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Analyse We can do it ! Miller

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Par   •  14 Avril 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 421 Mots (6 Pages)  •  2 276 Vues

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We can do it ! John. Howard Miller

En 1943, les États-Unis, depuis l’attaque de Pearl Harbor, se sont pleinement engagés dans la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce conflit coûte cher en main-d’œuvre et les usines tournent à plein régime pour produire les biens nécessaires au combat. Depuis les années 30, les relations entre le patronat et les salariés, qui gardent en mémoire la crise de 1929, sont tendues. Il convient donc de remotiver les troupes et d’inciter les ouvriers à mettre toute leur bonne volonté au service de l’effort de guerre. L’entreprise Westinghouse Electric and Manufacturing Company, spécialisée dans le domaine de l’armement, fait appel à l’artiste J. Howard Miller afin de créer une campagne de communication destinée à ces travailleurs.

Ainsi Miller, un graphiste américain du XXème siècle, est devenu célèbre pour ses portraits du travail accompli par ces femmes. En effet, Miller travailla pour Westinghouse War Production en tant qu'artiste du comité de coordination. La compagnie lui demanda de créer une série d'affiches qui contribueraient à l'effort de guerre. Miller a été inspiré par le travail de l'artiste américain et réaliste Norman Norman Rockwell. De nombreuses pièces de Miller ont été produites en série et utilisées dans des usines et des villes à travers le pays. Westinghouse espérait que ses pièces empêcheraient les femmes d'exiger des salaires plus élevés au travail. Son affiche de propagande “We Can Do It!”, est l’œuvre qui lui a rapporté le plus de notoriété. En effet de nos jours, elle est considérée comme une icône de l’ensemble de mouvements et d'idées politiques, philosophiques et sociales : le féminisme. Cette affiche a en effet été détournée pour aider à l’émancipation et l’affranchissement de l’ensemble des femmes. Nous allons donc voir comment cette enseigne a pu se transformer en affiche permettant d’atteindre une forme d’émancipation féminine. Par conséquent, nous verrons le message originel de l’œuvre, à savoir son appel au travail pour les femmes. Ensuite, son succès dans le mouvement féministe et son message  détourné pour permettre une émancipation dans une société où la domination masculine est omniprésente.

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Comme dit précédemment, l’œuvre était une affiche faisait partie d’une campagne de communication dont le but était d’inciter les femmes à travailler et à remplacer les hommes partis combattre. Les affiches ont même été parrainées par le comité interne de coordination de la production de guerre de la société, l'un des centaines de comités de gestion du travail organisés sous la supervision du conseil national de la production de guerre. Nous sommes alors loin de toute visée féministe… Au contraire, certaines affiches placent clairement des hommes en situation de supériorité hiérarchique. Par exemple, une affiche toujours de J. Howard Miller, était destinée à améliorer le management en insistant sur l’importance de la communication de subordonné à supérieur, mettant en avant le gendre idéal américain dans le rôle du supérieur.

Le « We » de la célèbre affiche We can do it ! ne désigne donc pas les femmes mais bien toutes les forces de l’entreprise. Ainsi, on y voit une femme aux manches retroussées et un bandana à pois sur la tête, affichant un bras fort, musclée grâce à son dur travail fourni, « Rosie la riveteuse » encourage les femmes à adopter des métiers d’hommes pour mener le pays à la victoire. « Rosie la riveteuse » est avant tout un mythe, un personnage fictif né de cette campagne médiatique dont l’illustration de J. Howard Miller n’est que la représentation la plus connue. On appelait plus généralement « Rosies » ces travailleuses qui vont progressivement constituer une part de plus en plus grande de la force de travail américaine - soit jusqu’à 20 millions de femmes en 1944.

Célébrant le travail des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale, l'affiche aux couleurs vives montre une jeune femme de profil en tenue bleue d'ouvrière, sur un fond jaune, retroussant sa manche pour montrer la force de son biceps et proclamer "On peut le faire !". L’affiche avait été brièvement placardée dans des usines américaines en 1943 pour lutter contre l'absentéisme et décourager les appels à la grève.

Mais lorsque la guerre a pris fin, de nombreuses industries ont obligé les femmes à renoncer à leurs emplois qualifiés pour les rendre aux anciens combattant et à  revenir à une soumission féminine.

Au début des années 1980, l’affiche est ressortie des archives. L’affiche de J. Howard Miller est choisie pour figurer dans un article du Washington Post Magazine sur l’art patriotique. À partir de là, elle est très vite réappropriée par les mouvements féministes. Il faut dire que le terrain est fertile. Après d'intenses combats pour l’égalité dans les années 60 et 70, les années 80 aux États-Unis sont une ère ambivalente pour le féminisme américain. Certaines batailles comme celle pour l’avortement en 1973 ont été gagnées, mais la présidence ultra-conservatrice de Ronald Reagan, de 1981 à 1989, vient remettre en question les acquisitions et entraver le combat. À tel point qu’on parle à l’époque de « post-féminisme ». Les années 80 sont une décennie de révolte politique et de militantisme féministe, qui rend aux « Rosies » leurs lettres de noblesse en les élevant au rang d’emblèmes.

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