Jean Baptiste Greuze, La petite fille qui pleure son oiseau mort
Commentaire de texte : Jean Baptiste Greuze, La petite fille qui pleure son oiseau mort. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Julia.tlx • 22 Mars 2022 • Commentaire de texte • 3 122 Mots (13 Pages) • 742 Vues
Trouilleux Julia 19010105
La petite fille qui pleure son oiseau mort- Jean Baptiste Greuze
Critique de Diderot Salon de 1765
Les Salons sont des critiques faites par le littéraire Denis Diderot. Dans ses comptes rendus, il décrit plusieurs oeuvres qu’il observe durant les différents Salons où il a pu aller. Ses salons sont organisés tous les deux ans à l’Académie royale de peinture et de sculpture, c’est le moment pour les peintres de l’académie, de se faire connaître à un certain public. Les Salons se situent généralement dans le Salon carré du Louvre. Ils ont commencé en 1759 et se sont terminés en 1781. Ces critiques de Diderot étaient par la suite diffusées dans le journal La correspondance Littéraire, il appartenait à Frédéric Melchior Grimm. Une diffusion qui permettait à un public plus large de s’informer sur les peintres et les oeuvres présentes au Salon. Diderot était surement l’un des critiques les plus importants que l’histoire de l’art a pu connaître, de par son expérience dans le domaine de l’art. C’est durant le Salon de 1765 que Diderot va profondément s’intéresser sur l’oeuvre de Greuze, La jeune fille qui pleure son oiseau mort, de 1765, une peinture sur toile , de taille moyenne et de forme ovale, conservée à Paris au musée du Louvre. Dans cette critique il va essayer de monter dans quelle mesure Greuze va donner un double sens à sa peinture. Pour étudier ce sujet, il sera question de voir en premier temps l’étude de l’oeuvre avec la vie du peintre, puis l’analyse du tableau et enfin la visée morale. En un second temps, L’oeuvre selon la critique de Diderot qui va s’appuyer sur la vie de l’écrivain, puis sa critique de l’oeuvre et le sens caché qu’il donne à l’oeuvre.
Jean Baptiste Greuze est un peintre français du XVIII ème siècle, très jeune il montra ses dispositions pour le dessin, puis étudia dans l’atelier de Charles Grandon à Lyon. Par la suite, il devient l’élève de Charles-Joseph Natoire à l’Académie Royale de peinture et de sculpture. En 1755 Il est devenu membre associé à l’Académie, puis de 1755 à 1757 il part en Italie étudier à Rome. Dans son parcours, Greuze à d’abord essayer les thèmes “Traditionnels“ du XVIII ème siècle, les thèmes allégoriques et mythologiques. Mais, cela ne lui convenant pas, il décida de se mettre à la peinture domestique et bourgeoise qui s’inspirait de la peinture Hollandaise, des thèmes théâtraux bourgeois, et notamment s’inspirait du grand peintre français du XVII ème siècle, Chardin, dans la peinture de genre. Il donne à ses toiles un sens moralisateur et sentimental, accentué par la théâtralité des personnages. Après une longue période de peinture de genre. En 1769, Greuze cherche à se faire admettre à l’académie comme peintre d’Histoire, mais il fut accueilli comme peintre de genre, chose qui lui déplu fortement, et refusa par la suite de participer aux prochains Salon que l’Académie put organiser. Malgré cet échec, le peintre continua son apogée dans l’art de par ses sujets captivants, et la sensualité qui peut se dégager des personnages féminins comme dans son oeuvre La jeune fille qui pleure son oiseau mort. Une oeuvre tellement sensuelle que Diderot se permit d’ajouter à sa critique « Il ne me déplairait pas trop d’être la cause de sa peine ».
