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J'accuse, Damien Saez

Étude de cas : J'accuse, Damien Saez. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Décembre 2018  •  Étude de cas  •  1 254 Mots (6 Pages)  •  1 012 Vues

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Ce n'est pas vraiment une étude de cas à proprement parler, mais un sujet d'invention appuyé sur l'oeuvre photographique qui constitue la jaquette de l'album "J'accuse" de Damien Saez.

Nous nous rendons, avec mon frère, dans une exposition artistique dédiée à la société de consommation. Le musée est un grand bâtiment, bien construit, et il possède une allure majestueuse. Nous entrons ensemble par la porte, marchant sur un moelleux tapis de velours rouge. Nos yeux virevoltent d'une œuvre à l'autre, émerveillés. Soudain, nos regards se fixent sur une photographie développée en très grand. Elle recouvre le pan entier d'un mur d'une pièce. Une femme, nue, dans un caddie, et son regard langoureux posé sur nous. C'est elle qui est là, nue et vulnérable, et pourtant, c'est moi qui me sens agressée dans mon intimité.

-C'est ridicule, lâcha mon frère aîné.

-Je peux savoir ce qui est ridicule selon toi ?

-Elle est censée montrer quoi, cette photo ?

-Réfléchis ! Elle est là, rendue socialement attirante, blonde, et bien formée, exactement comme une de tes stupides boîte de céréales, parfaitement designée pour plaire ! Posée dans un caddie comme un objet, le message c'est qu'il faudrait peut-être arrêter de « consommer » des gens !

-Oh, tout de suite les grands mots... Vous consommer... Socialement présentable... Personne ne vous force à être belles, à nous plaire ! (15)

Mes yeux se plissent, et mes lèvres s'étirent dans un sourire mielleux.

-Ben, c'est vrai qu'on a énormément de choix dis-donc ! La société nous le répète toujours, « Si t'es moche tu n'ira nulle part » « Si tu as des kilos en trop, personne ne t'aimera » « Si tu ne donne pas ton corps, tu es frigide » « Si tu es frigide, tu finiras seule ».

Son regard se pose sur moi, il s'approche d'un pas.

-Tu n'es pas un objet, petite sœur !

-Eh ben je n'en suis pas si sûre. Un objet de consommation, un objet qui consomme. Parce que partout, tu vois des promotions pour tel ou tel produit qui te rendra belle, alors tu achètes, parce que c'est rentré comme un message subliminal dans ta tête, parce que tu supportes pas le jugement des autres.

-En quoi c'est de la faute de la société de consommation, ça ?

-Avec tous les magazines, ces femmes magnifiques qu'on banalise, comme si leur ressembler était à la portée de tous, comme si leur beauté était la seule forme acceptable ! Consomme, consomme, petit mouton, et un jour, tu seras jolie, ce jour peut-être, tu seras aimée !

-Tu sais très bien qu'il n'y a pas que le physique qui compte !

Sa main attrape la mienne, et la serre fort. Nous ne sommes pas d'accord, mais c'est sa façon de me prouver que je vaux quelque chose. Stupide garçon ! Tu ne comprends donc pas que le physique est le seul argument qui ait un tant soit peu de valeur dans notre monde ?

-Tu es un être humain, reprend-t-il. Pas un objet, pas un mouton. Tu es un être humain, belle dedans et dehors. Et puis tu sais, avec la montée du féminisme, de plus en plus de gens vous mettent à la même valeur que nous.

-Je ne parle pas des femmes. Enfin pas seulement ! Je parle aussi des hommes, des gens en général, des animaux... On peut tout acheter, notre argent finit par définir qui on est ! Les vrais riches, ceux qui ont une limousine et des majordomes, ou alors les petits bourgeois, avec leur couverts en argent ? Après, y'a aussi les pauvres, ceux que tous les autres regardent de haut, avec leur pitié malsaine.

Nos éclats de voix ont fini par attirer une foule de monde qui murmure son assentiment à ma dernière remarque. Mon frère me dit que j'exagère, que la société de consommation ce n'est pas un crime, et puis qu'il sache, on a rien trouvé de mieux pour l'instant. J'ai envie d'exploser.

-On ne trouve rien de mieux parce qu'on ne cherche même plus ! Inconsciemment, on a intégré que surconsommer, c'est socialement bien, qu'il faut le faire,

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