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L’œuvre en prose de Baudelaire

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Par   •  22 Avril 2020  •  Analyse sectorielle  •  9 452 Mots (38 Pages)  •  913 Vues

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Envoyé par Agnès.

BAUDELAIRE

PETITS POEMES EN PROSE

L’œuvre en prose de Baudelaire

Le projet des Petits Poèmes en Prose (PPP) naît à partir de 1857, année de publication des Fleurs du Mal (FM). Il avait cpdt déjà donné des textes en prose, dont des traductions de nouvelles d’Edgar Poe mais aussi :

  • La Fanfarlo, 1849. Etonnante nouvelle qui retrace l’histoire d’un jeune homme de lettres parisien (Samuel Cramer) amoureux d’une danseuse. Il s’agir d’un portrait cruel et ironique dans la lignée des portraits d’Hoffmann
  • Les Paradis artificiels, 1860

L’ironie est une des principales caractéristiques des PPP. On retrouve également dans

La Fanfarlo un certain artificialisme, une volonté de s’illusionner. C’est un trait majeur de l’esthétique de Baudelaire. Ainsi dans La Fanfarlo Samuel Cramer a-t-il réussi la conquête de la danseuse mais c’est en fait la Colombine qu’il veut, càd le rôle qu’elle joue. Jeune, Baudelaire raille le recueil de son héros et le romantisme noir. Le narrateur ironise sur l’artificialisme de son héros qui aimera tjs  le rouge et les oripeaux de ttes sortes. L’auteur reprend cpdt cet artificialisme à son compte dans un essai sur Constantin Guys, Le peintre de la vie moderne (ch. XI, « Eloge du maquillage ») : après un réquisitoire violent contre le naturalisme du XVIIIme, il fait l’éloge paradoxal de la mode et du maquillage : « Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive » (Noir = fenêtre sur l’âme ; rouge = augmentation de l’éclat de la prunelle). Dans les PPP on trouve svt des variations sur le rouge et le noir.

        L’influence d’Edgar Poe

        Baudelaire paraît découvrir son œuvre en 1847. Il cherche une autre voie que les vers et fait donc l’éloge d’un genre narratif : il forme alors le projet d’un recueil de textes en prose, + modeste que celui qui a guidé la composition des Fleurs du mal . Il ne s’agit pas pour autant d’un déclin : le genre narratif met à sa disposition une multitude de ton que répudie la poésie qui vise à la beauté pure et ne peut admettre de dissonances. La modestie du projet ne doit pas dissimuler l’ambition d’ouvrir une perspective nouvelle dans la littérature. La supériorité par rapport au poème versifié réside dans la rigueur du raisonnement. Baudelaire imitera également la froideur argumentative de Poe dans « Le mauvais vitrier » par exple : il pastiche le ton d’un conférencier savant. Cette logique sera souvent au service d’un humour noir (cf. « Assommons les pauvres » où la violence la plus concrète intervient en application d’une théorie abstraite.)

        Dans Notes nouvelles sur Edgar Poe, il voit dans la nouvelle des procédés logiques à exploiter et des ressources différentes : plaisir de la variété, du caprice, de la bigarrure. Variété que l’on retrouve dans les PPP. « La corde, Le vitrier » sont comme des petites nouvelles : le récit est dépouillé, empli de la plus dure pitié (annonce d’ailleurs les nouvelles de Maupassant comme la Ficelle ou le Port).

        

        L’éclatement des genres dans les Petits Poèmes en Prose

        La nouvelle est un des aspects des PPP mais n’est pas une contrainte. Certains récits en effet ont une tendance symbolique, mythique qui évoquerait le conte (cf. « Une mort héroïque, Le joueur généreux, Les dons des fées »). « Chacune sa chimère » tend vers l’allégorie tandis que « Le thyrse » est symbolique de l’esthétique de Baudelaire.

        Renonce-t-il pour autant à une poésie pure ? Non, certains poèmes en prose reprennent des poèmes des FM, cf. « L’invitation au voyage », qui reprend jusqu’au titre. Le poème en prose tend parfois au poème tout court avec souci du rythme et figures qui affichent une coloration poétique. C’est parfois le caractère discursif qui domine. Parfois encore le genre varie à l’intérieur même du poème, cf. « Le crépuscule du soir » : il s’ouvre sur une réflexion clinique et détachée puis aveux et explosion lyrique.

        Une multitude de tons sont à la disposition de Baudelaire, décelés dans la nouvelle, on les retrouve dans les PPP. Il cultive les dissonances et renonce en apparence à l’idée de beauté pure qui guidait les FM : il y a un véritable désir d’en finir avec une beauté marmoréenne . Néanmoins, on trouvait déjà dans les FM des prosaïsmes, des boitillements, des notes de sarcasmes. De même dans les PPP on trouve plus d’un joyau de beauté pure.

        L’expression « poème en prose » paraît aller de soi aujourd’hui mais il ne faut pas oublier qu’elle semblait oxymorique quand Baudelaire s’en est servi.

        Genèse de l’œuvre

        Baudelaire avait préparé l’œuvre à venir dès 1857. Il publie en 1853 dans Le monde littéraire « Le joujou ». En 1855, il publie « Le crépuscule du soir, La solitude ». Mais c’est après la parution des FM qu’il décide de mener à bien son projet : une suite de poèmes en prose. Ils paraissent parfois dans des journaux mais se soldent souvent par des échecs voire des refus. Il accepte qu’on illustre son œuvre.

        Tout en condamnant certains aspects du romantisme, il s’en réclame néanmoins (cf. admiration pour Gaspard de la nuit, d’Aloysius Bertrand). Son éditeur Arsène Houssaye accepte de le publier mais attend la fin de la livraison, été 1862 seulement. Baudelaire progresse lentement et la publication n’aura lieu dans La Presse qu’à la fin de l’été 1862. Pourquoi ralentissement de son travail ? Baudelaire se trouve dans un marasme physique et moral et début 1862, il a été victime d’une commotion cérébrale. La publication va donc s’échelonner sur plusieurs années. Son travail douloureux  alterne avec des périodes de désespoir intense (// avec Flaubert ? ou crise de génération : les poètes ne font plus confiance à leur génie ?).Il se rend en Belgique mais n’y trouve pas l’atmosphère qu’il espérait pour son travail. Il remanie son œuvre constamment mais épuisé, il n’apporte plus que qques retouches. Victimes de troubles cérébraux, d’un choc hémiplégique : il meurt le 31 août 1867. Les publications de poèmes continuent après sa mort et c’est seulement en 1869 que les PPP sont publiés dans leur intégralité. Avec Les paradis artificiels, ils forment le Tome IV des Œuvres complètes.

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