Réflexion sur la mise en scène de Woyzeck, Scène de la bonimenteuse (scène 3)
Synthèse : Réflexion sur la mise en scène de Woyzeck, Scène de la bonimenteuse (scène 3). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alayane Mascroisier • 8 Janvier 2024 • Synthèse • 696 Mots (3 Pages) • 154 Vues
Réflexion sur la mise en scène de Woyzeck
Scène de la bonimenteuse (scène 3)
“Chaque homme a un abîme, on a le vertige lorsqu'on se penche dessus”
Büchner
D’un fait divers banal - un soldat qui tue sa fiancée dans un excès de jalousie - Büchner a fait une pièce vertigineuse, de celles, peu nombreuses, qui ont changé la face du théâtre. Pour la première fois, la scène était offerte à un personnage dont le drame excède radicalement les moyens qu’il a de le dire. Plus que l’oppression dont Woyzeck est l’objet, plus que la folie que les autres désignent en lui, c’est l’impossibilité à trouver un langage et donc à se frayer un chemin dans le monde qui est au cœur de cette mise en scène créée au Residenz theater de Munich et récompensée par le Prix du Théâtre de Bavière. La pièce prend un certain caractère par la manière dont elle est racontée. Il n’y a pas de vraie chronologie, ni de déroulement logique dans l’espace. tout se passe de façon complètement désorganisée, ce qui multiplie les sens et les possibilités d’imaginer la fable. C’est très ouvert, il n’y a pas de sens fermé. Ainsi il y a une fable avec différents niveaux de sens et de compréhension.
La restitution de l'homme dans ses moindres tressaillements, telle que le souhaitait Büchner, n'est pas une promesse d'unité, de complétude absolue, ou de synthèse individuelle. Explosion, dissolution, émiettement. Woyzeck est le lieu d'une anatomie produite dans un large spectre par des corps étrangers, diffus. L'intégralité est à chercher dans les signes d'une disparition prochaine, d'une déflagration possible ou probable des corps. La vie révélée préfigurant la mort à venir. Et c'est cela que j'ai voulu montrer dans la scène du bonimenteur. En effet, bien que Woyzeck constitue le point de départ - «le commencement du commencement» ( p. 24) - l'origine, il est aussi l'arrivée d'un travail dramaturgique. De plus, Woyzeck devant son impuissance, se sent pris de vertige. Pour éviter de sombrer, il ressasse un discours d'apaisement: «Un homme bien est reconnaissant et tient à la vie, un homme bien n'a pas de courage! Une canaille a du courage! Je ne suis allé à la guerre que pour me conforter dans mon amour de la vie. » (p. 36) Or, l'exercice de la pensée - surtout comme le met en pratique un simple soldat - semble à chaque fois ouvrir des plaies dans son esprit, des plaies susceptibles de semer un doute douloureux. Pourtant, si le Bonimenteur dit vrai, le soldat n'est pas à craindre, pas plus qu'un animal de foire, pas plus qu'un petit singe savant. «Le singe est soldat déjà, ce n'est pas encore grand-chose, le degré le plus bas du genre humain! » ( p. 25). Effectivement, la servitude de Woyzeck - servitude proprement féodale rappelle le sort de l'animal. Un phénomène de « bestiologie » comme en révèle la baraque foraine.
Le Bonimenteur complète alors une image du savoir fondée sur l'observation spectaculaire. La curiosité de l'enquête ne laisse ainsi rien échapper, le naturel et le surnaturel ne pouvant à coup sûr qu'apporter la gloire aux auteurs de ces expositions consécutives.
Ainsi dans ma mise en scène le sens s’oriente sur la folie de Woyzeck.. Mon idée est de le peindre comme un homme normal qui, poussé à bout, en vient à provoquer le pire : il est enfermé dans sa folie naissante, ce que vient montrer la mise en scène, c’est que la folie de Woyzeck est provoquée par tous ces éléments, qu’il est finalement contraint à la folie. Et ici, dans la scène de la bonimenteuse je montre non seulement la folie de Woyzeck qui est matérialisée par les décors abandonnés, souillés et en déclin et les personnages qui semblent sortir d'une apocalypse zombie déjantée ; mais aussi la façon et le chemin qui l'on poussé vers cette de destruction de soi, notamment dans le discours et le spectacle de la bonimente use.
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