Formation et développement des compétences au Québec
Dissertation : Formation et développement des compétences au Québec. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Heidi Marlie • 29 Avril 2023 • Dissertation • 4 903 Mots (20 Pages) • 312 Vues
Cet essai se veut une analyse de l’évolution du développement des compétences et de la formation de la main-d’œuvre en emploi au Québec. Pour ce faire, plusieurs thèmes seront abordés, tels que la problématique de pénurie de main-d’œuvre actuelle, la hausse du vieillissement de la population active sur le marché du travail, les changements technologiques diversifiés et l’intégration des nouveaux immigrants en emploi. Ceux-ci contribueront à une constatation globale du développement de la main-d’œuvre, selon les actions appliquées par l’État depuis les douze dernières années. De plus, cette analyse permettra d’identifier quelques projections en emploi pour les années à venir. De nombreux défis seront énumérés, afin de bien comprendre l’état actuel du marché du travail et des perspectives en ce qui a trait aux interventions gouvernementales servant à atteindre un équilibre entre les besoins du marché et ceux de la main-d’œuvre. Nous baserons notre analyse sur l’atteinte des objectifs des plans stratégiques de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, puis selon quelques statistiques démographiques liées au vieillissement de la population québécoise, selon un bilan de l’Institut de la statistique du Québec[1]. En clôture, nous nous positionnerons en rapport à l’ensemble des interventions faites par l’État et nous expliquerons notre point de vue à l’aide des informations recueillies tout au long de la rédaction de cet essai.
Débutons par un survol de l’historique de l’éducation et de la formation du Québec. Depuis les années 1940, beaucoup d’éléments ont changé et ont été améliorés au niveau de l’éducation de la population québécoise. Notons la création de plusieurs lois, telles que la Loi de l'enseignement spécialisé et des écoles professionnelles[2] (S.R. 1941, c. 242), la Loi concernant la fréquentation scolaire obligatoire[3] (SQ 1943 (7 GeoVI), c. 13), ainsi que la Loi pour assurer le progrès de l’éducation[4] (SQ 1946 (10 George VI) c. 21). Une nouvelle politique s’installe au courant des années 60 et c’est à ce moment que nous pouvons véritablement voir des changements significatifs dans l’éducation de la population : « Il faut attendre les années 60 pour voir se développer une politique de main-d’œuvre plus active; celle-ci vise alors à corriger le chômage structurel qui, selon des analystes de l’époque, avait considérablement progressé depuis le milieu des années 50 »[5]. À l’aide de la nouvelle politique fédérale, qui inclue la création du ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration et une loi concernant la formation professionnelle des adultes, nous pouvons observer une hausse de l’importance de la formation en emploi : « L’élément clé de cette stratégie nouvelle sera la politique nationale de formation professionnelle, qui donne pour la première fois au gouvernement fédéral l’initiative en matière de formation de la main-d’œuvre. Il orientera et financera entièrement le développement de la formation professionnelle pour les adultes sans emploi »[6]. D’autres lois sont adoptées, telles que la Loi instituant le ministère de l'Éducation et le Conseil supérieur de l'éducation[7] (SQ 1964 (12–13 ElizII), c. 15) et la Loi sur la formation et la qualification professionnelle de la main-d’œuvre[8] (LQ 1969, 51, a. 12 (partie)).
Au courant des années 70 et 80, une réforme est effectuée au niveau du régime de l’assurance-chômage. L’orientation gouvernementale est davantage axée sur l’insertion professionnelle des personnes étant sur une assurance-chômage de longue durée, visant aussi des groupes ciblés (personnes handicapées, autochtones, femmes et minorités visibles) : « […] le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec s’engagent pour la première fois dans le développement de programmes de création directe d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes qui retournent sur le marché du travail »[9]. Aussi, une réforme du régime d’aide sociale est entreprise par le gouvernement provincial, qui détient le même but que le précédent, soit la réinsertion des prestataires de l’aide sociale sur le marché du travail : « En 1989, une réforme en profondeur de l’aide sociale se traduit par la mise en place d’une série de programmes d’employabilité, incluant des mesures de rattrapage scolaire, des stages en milieux de travail et diverses autres mesures d'aide à l'intégration en emploi »[10]. Ensuite, la venue d’une récession vient augmenter considérablement le taux de chômage du Québec. Pour relancer l’économie, le Canada et le Québec décident d’intervenir en matière de formations techniques et professionnelles, se décrivant dans plusieurs actions voulant soutenir l’insertion professionnelle et sociale des individus sans emploi, plus particulièrement celui des jeunes par le biais du développement des compétences et de la formation en entreprise. Notons également l’arrivée des avancées technologiques, caractérisées par le développement de la microélectronique et de l’informatique.
À partir des années 90, de nouvelles institutions sont créées afin de favoriser la collaboration entre le secteur public et le secteur privé[11]. Une rationalisation des programmes émis par le gouvernement fédéral est faite, créant ainsi la Stratégie de mise en valeur de la main-d’œuvre[12]. La Commission canadienne de mise en valeur de la main-d’œuvre est alors créée et est composée de membres représentant des organisations patronales, syndicales, ainsi que des membres représentant les organismes sans but lucratif, qui jouent un rôle important dans la réinsertion professionnelle des chômeurs de longue durée. En 1991, le gouvernement fédéral se retire du financement relié à l’assurance-chômage et il distribue de plus en plus ces fonds vers les mesures de financement en réinsertion sociale et en formation professionnelle. De nouvelles restrictions sont créées, telles que le retrait des prestations des personnes qui quittent volontairement leur emploi. L’année suivante, la Société québécoise de développement de la main-d’œuvre (SQDM)[13] et les Sociétés régionales sont créées, telles que nous les appelons aujourd’hui : Commissions des partenaires du marché du travail (CPMT) et les bureaux d’Emploi-Québec. En 1995, les entreprises se voient dans l’obligation de consacrer une partie (1%) de leur masse salariale à des fins de formation. Depuis 2003, les entreprises ayant une masse salariale supérieure à un million de dollars doivent se conformer à la loi du 1%, soit la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main d'œuvre[14] (RLRQ, 2021, c D-8.3). Enfin, cette période historique est caractérisée par l’amélioration des mesures liées à l’éducation de la population et l’insertion de la formation en emploi.
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