Représentation de la déesse Kali
Commentaire d'oeuvre : Représentation de la déesse Kali. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar baro93 • 13 Décembre 2014 • Commentaire d'oeuvre • 2 695 Mots (11 Pages) • 820 Vues
Dans les premiers âges du monde, un démon gigantesque infestait la terre, détruisant la communauté ârya (noble en sanskrit, selon le Manusmriti, ce sont les hommes nés du Purusha, le Mâle cosmique) au fur et à mesure de sa création. Kâlî décida alors de le tuer pour sauver la communauté ârya de l’anéantissement. Elle se munit d'une immense épée, se rendit au devant du monstre et le découpa en morceaux. Mais aussitôt que le sang touchait le sol, de chaque goutte naissait un nouveau démon, aussi terrible que le premier. Tandis que la transpiration coulait sur son corps, elle réalisa que tous ses efforts étaient vains et qu’elle serait bientôt trop faible pour abattre les hordes qui se levaient à la suite de chaque coup d'épée.
Elle réfléchit alors à une autre méthode pour exterminer le démon, puis avec sa sueur mélangée à la terre, elle fabriqua deux hommes qu’elle chargea de la sainte tâche de délivrer la terre des monstres. À chacun des hommes, elle donna un morceau de son vêtement puis leur enseigna comment tuer sans effusion de sang. Grâce à l’action des thugs fondateurs, devenus des étrangleurs experts, la terre fut bientôt délivrée de la race des démons (c'est-à-dire les dasyu, les hommes qui ne sont pas issus de l'Homme cosmique).
La secte
Représentation de la déesse Kâlî
Les thugs formaient une confrérie bien organisée d’assassins professionnels, qui, par groupes de 10 à 40, plus rarement 200 personnes, parcouraient l’Inde sous le costume d'honnêtes voyageurs et obtenaient la confiance des voyageurs des classes les plus aisées. Ils s’interdisaient de sacrifier certains de leurs contemporains dont le meurtre ne satisfaisait pas Kâlî. Parmi ceux-ci, on trouvait les femmes, les blessés, infirmes ou lépreux, les artistes tels que les danseurs, les poètes ou les musiciens, les saints hommes itinérants comme les sadhus ou les fakirs (leur équivalent musulman) et les pauvres gens, souvent de basse caste, comme les blanchisseurs, les balayeurs, les forgerons, les charpentiers et les presseurs d’huile. Les Sikhs étaient aussi, semble-t-il, tabous. Les enfants présents dans les caravanes attaquées devaient être adoptés par les Thugs et intégrés dans leur secte.
Les croyances des Thugs étaient un étrange mélange, mais ce ne fut pas le seul en Inde, et ils se recrutaient parmi les croyants des deux religions, hindous et bouddhistes. Cependant, ils rendaient un culte fervent et sans influence islamique à Kâlî. L'assassinat en vue d’un profit était, pour eux, un devoir religieux et était considéré comme une profession sainte et honorable, dans laquelle aucune considération morale n’entrait en jeu alors qu'ils utilisaient leur culte pour en fait attaquer l'impérialisme anglais d'une façon culturelle alors que la plupart n'en avait cure et n'utilisait ceci que dans un but financier.
La fraternité des Thugs utilisait une sorte d’argot appelé Râmasî ainsi qu’un ensemble de signes par lesquels ses membres se reconnaissaient, même s’ils étaient originaires de régions très distantes de l'Inde. Ceux dont l'âge ou les infirmités ne permettaient plus de prendre une partie active dans le meurtre rituel continuaient à participer comme observateurs ou espions. Cependant, du fait de leur organisation élaborée, du secret entretenu et de la sécurité assurée autour de leurs opérations et du prétexte religieux dans lequel ils enveloppaient leurs exactions, ils n’étaient pas identifiés comme des criminels et continuèrent durant des siècles à pratiquer leur métier d’assassins, sans susciter d'enquêtes de la part des râjas ou des nawâbs.
Hiérarchie
Éclaireur - Bykureeas
Ensevelisseur - Lughas, procédant à l'aide d'un outil rappelant l'herminette nommé kussee. Ils ensevelissaient leurs victimes dépecées et éviscérées afin que leur chair se décompose plus rapidement et ne puisse attirer les charognards.
Mainteneurs de membres - Shumseeas, chargés de comprimer les bras ou les jambes de la victime ou de lui porter le coup pour neutraliser sa défense.
Étrangleurs - Bhurtote1.
Les Thugs à l'œuvre
La volonté de la déesse leur était communiquée par un système très complexe de présages. Pour obéir à ceux-ci, ils étaient souvent amenés à voyager des centaines de kilomètres pour rejoindre leur victime ou, en sa compagnie, à la recherche d’un endroit propice à son exécution. La tâche accomplie, des rites étaient exécutés en l’honneur de la déesse, et une partie importante du profit tiré des assassinats lui était destinée.
Thugs et prisonnier,vu par l'« Illustrated London news », en 1857
Quand une occasion favorable se présentait, le Thug étranglait sa victime au moyen d’une corde ou du roumal, une sorte de mouchoir, la pillait et l’enterrait pour dissimuler le corps. L'assassinat se pratiquait après l'exécution des rites religieux anciens, particuliers à la secte. Les grandes troupes se divisaient en groupes plus petits qui empruntaient des routes différentes mais se donnaient rendez-vous pour partager le butin. Ils ne se cantonnaient pas aux voyageurs isolés, n’hésitant pas à piller des caravanes d’une cinquantaine de personnes, ne laissant personne en réchapper. Les Thugs, à l’image de la société indienne partagée en varna, étaient spécialisés dans certaines tâches, aussi certains d’entre eux préparaient souvent les tombes à l'avance sur la route des caravanes pour que l’action soit la plus brève possible.
Groupe de thugs
Le capitaine William James Sleeman, un officier anglais fortement impliqué dans la lutte contre les Thugs fit ainsi état d’un groupe de 52 hommes et 7 femmes simultanément étranglés et jetés dans des tombes préparées pour eux le matin même. Certains de ces voyageurs étaient à cheval et bien armés, mais les Thugs, qui semblaient avoir été plus de deux cents, s'étaient prémunis contre tout risque d’échec.
Sleeman rend compte de certaines discussions entre Thugs prisonniers qui attribuaient leur infortune d’être capturés à une punition de Kâlî pour la dégénérescence de leurs pratiques, en particulier le meurtre d’estropiés, de femmes ou d’enfants.
Selon le livre Guinness des records, les Thugs auraient été
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