord, la langue du langage : la langue représente un système particulier de mots, un ensemble linguistique fixé dans une société donnée, un produit social (ainsi parle-t-on de la langue française ou anglaise), alors que le langage se définit comme une fonction générale de communication.
Le langage, distinct de la langue, ne se confond pas davantage avec la parole, qui désigne l’acte individuel par lequel s’exerce la fonction du langage.
Le langage se définit comme la faculté d’exprimer verbalement sa pensée, comme le pouvoir d’expression verbale de la pensée. Notons également l’extension du terme langage, qui en est venu à désigner tout système de communication et de signes : les différentes formes de l’art, la logique, l’informatique sont appelées des langages.
Le signe et le symbole
Le signe linguistique diffère du symbole. Quand on emploie le mot « chien », il n’est nullement certain que le signifiant « chien » (le son) comporte une relation intrinsèque avec le signifié (le concept de chien), qu’il existe un rapport naturel entre signifiant – image acoustique, ensemble sonore- et signifié- le concept.
Tout au contraire, dans le symbole, cette liaison entre la représentation sensible et le concept est évidente : « Le symbole est d’abord un signe. Mais, dans le signe proprement dit, le rapport qui unit le signe à la chose signifiée est arbitraire (…). Il en est tout autrement du signe particulier qui constitue le symbole. Le lion, par exemple, sera employé comme symbole de la magnanimité ; le renard, de la ruse ; le cercle, comme symbole de l’éternité. Mais le lion, le renard possèdent en eux-mêmes les qualités dont ils doivent exprimer le sens (…). Ainsi, dans ces sortes de symboles, l’objet extérieur renferme déjà en lui-même le sens à la représentation duquel il est employé. » G.W.F. HEGEL, Esthétique, PUF.
L’identification naïve du mot et de la chose
L’unité de la forme et du contenu, évidente dans le symbole, l’est bien moins en ce qui concerne le signe linguistique, où elle pose problème et a donné lieu, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, à des controverses qui ont mobilisé philosophes et linguistes.
Pour le sens commun, cette identité va de soi : un certain usage quotidien et immédiat des mots nous fait croire inconsciemment que signifiant et signifié vont de pair : « On connaît l’histoire de ce Tyrolien qui, de retour d’Italie, vantait, auprès de ses compatriotes, les charmes de ce pays, mais ajoutait que ses habitants devaient être de bien grands fous, qui s’obstinaient à appeler cavalle ce que tout homme doué de raison savait être un Pferd. Cette identification du mot et de la chose est peut-être la condition d’un maniement inconscient et sans accroc du langage. » A. MARTINET, Eléments de linguistique générale, Armand Colin.
Quittons ce jugement naïf pour la réflexion philosophique. Dans le dialogue intitulé Cratyle, Platon met en évidence deux thèses. L’une, celle de Cratyle, pose que les mots imitent les choses et sont justes par nature. L’autre, celle d’Hermogène, soutient que le langage est conventionnel : les noms, pour Hermogène, correspondent à une convention, alors que, pour Cratyle, le langage est fixé par la nature, selon un rapport de convenance entre signifiant et signifié.
« Hermogène- Je me suis souvent, pour ma part, entretenu (avec Cratyle) (…) sans pouvoir me persuader que la nature du nom qu’on assigne à un objet est le nom juste ; le change-t-on ensuite en un autre, en abandonnent celui-là, le second n’en est pas moins juste que le premier (…). Car la nature n’assigne aucun nom en propre à aucun objet. » PLATON, Cratyle, Belles Lettres.
F. de Saussure, partisan d’Hermogène
Ferdinand de Saussure (1857-1913), créateur de la linguistique moderne (science ayant pour objet la langue, définie comme un système de signes, combinant arbitrairement un concept et une image acoustique) voit dans le signe linguistique une convention. Il affirme qu’entre le signifiant et le signifié, la forme acoustique et l’idée, le lien est de convention : « Ainsi l’idée de « sœur » n’est liée par aucun rapport intérieur avec la suite des sons s-ö-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n’importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence même de langues différentes. » F. de SAUSSURE, Cours de linguistique générale, Payot.
Emile Benveniste, dans Problèmes de linguistique générale, a fait la critique de la théorie saussurienne du signe linguistique. Pour lui, il existe une relation nécessaire entre signifié et signifiant : le concept (signifié) « bœuf » est forcément identique dans ma conscience à l’ensemble phonique (le signifiant) « bof ». Ils ont, en effet, été créés en même temps dans mon esprit et s’y évoquent ensemble en toutes circonstances. Ce qui est arbitraire, c’est que tel signe linguistique puisse être appliqué à tel objet réel qu’E. Benveniste appelle le « référent », l’animal lui-même dans l’exemple précédent.
Ainsi se perpétue, de nos jours, la vieille querelle entre Cratyle et Hermogène.
Y a-t-il un langage animal ?
Les signes linguistiques sont-ils le propre de l’homme ou bien peut-on parler aussi de langage animal ? Karl von Frisch, en particulier, a montré que les abeilles peuvent se communiquer de l’information. Leurs variétés de danses semblent des signes livrant des informations sur la nature et la distance du butin (pollen). Si la communication animale existe, il n’y a pas, à proprement parler, langage. L’information n’aboutit pas à l’échange linguistique, c’est-à-dire au dialogue. Le message des abeilles n’appelle aucune réponse de l’entourage, sinon une certaine conduite, ce qui ne constitue pas une réponse.
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