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Atelier Camille Claudel 19 quai de Bourbon

Dissertation : Atelier Camille Claudel 19 quai de Bourbon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Octobre 2022  •  Dissertation  •  1 902 Mots (8 Pages)  •  780 Vues

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L’Atelier comme lieu de vie et de gestation d’une œuvre

Camille Claudel, artiste née en 1867, confectionne ses premières sculptures dès l’âge de 12 ans. Son talent est repéré, et elle part rapidement étudier à Paris. Les Beaux-Arts étant à l’époque une école exclusivement masculine, la jeune femme opte pour une académie privée, où elle fait sensation.

Parvenues aux oreilles d’Auguste Rodin, ses capacités intéressent ce dernier, et il prend Camille Claudel pour élève. Celle-ci ne tardera pas à devenir son amante, et tous deux s’inspirent mutuellement. Pourtant, malgré sa violente passion pour sa maîtresse, Rodin se refuse à se séparer de sa femme. Cela conduit à la rupture des deux amants, que Claudel représente dans son œuvre « Âge mur » en 1899. Il s’agit de l’objet d’une commande que lui fait l’Etat, avant de se raviser pour une raison inconnue.

Furieuse, Camille tient Rodin pour coupable de cet échec, persuadée que la réputation du sculpteur étouffe la sienne. Elle essaie de s’émanciper de l’influence, de la touche artistique dont Rodin l’avait imprégnée, mais ne connaîtra jamais la gloire de son vivant.

Camille Claudel aura possédé plusieurs ateliers au cours de sa carrière, notamment celui du 117, rue de Notre-Dame (qu’elle partagera avec d’autres jeunes sculptrices anglaises). Dans ce dossier nous nous intéresserons à la période où elle résidait dans l’Île Saint-Louis, ainsi qu’à deux de ses chefs-d’œuvre : La Vague (1903), et Vertumne et Pomone (1905).  

        En 1899, suite à la fin de sa relation avec Rodin, Camille Claudel s’installe au 19, quai de Bourbon, au rez-de-chaussée. Ainsi commence une bien sombre période de sa vie : les années de création solitaire.

L’atelier dans lequel Camille Claudel s’isolera dès 1899, connaîtra le déclin de sa propriétaire. En effet, exclue des mondanités, cette dernière ne reçoit que peu de commandes et reste convaincue que Rodin est responsable de son manque de succès.

Pourtant, il semblerait que Rodin n’ait jamais vraiment abandonné ni causé de tort à Camille Claudel : il continue discrètement de soutenir son travail et de l’aider financièrement, même après que la sculptrice ait pris son indépendance en déménageant au 19, quai de Bourbon.  

Elle a également eu quelques mécènes comme Henriette Thierry ou la comtesse Arthur de Maigret. Cette dernière lui a commandé certaines de ses sculptures et a contribué financièrement à la création de Vertumne et Pomone, en marbre blanc.

Suite à l’acquisition de ce nouvel atelier et du nouveau tournant qu’a pris sa vie, Camille Claudel se libère de l’ascendant qu’avait sur elle Rodin, auquel son nom a toujours été associé, et essaie de se démarquer de son ancien maître.

« J’ai beaucoup d’idées nouvelles qui te plairaient énormément […]. J’ai un grand plaisir à travailler […].  Tu vois que ce n’est plus du tout Rodin. », écrit-elle ainsi à son frère Paul, écrivain, en décembre 1893, peu de temps après avoir rompu tout contact avec Rodin.

Depuis 1899, Claudel est « en pleine possession de son art ». Elle expose Portrait de Monsieur le comte de M.… et Clotho, tous deux en marbre ; L'Âge mûr et Persée, tous deux en plâtre. On peut en effet constater une différence frappante dans l’objet de sa création, notamment en observant la Clotho, ou Persée, où la sculptrice représente des créatures monstrueuses. En 1894 Camille Claudel produit L’Âge mûr, message grandiose adressé à son ancien amant. On peut l’y voir se détourner d’elle à jamais, au bras de son épouse Rose Beuret. L’Etat en commande une version mais se ravise par la suite, pour des « raisons obscures ». Claudel tient Rodin pour responsable et cela augmente sa rage envers lui.

Elle participe à de nombreux salons d’exposition, comme le Salon de la Société nationale des beaux-arts, le Salon des artistes français ou le Salon d’Automne, et fait la rencontre d’Eugène Blot, qui en 1904 édite une quinzaine de ses sculptures. Il lui consacre même une exposition dans sa galerie en 1905. Malheureusement, l’artiste s’emporte brusquement le lendemain de la soirée d’inauguration, et s’éloigne de ses amis et de ses proches.

Camille Claudel est atteinte de délires chroniques paranoïaques, et est sujette à des colères démesurées, persuadée que Rodin fait obstacle à sa réussite en tant qu’artiste. Elle s’isole de plus en plus dans son atelier et entame la destruction de ses œuvres à partir de 1906, pour éviter qu’ils ne se retrouvent entre les mains de ses « ennemis », et pour évacuer sa fureur. En 1912, elle écrit à Henriette Thierry :

« J’étais dans une telle colère que j’ai pris toutes mes esquisses de cire, je les ai flanquées dans le feu […]. Un monceau de plâtras s’accumule au milieu de mon atelier, c’est un véritable sacrifice humain. »

Un an plus tard, à la demande de sa famille, Camille Claudel est internée dans un asile psychiatrique. Cela marquera la fin brutale et définitive de sa carrière.  

Il est intéressant de noter qu’ici l’Atelier du 19, quai de Bourbon ne fut pas seulement le lieu de gestation quantité de chefs-d’œuvre plus remarquables les uns que les autres, mais aussi, malheureusement, le lieu de destruction, d’un grand nombre d’entre eux, à qui leur propre créatrice a donné la mort. Il s’agit également du lieu dans lequel Camille Claudel s’est cloîtrée pendant des années et a lentement sombré dans la folie.

        En contemplant La Vague, chef-d’œuvre d’onyx et de bronze datant de 1903 et reposant de nos jours au musée Rodin, on remarque trois jeunes femmes entièrement nues, les traits effrayés, le regard levé vers une vague immense qui s’apprête à déferler sur elles. Elles sont toutes en position mi-debout, mi-accroupie, et celle du milieu tient les mains des deux autres.

Il est indispensable de remarquer les matériaux dont Camille Claudel a fait l’usage : tout d’abord, l’onyx. Grâce à l’utilisation de ce minéral précieux à la délicate teinte verte et transparente, la vague revêt une apparence légère, translucide, telle une pensée claire et fluide.

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