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Georges Braque, Le Viaduc à l'Estaque, 1908, Mnam

Commentaire d'oeuvre : Georges Braque, Le Viaduc à l'Estaque, 1908, Mnam. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 293 Mots (6 Pages)  •  302 Vues

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Braque, Le Viaduc à L'Estaque

Commentaire d'oeuvre

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Georges Braque, Le Viaduc à l'Estaque, 1908, Mnam

        Le Viaduc à l'Estaque, huile sur toile de Georges Braque peinte en 1908, est aujourd'hui conservée au Musée National d'Art Moderne, au Centre Pompidou à Paris. Ce tableau représente un paysage de village provençal surplombé d'un viaduc et entouré de verdure, dans la région de Marseille où l'artiste a séjourné entre la fin 1906 et l'année 1907. Cette même année, Georges Braque, plutôt proche des Fauves jusqu’alors, assiste à la rétrospective Cézanne (mort l’année précédente) au Salon d’Automne, qui va s’avérer déterminante dans son évolution picturale. Sa rencontre avec Picasso à la même période vient également bouleverser son style, et il commence avec lui à poser les bases de ce qui se nommera bientôt le mouvement cubiste.

L'œuvre qui nous intéresse ici, Le Viaduc à l’Estaque, est réalisée au début de l’année 1908, peu de temps après ces deux chocs picturaux pour l’artiste. On peut ainsi se demander dans quelle mesure elle nous donne à voir le passage de l’influence de Cézanne chez Braque vers les codes du cubisme naissant : d'une part au niveau de la simplification des couleurs et des surfaces peintes, d'autre part dans la géométrisation des formes et le traitement des perspectives.

Les vues de l'Estaque par Braque sont nombreuses, et débutent environ un an et demi avant la réalisation de ce tableau. A cette période, elles sont encore marquées par les couleurs des fauves, comme dans Le Port de l’Estaque à la fin 1906, notamment par l’utilisation des contrastes simultanés caractéristiques du mouvement, et théorisés ainsi par le physicien Michel-Eugène Chevreul : le ton de deux plages de couleurs paraît plus différent lorsqu'on les observe juxtaposées que lorsqu'on les observe séparément, tels les rouge-vert et les orange-bleu qui apparaissent alors dans la peinture de l’artiste.

Dans le tableau du Viaduc de l’Estaque, on remarque que la palette chromatique de Braque s’est désormais réduite, au profit d’une gamme de tons ocres plus ou moins clairs, de verts et de bleus, dans des nuances chères à Cézanne.

Ce dernier a représenté une vingtaine d’années plus tôt des vues semblables de l’Estaque, dont Maisons à l’Estaque, en 1880. On peut noter le parallèle entre les deux toiles par l’utilisation d’une gamme chromatique approchante. Elles présentent également une similitude dans l’organisation des couleurs au sein de la composition : le ciel bleu en partie haute occupant une bande d’environ 1/5e seulement de la toile dans les deux cas, et qui est pourtant bien présente visuellement ; les à-plats de tons ocres chauds des façades des maisons (et de l’imposant viaduc pour la toile de Braque) qui attirent le regard vers l’espace situé au centre haut ; l’entourage de verdure aux tons plus froids, tirant presque sur un vert-bleu postimpressionniste.

Il est à noter toutefois que Braque, en représentant les habitations sur une plus grande partie de la toile, utilise ici massivement l’ocre, qui illumine la toile en donnant presque à ressentir au spectateur la chaleur du Midi. Les ombres de ces ocres tirent à certains endroits vers le brun ou le gris par petites touches, notamment en plein centre du tableau, sur le pignon de l’une des habitations. L’utilisation de ces teintes sera une caractéristique manifeste de la peinture cubiste.

La végétation (à l’exception de l’arbre central) semble ici jouer le rôle d’un cadre, et est par endroit à la limite de l’abstrait. Elle est principalement suggérée par le mouvement du pinceau, en touches rapides aux traits visibles, comme hachurés, technique qui peut être considérée comme commune aux esthétiques fauves et proto-cubistes. L’application de la couleur, réalisée en plus petites touches détaillées dans de précédentes vues fauves de l’Estaque par l’artiste, diffère avec le trait plus long utilisé dans cette œuvre. L’artiste nous donne ici à voir des surfaces plus grandes, traitées dans des tons certes encore modulés, mais qui montrent une évolution notable comme une introduction aux grands aplats de couleurs peu nuancés du cubisme.

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