Der Krieg, Otto Dix, témoigner de la première guerre mondiale

PROBLÉMATISATION

Dans quelle mesure, par son œuvre Otto Dix parvient-il à témoigner de l’expérience combattante de la Première Guerre mondiale et de ses effets sur les Hommes et les sociétés du premier XXe siècle ?

introduction :

En 1924, dans son portefeuille d’Estampe intitulé Der Krieg Otto Dix écrivait : "J'ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d'une manière réaliste pour qu'elle soit comprise. L'artiste travaillera pour que les autres voient comment une chose pareille a existé. J'ai avant tout représenté les suites terrifiantes de la guerre. puis un peu plus loin, “les déchirements, les blessures, la douleur."

Cette citation permet de comprendre le sens de son œuvre après avoir vécu le premier conflit mondial.

Otto Dix est un artiste allemand né en 1891 à Gera dans le centre est de l’Allemagne, issu d’un milieu populaire il reçoit rapidement une éducation artistique par sa mère puis dans des écoles d’arts Allemandes. En 1914, âgé de 23 ans il rejoint les rangs de l’armée allemande et reçoit une formation de mitrailleur avant de rejoindre le front en 1915, bénévolement. Il souhaite alors aller observer la guerre avec « objectivité » et y user de son regard d’artiste. Sur le front, Il ne cesse de croquer et d’écrire son quotidien dans des lettres qu’il envoie à l’abris. Il participe notamment à la campagne de Champagne, De la Somme et du Russie. Revenu du front, il reste selon ses termes obsédé par une chose, raconter la guerre et témoigner de son expérience, il procède à une étude de la guerre, de ses réalisations, et vise à constituer un œuvre presque scientifique comme témoignage fort et exact. Pour la connaissance générale d’abord, puis pour « se débarrasser de tout ça » ensuite.

SLIDE 3 :

De ce vécu de la guerre, et des traumatismes naissent plusieurs oeuvres majeurs de l’artiste, dont les célèbre Joueurs de Skat en 1924 ou la Tranché en 1923, mais également deux volets de l’oeuvre Der Krieg (la guerre), en 1924 pour ce qui est de sa série de gravure son expérience de la guerre et 1932 pour le célèbre retable. Nous étudierons particulièrement ce triptyque car il est pour l’artiste la finalité de sa démarche, il y aborde l’expérience combattante de la guerre des tranchées et des traumatismes liés mais également de sa vision de l’Homme, de la guerre et des sociétés post-conflits. Notons que témoigner signifie, à la fois rendre compte, être la marque d’évènements et exprimer la volonté de faire connaître par ses réalisations les sentiments qu'il nourrit à l’égard de quelque chose.

SLIDE 4 :

Ce qui nous mène à nous demander, dans quelle mesure, par son œuvre Otto Dix est-il parvenu à témoigner de l’expérience combattante de la Première Guerre mondiale mais également de ses effets sur les Hommes et les sociétés du premier XXe siècle.

SLIDE 5 :

I. Un témoignage de l’expérience combattante et civile de la Grande Guerre

Le témoignage de l’expérience combattante est un thème central de ce tempera sur bois d’environ 2 mètres sur 2, conçu entre 1924 et 1932 et qui se compose de trois panneaux qui se referment (tryptique) et d’une prédelle.

A. la vie des poilus au front

La première partie de l'expérience combattante abordée dans ce tableau est celle de la vie au front des poilus ou landser côté allemand, Dix témoigne du vécu de tout homme dans les tranchées.

Plusieurs éléments y font écho et nous éclairent quant aux conditions de vie des soldats. D’abord le prédelle, les hommes allongés sous terre peuvent avoir deux interprétation, d’un côté des tombes et la mort, de l’autre la vie dans les tranchées caractérisée par l’entassement et l’enfermement. L’inhumanité et l'insalubrité caractérisent cet espace de la toile, comme ils caractérisent les conditions de vie des poilus. On vit tapis dans les tranchés. Et puis, les pieds en l’air peuvent être interprétés de la même façon, ils évoquent les maladies et infections présentent dans les tranchés. Bien évidemment, la représentation du champ de bataille sur le panneau central permet de visualiser la vie et la réalité de la vie des combattants.

Et puis il y a le cycle de vie organisé dans ce tableau, qui fait écho au déroulement du temps long sur le front, l’organisation d’une mobilisation. Le premier panneau décrit le départ pour le front, la montée, celui du milieu le combat et ses atrocités menant potentiellement à la mort (predelle) ou pour les plus chanceux au retour et à la survie avec ce personnage que évoquerons plus tard.

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B. Illustration des destructions de guerre / les dommages matériels et civils

Le témoignage de l’expérience de la guerre de l’artiste apparaît également par l’illustration des conséquences materiels de la guerre, des destructions de guerres et des dommages matériels causés par une guerre nouvelle, mécanisée et planifiée causant des dommages comme jamais au par avant. Que ce soit avec des nouvelles armes, notamment l’artillerie de longue porté et les armes de jet qui provoquent les dégâts sur les paysages représentés ici, mais également les premières utilisation d’armes chimiques, représenté par le personnage avec un masque à gaz. Ainsi à l'arrière-plan du panneau central on aperçoit une ville en ruine, dans le chaos et les dégâts. La nature est également détruite en attestent les arbres qui semblent rester. Pour objectiver le constat de Dix, il faut noter que pendant ce conflit les dégâts matériels se concentrent sur et autour du champ de bataille, dans les pays d’Europe de l’Ouest et en Russie. Ainsi, comme l’explique Demangeon dans Le Déclin de l’Europe, il existe un « zone de mort » autour du front, a l’instar de la zone longue de 500 km mais large de 10 à 20 km dans le Nord de la France.

En plus de ce témoignage de la vie sur le front et des conséquences du conflit, Otto Dix propose un témoignage plus intense, celui de l’horreur de cette guerre et du traumatisme qui s'ensuit.

SLIDE 7

II. Un constat du traumatisme collectif lié à l’expérience de la guerre (les effets de la guerre sur les Hommes)

A. La violence et l’horreur expliquent le traumatisme

La violence et l’horreur - de la guerre- sont le sujet

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