Azawad entre colonisation décolonisation et islamisme
Étude de cas : Azawad entre colonisation décolonisation et islamisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zélika Ismail • 24 Juin 2019 • Étude de cas • 1 038 Mots (5 Pages) • 595 Vues
L’Azawad: entre colonisation, décolonisation et islamisme
Introduction
Les Touaregs sont un peuple habitant principalement le Sahara dans une zone allant de l’extrême sud-ouest de la Libye au sud de l’Algérie puis s’étalant au Mali, au Niger et jusqu’au Burkina Faso.
Le terme Azawad tire ses origines d’un mot touareg dont la traduction littérale renvoie au « territoire de transhumance » (transhumance désigne la migration périodique du bétail entre les différents pâturages et renvoie donc ici au nomadisme caractéristique de ce peuple).
Depuis 1990, il est utilisé pour désigner une région du Nord du Mali par les mouvements indépendantistes qui la revendique. Cependant, la délimitation de ce territoire fait objet de débat et Les différents mouvements ne s’entendent pas sur les frontières de celui-ci (voir annexe 1).
Dans un contexte précolonial la zone communément désignée par le Sahara, si elle est faiblement peuplée en conséquence de conditions climatiques difficiles, accueille majoritairement de Touaregs. Ces derniers effectuent des échanges commerciaux avec les peuples au Nord du continent mais également au Sud. Cependant, ils étaient affublés d’une réputation peu flatteuse dans la région suite à de nombreux attaques perpétrés sur les populations sédentaires aux alentours, pillant et réduisant certains en esclavage. Ils établissaient également une certaine domination sur certains de ces peuples en mettant en place un système d’impôts et en contrôlant différentes routes transsahariennes.
Les premières tentatives de colonisation sont vigoureusement rejetées et combattues par les peuples Touaregs. Une fois ces protestations calmées, l’empire colonial leur accorde un statut particulier et prétendent qu’ils sont supérieurs aux populations noires des mêmes régions. Parallèlement, le roman français du Sahara mythifie les Touareg et l’historiographie popularise l’image d’un peuple blanc, descendant des Vandales, et disposant d’une culture raffinée
La décolonisation se place comme une opportunité pour des peuples comme les Touaregs de chercher à profiter de cette nouvelle délimitation des frontières pour jouir d’un territoire qu’ils considèrent comme le leur (voir annexe 2).
En effet, deux ans après l’indépendance du Mali se produit la première rébellion touarègue mais le projet politique est vague et se solde par un échec écrasant.
Dès 1990, l’Azawad se propose comme une riposte moderne à ce dernier, porté par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et qui mettra en place le coup d’État de 2012 sur le gouvernement malien. Suite à ce coup, les forces armées rebelles feront tomber et détiendront le pouvoir sur plusieurs villes clés du nord du Mali, même si la situation sera rétablie par la suite.
Choix d’une image
[pic 1]
Cette photographie a été réalisée le 28 juillet 2013 par Rebecca Blackwell une photographe de Associated Press (AP). Elle a été prise à Kidal, ville du Nord du Mali à la date des élections présidentielles ayant suivies le coup d’État réalisé par les forces rebelles Touaregs. On y voit un des casques bleus de la MINUSMA (mission de l’ONU au Mali) déployés sur place pour assurer un bon déroulement des élections dans une zone où certains militent pour l’indépendance. En arrière-plan, un mur qui porte des peintures et des tags : on y voit le drapeau associé à l’État désiré d’Azawad ainsi que des tags.
Cette photographie est particulièrement pertinente puisqu’elle propose une représentation visuelle de la voix d’une revendication et d’un nationalisme bien vivant.
Ces ornements sur les murs bordant les routes principales de la ville sont intéressantes dans plusieurs mesures.
En premier lieu, cette image nous permet de voir en quoi l’Azawad est proposé comme une Nation. En effet, le drapeau est l’un des caractéristiques principales associés à l’État-Nation, le dotant d’une particularité, choisi et calculé avec soin par rapport aux influences du peuples dont il est représentatif et qui se rassemble derrière le drapeau.
Sa simple existence constitue une revendication, et le fait qu’un spectateur extérieur parvienne à l’identifier comme étant le drapeau de l’Azawad constitue déjà un pas vers la reconnaissance de ce dernier. La peinture de ce drapeau tient en un objectif simple, celui de conserver et entretenir l’identité politique de l’Azawad et visant à la fois les populations mais envoie un message clair de contestation à l’État malien au jour d’élections présidentielles résultant d’un refus d’accès à l’indépendance.
Le mur représenté sur la photographie est un espace de diffusion et permet d’insuffler un sentiment communautaire au sein des populations. En effet, l’utilisation de symboles de l’alphabet berbère renvoie ici à une différenciation d’avec les autres peuples de la région. Il s’agit ici de mettre en avant la culture partagée par la communauté touarègue comme ici la langue qu’ils parlent (le touareg ou tamachek) afin d’ancrer la mémoire identitaire que les mouvements de revendication prétendent incarner.
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