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Le Cinéma De Jane Campion

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Par   •  13 Janvier 2013  •  1 872 Mots (8 Pages)  •  1 724 Vues

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Introduction

« J'ai toujours pensé que le cinéma engagé ne fonctionnait pas : ce qui m'intéresse, c'est de faire réagir les spectateurs en leur faisant partager des émotions . »

Jane Campion

Évoquer le nom de Jane Campion, c’est raviver immanquablement chez le spectateur le souvenir d’un piano échoué sur une plage. Peu de cinéphiles ont pu en effet passer à côté de l’évènement que représenta la sortie de son film phare : La Leçon de piano. Pourtant peu connaissent par ailleurs l’ensemble de son œuvre, son parcours aussi éclectique que cohérent.

Formation artistique

Pour Jane Campion, tout commence en Nouvelle-Zélande en 1954. Si son environnement familial la prédispose au théâtre (sa mère, actrice, et son père, metteur en scène, fondent sur leur terre natale la New Zeland Players Company), c’est vers l’anthropologie qu’elle se tourne dans un premier temps. Ces études universitaires qui ne la conduisent « nulle part » lui permettent toutefois de développer son sens de l’observation et son goût pour l’étude des comportements humains. Très vite néanmoins elle revient à ses premiers amours artistiques : elle étudie la peinture à Londres puis à Sydney. Si elle trouve dans cette pratique le moyen d’assouvir ses envies (« ce qui m’intéressait en effet, c’était le rapport de l’art avec la vie, comment on réagit visuellement à une expérience » ), elle diversifie aussi ses approches en écrivant et montant de petites pièces de théâtre. Comme dans ses tableaux, figuratifs et légendés, Jane Campion se plait à raconter de petites histoires. C’est donc assez naturellement qu’elle passe derrière la caméra pour filmer, en super 8, les comédiens qui jouent ses saynètes. Elle ne connaît rien au cinéma mais, très motivée, apprend sur le tas. Elle tourne ainsi deux films : Tissues, court métrage d’une vingtaine de minutes, et Eden qui reste inachevé. Si Jane Campion est contente de l’énergie qui se dégage de ces premiers essais, elle reste toutefois peu satisfaite de la qualité des plans. En 1981, elle rentre à la Australian Film and TV School et profite de ses trois années d’étude pour perfectionner sa technique notamment: « j’ai essayé dès le premier jour de réaliser autant de courts métrages que je pouvais .»

Réalisatrice tout court

A partir de là tout va très vite pour Jane Campion. Elle tourne ainsi tour à tour Mishaps of Seduction and Conquest (1981), An Exercise in Discipline – Peel (1982), Passionless Moments (1983), A Girl's Own Story (1983-84). Ces films d’études la font rapidement remarquer en Australie mais aussi à l’étranger : Peel obtient le prix du meilleur court métrage lors du Festival de Cannes en 1986. La jeune réalisatrice se démarque déjà : aux scènes spectaculaires, Jane Campion préfère les moments quotidiens qui révèlent les comportements, les détails parfois insignifiants nés de son observation. A sa sortie de l’école, elle réalise un film de commande pour la Women’s Film Unit, After Hours, mais n’assume pas l’aspect moralisateur de ce court métrage de « propagande.» Parallèlement à ses réalisations, elle continue de lire et d’écrire des scénarii. C’est la télévision qui lui permet par la suite de fourbir ses armes. Pour ABC, elle tourne un divertissement léger, Dancing Daze, qui lui donne confiance notamment pour de possibles incursions dans le cinéma commercial. Dans la foulée elle réalise Two Friends pour la même chaine. Jane Campion a alors plusieurs projets en tête (ses deux films suivants sont déjà en germe) et se sent prête à se lancer dans son premier long métrage pour le cinéma.

Dans la cour des grands

En 1989, Sweetie, « film provocateur et expérimental» selon les propres termes de la réalisatrice, est sélectionné à Cannes. Jane Campion en a écrit le scénario avec l’aide de son ami Gérard Lee. Le budget modeste lui permet d’être audacieuse, de prendre des risques notamment dans ses choix de prises de vue. Son impertinence et sa vivacité sont saluées par la critique. L’année suivante, elle réalise un projet qui lui tient particulièrement à cœur : l’adaptation de la trilogie autobiographique de la romancière néozélandaise Janet Frame. Préalablement prévu sous la forme d’un triptyque télévisuel, Un ange à ma table sort finalement au cinéma, bénéficiant de la notoriété croissante de la réalisatrice. Mais ce n’est qu’en 1993, que le nom de Jane Campion atteint une renommée mondiale avec la sortie de La Leçon de piano. Récompensé par six prix parmi les plus prestigieux (Oscars et palme d’Or), le film bénéficie d’un immense engouement populaire et critique. Après avoir été sous le feu des projecteurs, Jane Campion enchaine à son rythme les adaptations qui lui tiennent à cœur (Portrait de femme d’après Henry James en 1996, In the cut d’après Susanna Moore en 2003) et ses propres scénarii qu’elle réalise (Holy smoke en 1999, Bright star en 2009). En changeant de genre, d’époque, Jane Campion déroute les spectateurs et peine à retrouver le succès colossal de La Leçon de piano. Son dernier film à ce jour (Bright star) bénéficie cependant d’un très bon accueil. Avec sept longs métrages à son actif en vingt ans de carrière, la réalisatrice se présente comme une figure incontournable et pourtant méconnue du cinéma.

Cinéma d’auteur ?

Si une série d’ouvrages critiques sur Jane Campion ont été publiés aux Etats-Unis et ailleurs ses quinze dernières années, il n’en existe aucun à ce jour en langue française. La réalisatrice reste difficile à classer. Certains critiques tel Dana Polan insistent sur le manque de cohérence de son œuvre : « La carrière de Jane Campion n’est pas marquée par une unité de thème ou de style, mais plutôt par des changements de direction et d’éclairage . » Par contre, d’autres comme Kathleen McHugh lui reconnaissent une identité propre et

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