Soin pénalement ordonné
Étude de cas : Soin pénalement ordonné. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar melba31 • 6 Février 2024 • Étude de cas • 4 741 Mots (19 Pages) • 183 Vues
Institut de Formation en Soins Infirmiers
6 impasse François verdier
81000 ALBI
Analyse de pratique professionnelle
Simonet Sarah
Promotion : 2018-2021
SOMMAIRE
Introduction 1
1. La situation 2
2. Questionnement et problématique 3
3. Analyse de la situation
3.1. Au niveau juridique 3
3.1.1 Cadre juridique et déontologique infirmier 3
3.1.2 Le criminel 4
3.2 Représentation et catégorisation sociales 5
3.3. Impact du jugement de valeurs sur la relation soignant- soigné 6
3.3.1 Jugement de valeur : un obstacle dans la relation 6
3.3.2 Jugement de valeur : Effet « Pygmalion » / effet « Golem » 7
3.4. Dépasser notre humanité 8
4. Conclusion 10
Bibliographie
INTRODUCTION
Le CMP (Centre Medio Psychologique) dans lequel j’effectue un stage de 5 semaines a pour but d’accueillir toute personne en souffrance psychique sur un secteur géographique déterminé.
Si la quasi-totalité des personnes qui s’y présentent sont en demande de soins, certaines s’y rendent car elles sont « soumises » à des soins pénalement ordonnés. La demande est alors judiciaire avec pour finalité sociale d’éviter une récidive et non pas une demande initiée par la personne.
Même si son consentement est une condition nécessaire, il est possible de mettre en doute son authenticité dans la mesure où ces « soins « représentent bien souvent une alternative à l’incarcération. La personne « sous main de justice « ayant le « libre choix » entre accepter la démarche ou se voir incarcérer. L’autonomie laissée au patient de décider par lui-même est alors fortement restreinte et le consentement ne pourrait être qu’illusion .
Or, la contrainte commence quand s’arrête l’autonomie. Sans autonomie, sous contrainte, peut-on alors envisager et parler de soin ?
De plus , Afin d’améliorer ma pratique professionnelle, il m'a paru nécessaire de mener une réflexion sur le sujet des soins pénalement ordonnés.
Le soin pénalement imposé reste une question qui fait débat : « soignants et soignés condamnés à accepter une relation intime obligée » comme le souligne J.CHAMI.
Je me suis alors interrogé sur les difficultés qu’ils engendraient tant du coté du soignant que du patient lors de leur relation soignant – soigné mais aussi sur le sens que pouvait prendre une telle prise en charge.
1. La situation
J ai eu lors de ce stage de grandes difficultés à « rentrer en relation » avec les patients qui émettaient très souvent un refus à ma présence. Mr P, quant à lui, à accepter.
Toutefois, ce second entretien avec « son référant » fut, comme le premier très rapide. Très énervé, il n’a pas même pris le temps de s’assoir. Il était important pour lui que l’on note qu’il s’était bien présenté au rendez vous et ce malgré qu’il « n’était pas fou ». Il n’ « avait pas que ça à faire » et que sa venue était bien la preuve des efforts auxquels il consentait.
Apres son départ, je prends alors connaissance, en présence de mon tuteur, de son dossier. Mr P est âgé de 53 ans et est rentré en contact avec la structure suite à une décision de soins pénalement ordonnés auxquels il a accepté de se soumettre.
Remarié, il est père de deux enfants, d’une première union, âgés de 15 et 19 ans avec lesquels il n’entretient aucune relation. Apres son divorce très conflictuel, il a commencé à s’alcooliser. Arrêté pour état d’ivresse, son permis lui a été retiré sans qu’aucune prise en charge psychologique n’ait été initiée.
Un soir alors qu’il avait bu dans un bar plus que de raison (taux d alcoolémie de 2.8 g/ l de sang), il a pris le volant et a blessé grièvement une étudiante âgée de 19 ans en voulant dit il éviter un chien. La victime, prise en charge à l’heure actuelle, dans un service de rééducation fonctionnelle gardera des séquelles à vie , sa moelle épinière ayant été touchée.
Il s’agit pour lui d’une fâcheuse « malchance », et à aucun moment n’exprime des regrets, ou une quelconque responsabilité. Il n’évoque pas non plus sa forte dépendance à l’alcool. Un traitement médicamenteux à base de baclofène, en complément de son accompagnement lui a été proposé par le psychiatre du service afin de diminuer sa consommation d’alcool mais il l’a refusé.
Au niveau judiciaire, son jugement n’a pas eu lieu. Le juge d’application des peines l’a, en phase « pré –sentencielle », soumis à un contrôle judiciaire, alternative à la détention provisoire dont une des composantes est l’obligation de soins. Il doit pouvoir fournir des attestations à son conseiller auprès des services pénitencieres d’insertion et de probation ( CIP ) qui stipulent qu’il honore ses rendez vous sans que leur contenu ne voit divulgué et qui ne comporte aucune information quant à son investissement dans la psychothérapie.
2. Questionnement et problématique
Cette situation de soins pénalement ordonnés n’est pas une situation de soins « classique « et a déclenché tout un questionnement quant à sa prise en charge :
- Peut-on soigner sans demande de la part du patient ?
- Peut-on soigner sans acceptation réelle des soins ?
- Peut on soigner en ayant limité l’autonomie du patient ?
- Peut on contraindre aux soins le soignant et le soigné ?
- Quel sens donné à une telle prise en charge ?
- Quelle position, le soignant peut il alors adopter ?
- Des soins sous contrainte peuvent ils encore être des soins ?
Toutes ces interrogations m’amènent à définir la problématique suivante :
« Dans quelle mesures, les soins pénalement ordonnés et en particulier l’obligation de soins impactent t’ils la relation soignant soigné dans le cas d’un patient majeur dépendant à l’alcool ?»
L’analyse du sujet a nécessité des nombreuses recherches dans des champs disciplinaires divers : justice, philosophie, déontologie….et m’a permis d’approfondir des compétences dans le référentiel de formation et en particulier :
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