Interview avec Emmanuel Lepage
Mémoire : Interview avec Emmanuel Lepage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar peiyao • 3 Septembre 2013 • 1 546 Mots (7 Pages) • 1 377 Vues
Auteur français de bandes dessinées spécialisé dans le style réaliste, Emmanuelle Lepage a participé à la 20e édition du Salon International du Livre de Beijing avec la version chinoise de son ouvrage « Muchacho » et a bien voulu accorder une interview exclusive au Quotidien du Peuple en ligne.
Pour de nombreux Chinois, la connaissance de la bande dessinée européenne se limite aux « Aventures de Tintin », aux « Schtroumpfs » et autres œuvres populaires, mais beaucoup d'entre eux pensent que les bandes dessinées sont des livres pour enfants. Pourtant, en fait, la bande dessinée européenne, qui a une histoire comparativement plus longue que son homologue chinoise, non seulement possède des styles variés et une riche imagination, mais elle se distingue aussi par une technique délicate et une personnalité affirmée, qui font qu'elle est aussi appréciée par beaucoup d'adultes. En Europe, la bande dessinée française a une importance toute particulière, puisque le premier magazine de bande dessinée du monde est né en 1830 en France. En tant que représentant de la bande dessinée française de style réaliste, Emmanuel Lepage a su, avec son style et ses magnifiques couleurs en aquarelle, acquérir une réputation certaine dans le monde de la bande dessinée en France. Il excelle dans l'exploration du monde intérieur et de la culture de la vie quotidienne de personnes éloignées de nous, partant à la recherche, dans son voyage au cœur du temps, de la vraie liberté et de la véritable démocratie qui se cachent dans la société humaine.
Vous êtes auteur de plus d'une vingtaine d'œuvres. Pourquoi avez-vous choisi « Muchacho » pour frapper à la porte du marché chinois ?
Emmanuel Lepage : Pour dire les choses franchement, « Muchacho » est, parmi mes ouvrages, celui qui a connu le plus grand succès en France. Et c'est aussi un de ceux que je préfère. Le contenu de « Muchacho » et de « La terre sans mal », un autre de mes albums, a été nourri de mes premières expériences de travail. Il y a environ vingt-cinq ans, j'étais à Paris dans un centre d'aide aux réfugiés, où il y avait de nombreux réfugiés en provenance d'Amérique du Sud ; ces gens utilisaient souvent leur style narratif unique pour me raconter l'histoire des révolutions qui étaient survenues dans leurs pays. Plongé dans ces histoires, j'ai fini, il y a une douzaine d'années, par faire, pendant neuf mois, mon premier voyage en Amérique du Sud, et j'y suis retourné ensuite à de nombreuses reprises, pour diverses raisons. Une des principales raisons est que l'histoire de « Muchacho », qui a connu le succès, se déroule au Nicaragua, mais aussi que c'est la seule bande dessinée européenne qui évoque cet endroit. Le Gouvernement nicaraguayen a très bien accueilli la publication de l'ouvrage ; selon lui, « Muchacho » pourrait même être utilisé comme outil pédagogique pour les enfants du Nicaragua en histoire, je pense personnellement que c'est le meilleur cadeau qu'on pouvait me faire. C'est ce qui fait que ce livre est, dans l'ensemble des œuvres, celui qui me représente le mieux.
Comment recommanderiez-vous « Muchacho » aux lecteurs chinois ?
Emmanuel Lepage : Je crois que les amateurs chinois de bande dessinée vont aimer cette œuvre, parce qu'elle offre à tout le monde l'occasion de connaître un monde qui ne leur est peut-être pas familier. Ma présence en Chine est destinée à lui faire le maximum de publicité, je vais essayer, lors de sa présentation, d'en évoquer le contenu, et de parler à tout le monde de son contexte historique. Deuxièmement, je vais présenter mon œuvre à M. Wang Ning, courtier en bandes dessinées chez Vision Culture Communication Co., Ltd, espérant que cela permettra d'ouvrir le marché chinois aux bandes dessinées européennes. Comme beaucoup d'Européens, les lecteurs chinois vont penser que les bandes dessinées ne sont que pour les enfants, mais en fait, si vous regardez « Muchacho », cet ouvrage parle de révolution, de religion, d'homosexualité, d'art, etc ; il est évidemment destiné aux adultes.
Il se dit que une autre de vos œuvres les plus populaires, « Un Printemps à Tchernobyl » va bientôt être présenté aux lecteurs chinois. Dans votre livre, vous écrivez à la première personne : « Je suis mal à l'aise, car je ne sais pas si le mot ‘beau' est adéquat pour décrire Tchernobyl ». Ressentez-vous encore ce sentiment de malaise aujourd'hui ?
Emmanuel Lepage : Je suis parti à Tchernobyl avec mon impression subjective de cet endroit, parce que, quoi qu'on en dise, il s'est produit un accident nucléaire très grave il y a quelques décennies ici, et près d'un million de personnes ont été touchées. Avant mon départ, la catastrophe de Tchernobyl n'était pour moi que l'endroit où le plus grand désastre technologique et scientifique
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