Traduction Elsa Morante
Fiche de lecture : Traduction Elsa Morante. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar noé hyde • 16 Mai 2024 • Fiche de lecture • 381 Mots (2 Pages) • 96 Vues
L’automne s’annonçait déjà, avec ses crépuscules précoces : chaque jour, ce sévère moment de l’obscurité qui m’éloignait de la marina arrivait plus tôt. Très souvent, si je gagnais la maison avant la nuit, il m’advenait désormais d’y trouver de la visite. Ma belle-mère avait fait la connaissance de deux ou trois femmes de Procida, épouses de commerçants ou de bateliers, lesquelles venaient la trouver et la distraire, en l’assistant avec de l’aide et des conseils tandis que celle-ci travaillait au trousseau pour mon demi-frère à venir. J’ignore comment elle avait pu les inciter à franchir le seuil de la Maison des gamins, et, depuis le début, leur présence m’avait surpris comme une apparition invraisemblable. La plupart du temps, elles étaient toutes assises autour de la table de la cuisine jonché de linges et de chiffons, et je notai que ma marâtre?, si soumise avec mon père et moi, au milieu de ces femmes, affichait au contraire une sorte d’autorité de matrone et presque de suprématie reconnue, malgré son âge plus jeune que le leur.
Comparée à elles, toutes de petite taille, elle paraissait très grande. Et elle cousait avec une expression d’engagement grave, posée et taciturne, parmi les autres qui bavardaient avec de nombreux gestes.
Une fois les amies reparties, d’habitude, ma belle-mère continuait encore un peu à coudre, pendant que je me reposais sur le banc. Pendant de nombreux mois, elle avait mis de côté toutes les petites sommes que mon père lui donnait de temps à autre, et le soir elle s’était affairée à récupérer des chutes de tissu dans les échoppes de Procida, pour préparer ce trousseau pour mon demi-frère. Il s’agissait, en réalité, de cinq ou six vêtements miteux qui auraient peut-être tous pu tenir dans une boîte à chaussures ; en outre, ils paraissaient d’une qualité plutôt médiocre, de ce que j’en voyais. Mais ses frères cadets s’étaient toujours contentés, pour tout trousseau, de chiffons usés et de châles de femme ; et la facture d’un trousseau comme celui-là revêtait, à ses yeux, l’importance d’une cérémonie princière, solennelle. Dans le soin sévère avec lequel elle y travaillait, on pouvait cependant reconnaître un certain manque de compétence, et une inexpérience tout de même.
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