Les sentiers de la gloire, la scène de l'assaut - Stanley Kubrick
Commentaire d'oeuvre : Les sentiers de la gloire, la scène de l'assaut - Stanley Kubrick. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Martin Maurette • 11 Mai 2016 • Commentaire d'oeuvre • 1 216 Mots (5 Pages) • 1 727 Vues
I. Introduction
Les sentiers de la gloire est un film de guerre réalisé par Stanley Kubrick, sorti au cinéma en 1957 aux Etats-Unis. Le film n’a été autorisé en France qu’à partir de 1975. Les principaux acteurs sont Kirk Douglas (le colonel Dax), Ralph Meeker (le capitaine Paris), Adolphe Menjou (le général Broulard) et George McReady (le général Mureau). C'est une adaptation du roman éponyme, écrit par Humphrey Cobb. Il est paru en 1935, et a rencontré un vif succès, devenant l'un des best-sellers américains de la décennie.
Au sujet du réalisateur, Stanley Kubrick est un réalisateur américain né le 26 juillet 1928 à New-York. Au cours de sa vie il a réalisé des films qui auront marqué l'histoire du cinéma comme « Les sentiers de la gloire », « 2001 : l'odyssée de l'espace » et «Dr Folamour». Il est mort le 7 mars 1999. Il qualifiait la guerre de « drame à l'état pur », d'où sa fascination pour ces périodes d'affrontements. Dans son film, Kubrick s'inspire de l'oeuvre de Cobb, et reprend l'affaire des caporaux de Souain : quatre soldats sont chargés d'aller couper de jour et sous le feu ennemi les barbelés des Allemands. Ces derniers n'y arrivant pas, ils restent cacher dans les trous d'obus, et lorsqu'ils rentrent le général Réveilhac décide de les exécuter pour l'exemple. Il s'inspire d'une autre affaire où un un soldat amputé des deux jambes se fait fusiller.
Ce film traite d'un épisode de guerre au cours duquel le général Mureau, afin de prendre la cote 101, une position allemande, prévoit de lancer une attaque massive, même si cela doit coûter un grand nombre de vies. Pendant l’attaque, beaucoup de soldats se font tuer par les tirs d’artillerie et par les mitrailleuses ennemies. Une partie du régiment n’a pas pu sortir de la tranchée à cause de ces tirs ennemis. L’attaque est un échec complet, la cote 101 n’a pas pu être prise. Face à cet échec, le général Mureau, furieux, décide de punir ceux qui ne sont pas aller combattre. Trois hommes sont choisis pour passer conseil de guerre. Leur procès est rapide, voire même expéditif car les règles ne sont pas respectées. L’avocat ne peut pratiquement pas défendre les accusés. Ils sont donc condamnés à mort pour lâcheté au combat.
Nous allons maintenant étudier en extrait de ce film afin de mieux en comprendre le message.
II. Description et analyse d'un extrait
Dans cette séquence, deux points de vue s’opposent :
- On distingue d'abord le point de vue du général Mureau : il observe les hommes de loin, au travers de ses jumelles. Lors de l’assaut, ces hommes, filmés en plan d’ensemble et en plongée, ne sont plus que des fourmis qui s’agitent pour lui. Filmé en contre-plongée, il semble tout puissant, ayant sur tous un droit de vie ou de mort.
- Au point de vue du général s'oppose celui du colonel Dax : il se trouve près de ses hommes. Dans la tranchée, il est au même niveau qu’eux. Les soldats sont filmés en plan rapproché et leurs visages défilent en un long travelling qui traduit son mouvement au sein de ses soldats, et montre qu'ils les considèrent comme ses égaux. En contrechamp, le long travelling arrière sur le colonel Dax permet de lire sur son visage l’émotion (la culpabilité) qu’il éprouve au moment d’envoyer ses hommes vers une mort presque certaine.
- Le réalisateur a choisi de tourner son film en noir et blanc alors que la couleur existait pour donner du réalisme au film.
- Dans son déplacement dans la tranchée, le colonel Dax est filmé de taille ou en plan rapproché pour mettre en valeur les expressions et les sentiments qui règnent sur son visage : la dureté du regard et la rapidité des gestes prouvent la tension du moment mais aussi la volonté du visage. Au moment de monter sur le haut de la tranchée, le plan est « américain » : on veut attirer l’attention sur les gestes du personnage. Une fois que le colonel Dax est en haut de la tranchée, un plan de demi-ensemble permet de voir le décor qui entoure le personnage. Lorsque l’attaque est générale, un plan d’ensemble nous montre toute la scène. Ces différents plans permettent au spectateur de mieux ressentir l'émotion des soldats, en le plongeant parmi eux. Ils donnent l'impression de prendre part à l'affrontement.
- L’attaque est un échec cuisant pour le colonel Dax. Stanley Kubrick utilise des plans fixes sur les hommes morts ou arrêtés dans leur progression, la caméra ne bouge plus contrairement aux scènes d’attaques. Elle insiste sur le grand nombre de mort, traduisant ainsi l'horreur de la guerre. Dax se trouve au centre.
- Pendant tout le film, l’ennemi est invisible. Ce détail a toute son importance et laisse penser le spectateur que le véritable ennemi des soldats n'est pas l'armée allemande, mais le général Mureau. Car c'est lui qui a ordonné l’attaque alors qu’il la savait vaine et qui même pendant l’attaque les pousse à avancer scellant leur sort.
III. Interprétation
Au travers de cette scène, nous voyons donc que le réalisateur formule une critique à l'encontre de la hiérarchie militaire, de son fonctionnement, et des hauts dirigeants. C'est en cela que le film peut être qualifié d'antimilitariste. Toutefois, le colonel Dax est un personnage humain, et haut gradé ce qui va à l'encontre de cette théorie de l'antimilitarisme, et rend donc le message ambiguë. D'autant plus que Kubrick n'a jamais expliqué clairement si son film avait un message particulier. On peut donc émettre des théories. Au fond, c'est la guerre qui a déshumanisé le général, et c'est donc elle qui est responsable de la mort des soldats. On peut supposer que Kubrick critique la folie de la guerre, et son absurdité car il coûte la vie de milliers d'hommes. Le colonnel déclare même à un moment « Le patriotisme est le dernier refuge des crapules » (citation de Samuel Jonhson, auteur britanique). Le fait d'invoquer le patriotisme pour mener des hommes à leur mort est absurde pour Kubrick. C'est d''ailleurs dans ce sens que va la manière dont est filmé le film, puisque par ses différents plans, il insiste sur l'aspect de destruction et d'horreur du film.
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