Introduction en 5 étapes Nietzsche Aurore

Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir – , qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. – Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’« individus dangereux » !

Et derrière eux, le danger des dangers – l’individuum* !
Friedrich Nietzsche / Aurore. (XIXème siècle)

ÉTUDE ORDONNÉE DU TEXTE DE NIETZSCHE : « L’Apologie du Travail » in AURORE 1) – Introduction d’Etude Textuelle (en cinq étapes).

L’Approche globale ou l’Entrée en Matière - Citation, Proverbe ou Expression Typique / Idiomatique, etc.

« Labor omnia vincit !» / « Le travail vient à bout de tout » écrivait Virgile dans Géorgiques – Proclamation au combien bivalente pour un esprit libre et candide !
Elle peut en effet s’interpréter en deux sens opposés :
Que le travail donne du pouvoir sur toute chose et révèle ainsi l’humanité grandiose, ou bien que : s’il « vient à bout de tout », il peut aussi évidemment nous achever puisque nous sommes parties- mêmes de ce « tout ».

Selon cette seconde interprétation, il pourrait tuer en nous une dimension essentielle et existentielle spécifique, selon ce qui le cause, l’organise et le finalise.

Spectre thématique - Domaines et Chapitres Philosophiques, Notions & Thématiques / Problème Général.

C’est en ce sens, qu’en ce texte : « Les Apologistes du Travail » extrait d’Aurore, relevant notamment des domaines de la Philosophie du Sujet et de la Philosophie Morale et Socio-Culturelle, Nietzsche examine les notions éthiques de liberté et de bonheur au sein de la Culture, notamment à travers les relations complexes et ambivalentes que les individus et les sociétés entretiennent avec le travail productif, abondamment répandu en tant qu’action et conception économiques, politiques et morales.

Après un amer et sarcastique constat, sur ces visions du Travail, suivi d’observations et d’analyses sur leurs effets en société, il critique et avertit ironiquement sur les valeurs vertueuses indues accordées au Travail et à ses mondes, également au sujet des opinions ou des idées reçues que l’on se forge, par simple habitude - (Déterminisme culturel et axiologique).

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Synthèse Doctrinale Problématisée - Idée Centrale portée par l’Auteur

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Le plus communément, travailler est considéré tel un remède contre l’oisiveté, nous libérant de l’ennui ou des états passionnels qui engendrent diverses catégories de violences en différentes échelles. Mais, ce que la multitude croit à propos de cette principale et permanente activité humaine, correspond-il vraiment à ce que ses diverses formes opèrent sur la société et les individus qui la composent ? Le Travail est-il le sens-même de l’existence, l’unique moyen et droit de vivre ? Constitue-t-il l’axe du progrès civilisationnel ? Sera-t-il épanouissant ou plutôt aliénant ?

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