Bacchus, Le Caravage
Commentaire d'oeuvre : Bacchus, Le Caravage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mélody Darves • 4 Novembre 2017 • Commentaire d'oeuvre • 1 264 Mots (6 Pages) • 1 811 Vues
Histoire des Arts
Commentaire d’œuvre
Bacchus, Le Caravage
Ce portrait, représentant le dieu romain Bacchus a été peint par Michelangelo Caravage. Les années de sa réalisation ne sont pas déterminées avec précision mais elles se situeraient entre 1596 et 1600. C’est une huile sur toile, de dimension 95 par 85 cm conservée à la Galerie des Offices à Florence.
Cette peinture a été commandée par le cardinal Francesco Maria del Monte en cadeau à Ferdinand 1er de Médicis pour les noces de son fils. Elle a été réalisée lorsque Caravage était au service du peintre maniériste italien Giuseppe Cesari à Rome pour lequel il était chargé de la réalisation de fruits et de natures mortes. Ce sont les premières années de sa reconnaissance notamment avec le Martyr de Saint-Matthieu peint entre 1599 et 1600. Nous n’avons pas d’informations quant à la réception ou à la diffusion de ce portrait antique.
Ce tableau représente le dieu du vin, de l’ivresse, des plaisirs et de la nature, c’est un sujet classique, Bacchus y est représenté avec tous ses attributs habituels. Il est couronné de feuilles de vigne et de grappes de raisin, Caravage nous présente seulement le haut de son corps à moitié découvert par un drapé à l’antique, il semble allongé et accoudé. Il tient de sa main droite une coupe de verre délicate de vin, et de sa main gauche un ruban de velours noir noué. Devant lui, une table sur laquelle : une carafe de vin et un panier de fruits dont certains sont gâtés. Il est représenté dans une position confortable, où rien ne peut lui manquer, il a le regard vide et doux. Son corps est peint de façon assez érotique surement à cause de l’influence qu’avait sur lui son mécène le cardinal qui aimait s’entourer de représentations éphèbes. Ce portrait comprend de nombreux éléments symboliques sur le jeune dieu : la végétation ; la consommation de nourriture et de boisson : les fruits comme la grenade et la figue, le vin ; la sexualité.
« Bacchus. Divinité complaisante inventée par les anciens pour excuser leur excès de boisson » Cette citation, tirée du Dictionnaire du Diable d’Ambrose Bierce représente pour moi une juste introduction des premiers éléments qui m’ont interpellée dès ma première observation du portrait. En effet, par une figure d’autorité, on place tous les penchants coupables des hommes, ce qui dans une certaine mesure peut nous conforter et nous rassurer dans l’action même de nos péchés.
Ce qui m’a saisie premièrement c’est la beauté troublante de ce jeune dieu. Caravage en appelle à tous nos sens au fur et à mesure que l’on découvre l’œuvre. Notre sensibilité est touchée par ce visage délicat qui pourtant n’est en rien l’incarnation de la sagesse ou de la tempérance. Son visage est formé d’un ovale parfait, sa peau est lisse, sans défauts, rebondie comme celle d’un enfant. Il possède de doux yeux noirs en amandes, presque ceux d’une femme, ses sourcils sont parfaitement tracés comme s’ils étaient épilés, ses lèvres sont pulpeuse et bien rougies de même que ses joues rondes. Ses cheveux sont d’un noir très sombre comme le ruban de velours, sont soyeux et en mouvement par les boucles entremêlées des branches de vigne. Son expression est mélancolique et vague, il possède un fort regard intérieur. Il se trouve à moitié allongé, son torse n’est recouvert qu’à moitié laissant une peau nue aussi imberbe que son visage, laiteuse et douce. La tentation nous viendrait de la toucher avec culpabilité. Ses bras paraissent forts et vigoureux, en tension avec son buste. Ses deux mains sont plus rosées, de la même couleur que ses joues, les traits des articulations des doigts ne sont pas appuyés, elles n’ont jamais travaillé. Les doigts de sa main gauche sont particulièrement délicats et féminins, il tient à peine sa coupe de vin. Dans son regard on peut percevoir le fait qu’il sait que nous sommes en train d’admirer sa figure et son corps. Caravage convoque ici notre regard, notre toucher rien que part la douceur de la peinture et de son rendu si lisse et réaliste.
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