Synopsis 1° scène film City Lights de Chaplin
Analyse sectorielle : Synopsis 1° scène film City Lights de Chaplin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mauher • 13 Octobre 2020 • Analyse sectorielle • 2 874 Mots (12 Pages) • 804 Vues
Le film City Lights dont Charlie Chaplin est le producteur et le réalisateur est sorti en salles le 30 janvier 1931 aux Etats-Unis. Cette œuvre peut être comprise à plusieurs niveaux ce qui va la rendre universelle et assurer son triomphe mondial, bien qu’elle ait été produite en cinéma muet en pleine période du développement des productions sonorisées.
Tout d’abord, nous pouvons considérer une lecture superficielle du film en forme de cartoons comiques venant à la suite des précédentes productions de l’artiste. Car en effet, bien qu’il s’agisse d’un drame, jamais l’auteur ne sombre dans le mélodramatique et finit toujours les scènes les plus tristes par une saillie comique qui donne irrésistiblement à rire.
Toutefois au-delà de cette lecture superficielle, se profile en filigrane une succession de dénonciations cinglantes de l’Amérique des années 30. Car en effet, ces années de très grande dépression a eu sur l’Amérique et le monde entier des effets délétères, ce qu’évidemment Chaplin ne pouvait ignorer.
C’est ainsi que nous allons nous intéresser à mettre le focus sur plusieurs scènes qui sont porteuses de ce message d’une Amérique qui a sombré.
Cette vision nous pousse alors à replacer le film dans l’époque contemporaine de son tournage et non pas dans les années 20 qu’il est censé représenter. Bien entendu, il est clair que les années 20 représentées dans cette œuvre sont là en prélude à ce que vit la nation au moment du tournage c’est-à-dire la misère la plus noire que la nation ait connue. Il y a donc dans ce sens de lecture une vision binoculaire de la réalité connue des années contemporaines au tournage, à peine voilée par une vision prophétique de la nation filmée dans le cadre précurseur des années 20.
De ce raisonnement, nous pouvons alors décrypter l’origine du titre choisi évidemment par Chaplin lui-même : City Lights, ce qui apparait sur un cartoon dès le début de la projection comme l’annonce que ce qui va suivre doit servir à comprendre la réalité mortifère qui est imposée au peuple Américain et monde tout entier, par dérivée monétaire. Notons en effet qu’à l’époque, bien avant les accords de Bretton Woods, les monnaies mondiales sont toutes indexées sur l’or alors considéré comme étalon. La plus grande réserve de cette richesse se trouve en Amérique ce qui assure la toute puissance du dollar Américain, monnaie d’échange dans l’ensemble de l’économie mondiale.
Chaplin est immergé dans ce déluge destructeur au moment du tournage, et ceci, sous les aspects burlesques de toutes les scènes de City lights nous donne un fil conducteur solide pour comprendre à la fois la pensée de l’auteur par rapport aux évènements qu’il subit comme tout un chacun, mais aussi un vision réelle de l’auteur lui-même qui se révèle « off the records » comme étant un producteurs des plus minutieux mais aussi des plus autoritaires voire autocratiques qui soit, se jouant des règles établies par la profession toute entière. Cette exigence pour les autres mais aussi son souci de perfectionnisme, aura fait de ce film une véritable épreuve pour la totalité des comédiens. Il aura pris plus de 32 mois de tournage, aura été remanié de multiples fois, et certaines de ses scènes auront été filmées et refilmées jusqu’à plus de 300 fois pour satisfaire la volonté de l’auteur. La totalité de prises mises bout à bout représente 150 fois la durée de la production finale.
Synopsis de la première scène :
Dans la première scène, un plan large en contre plongé nous présente une foule nombreuse composée d’autorités militaires, d’homme et de femmes qui respirent l’opulence qui font face à un podium à l’arrière duquel se trouve sous un voile, une œuvre artistique dont un carton nous prévient qu’elle a été créée pour le peuple, à la gloire de la paix et de la prospérité : « To the people of this city we donate this monument ; ‘Peace and Prosperity’ » qui se traduit littéralement par : « Aux habitants de cette ville, nous faisons don de ce monument; 'Paix et prospérité' ».
Ce premier plan qui arrive juste après le bandeau lumineux « City lights » va sembler hors contexte du film global, mais poser les 2 problématiques :
- Chapelin, va éclairer le public en dénonçant ce qui le répulse -c’est la raison du titre en lettre lumineuses-,
- Alors que l’Amérique du réel, comme déjà dit, au moment du tournage, glorifie la paix et la prospérité, ceci 10 années après la 1° guerre mondiale – c’est-à-dire quasiment l’année du cadre du film sensé représenter les années 20 -, du plus gigantesque crack économique lui aussi mondial et tout autant dévastateur.
La critique en 2 vues seulement est acerbe.
Revenons à la scène de l’inauguration que l’on peut dès lors qualifier de totalement démagogique.
Le maire de la ville, replet et bedonnant entame un discours incompréhensible du fait du ‘faux’ muet sonorisé, mais dont on imagine la substance purement politique par la gestuelle des bras et des mains, et le ton autoritaire. Ce maire gonflé d’orgueil est une parodie à lui tout seul de l’autorité administrative de la ville tout autant que de sa justice dont il a la charge aux Etats-Unis.
Fier de son introduction il se tourne alors, pour la saluer mécaniquement, vers une femme chapeautée, qui porte un bouquet de roses. Elle va alors se lancer elle aussi dans un discours qu’on imagine facilement totalement convenu et sans aucun intérêt. C’est l’époque du paraître !
Chapeline se moque des convenances de la haute société la montrant dans son ignorance et sa bêtise. Outre le côté que l’on dénoncerait aujourd’hui de sexiste, Chapelin commence à évoquer le peuple qui dès 1920 vit et pense de façon futile et convenue.
A titre personnel, cette femme peut aussi représenter l’actrice Virginia Cherrill qui joue la jeune fille aveugle que Chapelin n’a jamais aimée ni même appréciée malgré la parfaite justesse de son jeu. Chapelin ira jusqu’à la renvoyer de son rôle pour la reprendre ensuite.
Nous noterons que du plan large présentant la foule en entier, nous somme là dans un plan strictement de face, cher à Chapelin. La femme harangue la foule sous l’œil réprobateur du maire qui après l’apparition d’un autre homme inconnu qu’elle salue, va reprendre son discours.
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