Comme le montre Diderot par son intérêt assez pervers, cette oeuvre dégage une sensualité mise en valeur par le corps assez dénudé de la jeune fille et sa théâtralité dramatique. Cette oeuvre présente donc une jeune fille qui pleure son oiseau mort, un serin. L’oiseau est sur le dos, il se situe devant la jeune fille sur sa cage en bois ornée de plantes qui sont probablement séchées. La jeune fille elle se situe en deuxième plan, elle porte une robe blanche, légèrement transparente qui laisse entrevoir le cou et la poitrine dénudée. Sur sa robe quelques fleurs roses y sont accrochées au niveau du long décolleté. Elle a une peau très claire et lumineuse, identique à une poupée de cire, avec les joues assez rosées, montrant qu’elle pleure suite à la mort de l’oiseau. Les sourcils sont légèrement courbés, signe de tristesse et la main sur le visage vient accentuée le jeu d’acteur, comme si c’était une mise en scène. Il y a dans son regard qui se dirige vers le serin, un sentiment de regret et de désespoir. Sur le haut de sa tête, se mélange avec ses cheveux blonds un bandeau bleu terne. Puis, en arrière-plan, un simple mur marron foncé. C’est un tableau très lumineux, la jeune fille et l’oiseau de leur clarté sont contrasté avec le mur foncé. Ce qui attire plus le regard sur la scène, avec des couleurs dominantes froides et pastels. Au niveau du cadrage, la forme ronde avec le cadrage frontal propose une vision de voyeurisme, une invitation au public à suivre la scène qui se déroule. Étant à la même hauteur du personnage, ses sentiments sont perçus beaucoup plus facilement. Cependant, il y eut un petit débat sur le problème d’identification de l’âge, il est vrai que le visage montre bien une jeune fille, mais ses mains sont assez développées pour son âge. Diderot fait cette critique; «Mais quel âge a-t-elle donc ?… Sa tête est de quinze à seize ans, et son bras et sa main, de dix-huit à dix-neuf. C’est un défaut de cette composition qui devient d’autant plus sensible, que la tête étant appuyée contre la main, une des parties donne tout contre la mesure de l’autre. » Et il va se répondre à lui même ; «C’est, mon ami, que la tête a été prise d’après un modèle, et la main d’après un autre. ». Malgré cet intérêt porter à l’âge, il y a aussi une des caractéristiques particulières venant de Greuze qui n’échappe pas à Diderot, c’est une peinture moraliste.
C’est durant la moitié du XVIII ème siècle que la France se trouve dans une période d’excès venant des classes bourgeoises, aristocratiques et libertines. Ces actions font que le gouvernement et certains penseurs comme Denis Diderot, vont vouloir le retour à une vie vertueuse. Pour que le peuple entende cette requête, il faut que l’art puisse favoriser ce raisonnement. C’est par la création des scènes de genre et de galanterie qui prennent une grande place dans les Salons, que la morale et la vertu refont surface dans l’art. La jeune fille qui pleure son oiseau mort est un parfait exemple de ce sens moralisateur que les peintres donnent à leurs oeuvres pour faire passer le message. Comme le montre Diderot, cette oeuvre à un sens caché; « Cet enfant pleure autre chose, vous dis-je. D'abord, vous l'avez entendue, elle en convient ; et son affliction réfléchie le dit de reste. Cette douleur ! à son âge ! et pour un oiseau ! ». Effectivement, l’enfant ne pleure pas vraiment l’oiseau. C’est bien une métaphore qui symbolise en réalité la perte de la virginité de la jeune fille. Mais ce qui est intéressant c’est de voir comment le peintre le rend. Le personnage ne regarde pas le public, elle baisse la tête comme un geste honteux en se cachant légèrement le visage avec sa main. Elle-même se rend compte de sa bêtise et le fait ressentir. Diderot fait ressortir ce caractère timide et mélancolique comme quand un enfant fait une bêtise; «Vous baissez les yeux ; vous ne me répondez pas. Vos pleurs sont prêts à couler. Je ne suis pas père; je ne suis ni indiscret, ni sévère… ». Le caractère moralisateur de cette toile est donc bien accentué par la comédie jouée par l’enfant, comme si elle avait peur d’être punie. Comme si elle avait fait quelque chose de mal. Elle n’aurait apparemment pas dû se laisser séduire par le jeune homme pourtant inexistant dans le tableau de Greuze mais bien présent dans l’ekphrasis de Diderot. En se laissant séduire elle se perdit; «Quand on s'oublie soi-même, se souvient-on de son oiseau ? ». Diderot à réellement fait de cette description un poème, qui va tout le long s’attacher à décrire cette histoire.
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