Conservation et Restauration de Niki de Saint Phalle

Sujet : conservation-restauration

L’œuvre choisie est une fontaine, Nana montée sur un oiseau réalisée par l’artiste Niki de Saint Phalle (1930-2002). Elle se trouve dans le jardin de sculptures de La Petite Escalère à Paris depuis plus de trente ans. Elle fut créée en 1967, elle est importante dans la carrière de l’artiste car c’est une des premières de la série Nana. C’est une sculpture monumentale polychrome constituée d’un système hydraulique, elle se trouve au sein d’un bassin artificiel qui contient des écrevisses et le bassin est entouré de bambous. L’œuvre est faite de résine de polyester renforcée par des fibres de verre et des couches picturales superposées. Après 30 ans en extérieur, l’œuvre nécessitait une restauration. La structure en résine était en bon état, mais la surface montrait de nombreuses altérations. La peinture était usée et craquelée, certaines parties se soulevaient et d’autres se fissuraient. Les surfaces les plus altérées étaient exposées aux ruissellements et au soleil. Le système hydraulique a eu besoin aussi d’une restauration.

La restauration de cette œuvre de mai à aout 2017 permet de mettre en lumière les principes contemporains de la conservation-restauration issus de Cesare Brandi (1906-1988) et de Paul Philippot. Tout d’abord, une étude matérielle et culturelle préalable sur l’œuvre avant tout intervention, cette étape est fondamentale pour choisir un type de restauration et le degré de réintégration. Puis, une documentation approfondie avant, pendant et après l’intervention est nécessaire. Le troisième principe majeur est la réversibilité, pouvoir défaire ce qui a été fait, même si cela reste utopique. Il faut respecter l’intégrité des matériaux originaux et effectuer des interventions à l’aide de matériaux compatibles entre eux. Pour finir, la lisibilité est primordiale dans la conservation-restauration afin de rendre décelable les additions produites par l’intervention sans nuire à la compréhension de l’œuvre et continuer à la transmettre aux générations futures.

A présent, reportons-nous à la fontaine. Il fut proposé dans un premier temps de nettoyer l’œuvre après avoir procédé au bilan sanitaire et au constat d’état. Les salissures étaient multiples sur le rocher de la sculpture, le restaurateur les nettoient grâce à un solvant, l’éthanol et une fois décollées, la surface est terminée avec de la fibre de verre de manière à avoir une meilleure accroche pour la peinture. Ensuite, après une étude approfondie sur les aspects techniques et scientifiques des matériaux, l’équipe a cherché à se rapprocher le plus possible de la polychromie d’origine. Ils ont ensuite appliqué une couche de protection sur la surface pour protéger l’œuvre et éviter des dommages plus graves. Enfin, le système hydraulique a été rénové avec de nouveaux matériaux mieux adaptés aux conditions climatiques.

Pour conclure, la restauration réalisée est en accord avec l’authenticité et l’unité de l’œuvre selon de le point de vue de Cesare Brandi. L’œuvre restaurée est lisible et conforme à son état original, même si ce dernier demeure définitivement inaccessible.

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