Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
Dissertation : Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Eric Tonon • 6 Janvier 2025 • Dissertation • 780 Mots (4 Pages) • 13 Vues
Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
Remarques liminaires sur le sujet : la question posée veut interroger la manière dont la philosophie classique traite les désirs, à savoir comme des éléments négatifs qui vont perturber le jugement humain et éloigner l’homme de la voie du bien. Il faut noter aussi ici la présence des verbes agir et lutter, dont il faudra évidemment tenir compte dans le traitement du sujet. En effet, agir moralement, ce n’est pas être moral. L’action morale ne tient pas compte des motivations et des intentions de l’être humain quand il se comporte de manière conforme aux valeurs sociales ou naturelles (selon que l’on considère que la morale est une construction sociale ou qu’elle est présente de manière innée en l’homme). Par ailleurs, le verbe lutter est le signe d’un conflit, d’un tiraillement entre deux forces opposées, qu’il s’agira de définir pour mieux embrasser l’enjeu soulevé par la question. Avec quoi les désirs, en effet, sont-ils en lutte lorsqu’il s’agit d’agir moralement ? Avec des nomes sociales qui nous imposent certains comportements ? Avec une exigence morale intérieure qui nous assigne des devoirs ? Avec la raison qui nous invite à rester maîtres de nous-mêmes ? En tout état de cause, le terme de lutte laisse entendre que l’action morale serait accomplie au terme d’un effort certain et qu’il s’agirait de se faire violence pour ne pas se laisser embarquer sur le mauvais chemin.
Quelle problématique au regard de ce premier examen du sujet ?
Pour faire exister une vraie contradiction au sein du sujet et remettre en cause la représentation classique des désirs (ils sont néfastes), il faut aborder la morale autrement que sous son angle rigoriste. C’est donc vers une morale ouverte aux désirs qu’il faut se tourner pour expliquer que le comportement vertueux ne peut être atteint en niant la réalité de l’être humain et que si l’on veut que l’homme se montre altruiste et soucieux des autres, il faut déjà qu’il soit heureux et épanoui. Un être malheureux, amer et désabusé, ne sera pas en mesure de venir en aide aux autres et supportera plus difficilement le poids des contraintes morales.
D’où la problématique suivante :
Si pour agir moralement, se montrer vertueux et soucieux de son prochain, il faut commencer par se traiter soi-même avec égards et souci de son propre bien-être, alors comment peut-on envisager que l’action morale se conquiert dans la lutte contre les désirs alors que ceux-ci, s’ils sont réprimés, produisent en l’homme un malaise qui ne peut que rejaillir sur son humeur et sa relation aux autres ?
Un plan possible :
I – Il n’est possible de se comporter de manière morale qu’à la condition d’entretenir un rapport sain aux désirs car lutter en permanence contre sa nature est source de mal-être, ce qui rejaillit infailliblement sur la relation aux autres. > Epicure et Oscar Wilde
Mais entretenir un rapport sain aux désirs suppose de les hiérarchiser en laissant de côté ceux qui ne sont pas conformes à notre nature. Or, comment connaître notre nature sans réaliser des désirs encore inexplorés afin d’en examiner les effets sur nous ? N’y a-t-il pas un risque d’excès pour soi et pour les autres ?
II – Dans l’ignorance des effets au long cours de nos désirs, sans doute est-il plus sage d’opter pour un comportement moral qui nous permette de préserver la maîtrise de nous-mêmes, ce qui suppose de lutter contre tout ce qui nous éloigne de l’autonomie, en particulier les désirs. > Kant et la volonté bonne
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