Controle sur le baroque

Controle sur le baroque

        Les deux sonnets de Marbeuf et Scudery ont des themes communs qui les rapprochent du baroque. Premierement, on retrouve le theme d’un amour inconstant et destructeur. Scudery montre le drame d’un amour non-reciproque qui oppose l’inconstance feminine a la constance d’un poete follement epris. Les poetes utilisent un champ lexical de la destruction et de la souffrance : “du feu qui me devore”, “embrasement”, “malheureux” dans le premier poeme et “s’abime”, “les maux”, “craint”, “douloureux”, “larmes” dans le poeme 2. Ils cherchent donc a montrer l’amour comme destructeur et un theme caracteristique du baroque, particulierement le deuxieme poeme a travers sa longue compassion entre la mer et l’amour : “l’on s’abime en amour”, “la mer et l’amour ne sont point sans orage”, “qu’ils ne se laissent pas a l’amour enflammer, et otus deux ils seront sans hazard de naufrage”, “la mer et l’amour ont l’amer pour partage”. Outre la comparaison entre l’amour et la mer, les deux poems ont le point commun de comparer l’amour au feu en developpant le champ lexical : “feu”, “embrasement”, “de tes feux” (poeme 1), “enflammer”, “ce feu”, “un brasier”, “me brule” (poeme 2) ce qui souligne cette idee de l’amour dangereux et douloureux.                                                                                                        Ensuite on peut relever principalement dans le poeme de Scudery, un autre theme caracteristique du baroque : l’illusion et le mystere. Ansi, la reference a l’Ellebore, une herbe que l’on pensait pouvoir guerir la folie, suggere que les deux amants sont fou et seulement une herbe aux remedes estranges pourrait les guerir. De plus, “l’Alchimiste” et le “Maître des sens” mettent en lumiere une ambiance mysterieuse et le “Cameleon” est reference a l’illusion et au changement. Enfin, un autre theme partage et caracteristique du baroque est celui du changement. On le retrouve clairement dans le poeme 1 avec l’antithese : “elle aime, et ne m’aime plus , et puis elle aime encore”. Elle renforce l’idee du changement : “l’on voit son changement”, “un Cameleon”, “ce Mercure”… En effet, il est aussi present dans le second poeme avec l’idee de l’orage pouvant subvenir sur le calme de la mer a tous moments. Ces poems soulignent donc a la fois une instabilite de l’amour et de la vie, ce qui est une vision baroque du monde.

       Un autre aspect revelateur reliant ces deux poems au baroque est la recherche mise en oeuvre pour les ecrires avec a la fois des jeux importants et raffines et une esthetique du contraste. D’une part le contraste est tres present dans les deux sonnets ce qui est soutenu par le ryhtme binaire qui souligne les opposition et qui est cree par le fait que les vers soient en alexandrin : “le feu sort de l’amour, sa mere sort de l’eau” (poeme 2). Les antitheses sont tres presents : “l’on voit ma fermete, l’on voit son changement”, “cent fois elle brula du feu qui me devore; cent fois elle eteignit ce faible embrasement” (poeme 1), “l’eau contre ce feu” (poeme 2)… Celles-ci sont souvent soulignees par des parallelisms de construction ce qui met en valeur les contrastes, qui aident a montrer le changement, l’instabilite de l’amour et adherent aux regles de l’esthetique baroque. D’autre part, on retrouve une attention particuliere pour les sonorities dans les poems. Les deux sonnets riment; de forme ABBA ACCA DDE FFE pour “et la mer et l’amour”. Le deuxieme poeme developpe beaucoup cette caracteristique baroque, surtout a travers la comparaison de la mer et l’amour : “la mer et l’amour ont l’amer pour partage”, “la mere de l’amour eut la mer pour berceau, le feu sort de l’amour, sa mere sort de l’eau”, “j’eusse eteint son feu de la mer de mes larmes”… Ces sonorities sont revelatrices du gout de l’etrange des poetes baroques et leur permettent de comparer des choses tres differentes plus facilement.

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