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Aux origines de l'abstraction

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Par   •  4 Juin 2014  •  Commentaire de texte  •  664 Mots (3 Pages)  •  1 056 Vues

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Aux origines de l'abstraction

Synthétisant les définitions de Ragon et Seuphor, Jean-Philippe Breuille écrit : « On peut situer son origine aux environs de 1910 lorsque Vassily Kandinsky peint une aquarelle, conservée au MNAM (Paris) où toute référence au monde extérieur est délibérément supprimée[1]. »

En 1908, Wilhelm Worringer avait fait paraître à Munich un ouvrage, Abstraction et Einfühlung, où il exprimait l'inverse de ce qu'est la notion d'Einfühlung : un état d'âme dominé par l'angoisse, qui se traduit, dans le domaine de l'art, par une tendance à l'abstraction[1]. L'évolution de la peinture allemande a certes préparé l'apparition de l'art abstrait. Mais ce sont les fauves qui ont donné le ton, avec le triomphe de la couleur pure, et qui ont laissé entrevoir comment les objets perdent leur apparence réelle, ce qui allait conduire ensuite au cubisme. C'est ainsi que l'indépendance de la forme a rejoint celle de la couleur dès 1910[7].

Seul Kandinsky resta indifférent aux recherches cubistes et ne prendra pas la tête d'un mouvement abstrait, comme le firent Malévitch pour le suprématisme ou Piet Mondrian pour le néoplasticisme[7].

Développement et prolongement de l'influence abstraite

L’influence du développement de la science et de la technique propres à la peinture, sur l’évolution de l’art plastique est bien établie. De plus, l'invention puis l'évolution de la photographie au xixe siècle libère la peinture de la représentation de la réalité.

Cependant, des domaines apparemment forts éloignés de la peinture ont aussi amené des modifications dans la position des artistes.

Ainsi, dans la seconde moitié du xixe siècle, l’optique physiologique fait d’importants progrès sous l’impulsion de l’Allemand von Helmholz (1821-1894). Elle distingue deux étapes dans la vision : au niveau de l’œil, les rayons lumineux produisent une « impression » et ensuite les nerfs de la rétine les transmettent au cerveau où ils apparaissent sous forme de « sensations ».

Certains artistes sont influencés par ces nouvelles connaissances. Les « impressionnistes » avaient, eux, déjà tenté de rendre l’« impression » (la première étape) que leur faisait la nature. D’autres peintres vont reconnaître qu’il est vain d’essayer de restituer la nature sur une toile avec une objectivité totale. Car les « sensations » (la deuxième étape) viennent « perturber » le processus de création et elles apparaissent fort complexes. Elles ne sont pas un simple enregistrement passif d’informations de formes et de couleurs, mais impliquent des mécanismes neurologiques apportant d’autres résultats. Il va plus s’agir de rendre les résultats de l’introspection que de copier plus ou moins fidèlement les effets de la nature.

František Kupka (1871-1957), pionnier de l’abstraction en peinture, a rapidement saisi l’impact de cette nouvelle conception de la vision sur la finalité de l’art, jusqu’alors perçue comme une imitation de la nature. Les « sensations » du peintre s’inscrivent maintenant en priorité dans sa vision. Kupka s’intéresse à l’aspect psychophysique

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