Lilith, Kiki Smith

Lilith de Kiki Smith s'accroupit et se bloque dans une position précaire de tension émotionnelle et physique. La sculpture est d’un degré de réalisme élevé (En effet, le mode de travail de Smith augmente ce naturalisme, comme elle travaille d’après modèle à l’argile et ensuite construit la forme finale en bronze).

Lilith Se déplace dans le royaume des créatures inhumaines, cependant: serrée sur le mur tête en bas, elle rappelle un chat prêt à bondir, ou un insecte ou une chauve-souris, défiant la gravité. La surface des échos du travail de la modélisation formelle renvoie au processus. Le "S" de la torsion du corps crée un mouvement curviligne du cou aux hanches, qui rappelle la fluidité d'une sculpture de la Renaissance italienne. Toutefois, la surface de la sculpture rappelle un Rodin du 19ème siècle. Il est imparfait dans la texture, la preuve de l'argile et les marques de doigts du sculpteur apparaissant.

Cette cf aux maîtres du passé est malmenée par le relation inattendue de la sculpture à son espace de présentation. La sculpture n’est pas posée au sol, encore moins sur un socle mais comme suspendue, « accrochée » au mur.

La façon dont le travail est présenté pourrait paraître précaire pour le spectateur. On imagine intuitivement la lourdeur de la sculpture, mais le travail semble s’équilibrer facilement contre la surface plane de la paroi. Le spectateur est déstabilisé par la légèreté impossible et ce trouble est renforcé par un examen plus approfondi des détails de l'œuvre. Smith a inséré des yeux de verre dans la tête de telle sorte qu’ils paraissent d’un aspect extrêmement naturel. Leur regard bleu glacial est pénétrant et crée une sorte de face à face intime avec le spectateur.

La légèreté des yeux contraste de façon spectaculaire avec l'obscurité du corps, et la vie apparente derrière leur surface est à l'opposé de l'artifice évident de la peau de papier et des contours du corps. Les yeux trop sentir comme celle d'une créature sur le point d'attaque, apparemment pris au piège dans une scission affective entre se sentir menacés et être en danger.

Le titre de l'ouvrage apporte un sens supplémentaire aux choix formels artistiques. Lilith est une figure biblique qui a longtemps été adoptée par les féministes. Dans la tradition juive, elle est la première femme d'Adam, exilé depuis le Jardin d'Eden pour son refus de se plier à la volonté d'Adam, et est finalement remplacée par Eve. Dans ce récit mythique, elle est jetée dehors, et devient un démon, apportant la mort et la maladie à ceux qu'elle rencontre dans l'histoire. La littérature féministe invoque son image en tant que femme littéralement diabolisée à cause de son refus d'être asservie. Lilith est donc à la fois sympathique et terrifiante.

Aussi et surtout, Lilith revendique le libre arbitre, l’égalité entre les sexes, autres lignes de force qui nourrissent la figure féerique.

...