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Du monde de la rue au monde de l'art

TD : Du monde de la rue au monde de l'art. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Octobre 2022  •  TD  •  2 126 Mots (9 Pages)  •  305 Vues

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Nom : Charles
Prénom : Fabian
Cursus : Bi-licence philosophie et sociologie
Date : 7 Mai 2015
Statut : Etudiant étranger

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Du monde de la rue au monde de l’art, il s’agit d’une trajectoire particulière qu’ont connue certains tagueurs de New York vers la fin des années 70. Cela a été autant une traversée voulue et provoquée qu’un heureux hasard. Dans tous les cas, vue d’abord comme une saleté ajouté aux murs de la ville, ces dessins effectués de manière délibérés vont être au fur et à mesure interprétés comme étant des œuvres d’art et leur producteur seront considérés comme étant des artistes.

Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Voici une question à laquelle on a donné pas mal de réponses et en même temps à laquelle on ne peut pas répondre définitivement. Les tagueurs de New York dans les années 70 et 80 ont tenté d’y apporter leur réponse. Ce qu’on a appelé par la suite en anglais Street Art ou en français art de la rue, se veut être une nouvelle catégorie esthétique dans laquelle on puisse classer ces œuvres. Toutefois, on pourrait se demander à l’aide de quels concepts philosophiques, on a pu justifier cet art de la rue comme faisant partie des œuvres d’art.

On peut constater qu’en fait, légalement, dans la plupart des pays nord-occidentaux, dont les Etats-Unis et la ville de New York dont nous allons parler, faire des graffitis directement sur les murs de la ville est encore interdit. On risque de payer une amende si on nous surprend en flagrant délit d’atteinte aux biens publics. Cela n’empêche pas néanmoins que les graffitis remplissent les murs de ces villes où il est encore interdit. Mais ce qui demeure étrangement malgré que l’art de la rue soit valorisé, est la séparation de légitimité entre ce qui se fait encore de la rue avec ce qui entre au musée même s’il se faisait avant dans la rue. C’est-à-dire que l’art de la rue entré dans le musée est toujours considéré supérieur à l’art de la rue qui reste dans la rue.

Ce qui nous intéresse ici, c’est de traiter non seulement de l’art de la rue demeuré dans la rue mais aussi de l’art de la rue entré dans le musée. Ou plus particulièrement le passage de l’art demeuré dans la rue à l’art de la rue au musée. Nous allons ainsi voir qu’il y a un autre discours possible, qui permet de traiter du Street Art pris indépendamment du musée, de manière esthétique. C’est ce que nous permet René Ricard dans le principal texte sur lequel nous allons nous pencher qui est intitulé The Radiant Child.  

Alors, nous allons chercher tout au long de notre dissertation, de quels concepts philosophiques René Ricard se sert-il lorsqu’il parle de Street Art et plus spécifiquement de l’art de Jean Michel Basquiat ? Pour cela, nous allons d’abord nous demander ce que signifie affirmer leur identité pour ces artistes ?  Puis, ce qu’est une œuvre d’art et est ce qu’on peut classer l’art de la rue dans cette catégorie ? Et pour finir nous allons commenter l’œuvre de Basquiat en nous servant des concepts proposés par René Ricard1.

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Le graffiti dès son origine refuse ainsi entièrement l’anonymat en art. Seul ce qui compte dans l’œuvre produite par l’artiste est son nom. Taki 183, le premier tagueur, ne fait que signer son surnom sur les murs de la ville et le numéro de sa rue vers la fin des années 60. Les graffitis pleins de couleurs et de décorations tels qu’on les connait aujourd’hui, viendront après. Il y a toute une lutte sur les murs de la ville entre tagueurs pour voir quel est celui qui réussira le mieux à imposer son nom sur celui des autres. On a donc ici affaire à un processus d’individuation chez l’artiste, Carl Gustav Jung traite de ce principe qui est celui par lequel un individu se crée et se distingue. Nous voyons donc que dans le graffiti le nom de l’artiste et son œuvre se confondent.

Vers la fin des années 70, après ces premiers graffitis inaugurés par Taki, il va y avoir une série de graffitis plus illustrés avec notamment le symbole de la couronne. Le dessin de la petite couronne, représente-il encore ce principe d’individuation présent chez ces artistes ? En fait, cette couronne est à la fois une marque de distinction entre les artistes mais aussi une expression de la génération, « tout le monde à sa couronne » nous signale Basquiat. Néanmoins, ce qu’elle veut dire c’est que chacun à sa manière, en produisant son œuvre sur les murs de la ville en devient roi en quelque sorte, s’approprie la ville. Quand on demande à Basquiat de quoi traite son art, il répond « la royauté, l’héroïsme et la rue ». Ainsi, cette deuxième génération d’artiste ajoutait, en plus de la simple signature, le symbole de la couronne, qui était comme le nom, l’expression de chacun à sa manière et que chacun cherche à imposer de manière propre.  

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Pile of crowns for Jean Michel Basquiat, par Keith Haring

Qu’est-ce que l’art ? René Ricard se pose la question de cette façon : « Qu’est-ce que l’art de toute façon pour qu’on lui donne autant d’importance ? ». La réponse qu’y apporte Ricard c’est que l’art c’est la capacité de rendre esthétique ce qui est socialement délaissé. En effet, selon lui, l’art c’est cette possibilité de trouver de la beauté dans des choses insignifiantes ou des choses dont on n’espérait pas qu’elles puissent être belles. Il prend l’exemple d’un dessin fait par un prisonnier ou des gens se trouvant dans des conditions difficiles. Cette conception de l’art comme ce qui est capable de nous aider à sortir de conditions difficiles est une conception sociale de l’art. Elle n’est néanmoins pas loin de la conception de Duchamp de l’œuvre d’art tel qu’il nous l’a montré à travers L’urinoir, c’est-à-dire que l’art est capable de transformer un urinoir en objet esthétique. Mais elle est loin par contre de celle de Théophile Gautier qui pensait qu’il n’y avait rien d’esthétique dans les latrines et alors que c’est l’endroit le plus utile d’une maison. Ce qui fait que cela devient une œuvre d’art, repose dans le regard du spectateur, « because it looks like art ».

Toutefois, il ne suffit pas du regard du spectateur pour déterminer une œuvre d’art, car ceux qui regardent l’œuvre peuvent considérer qu’elle n’a pas de valeur, alors qu’elle en a, mais qu’on ne l’aperçoit pas sur le moment. L’auteur se pose ici la question de comment reconnaitre un artiste ? Il prend pour exemple Van Gogh qui a passé sa vie de manière solitaire et délaissé par le milieu artistique alors que son œuvre a pris tant d’importance après sa mort. C’est que l’auteur appelle « le bateau de Van Gogh », pour ne pas rater ce bateau, il faudrait pouvoir reconnaitre l’artiste de son vivant. Selon lui, cela peut se faire en reconnaissant la présence d’une certaine histoire de l’art dans le tableau qu’il a pu reconnaitre chez Jean Michel Basquiat et correspond au sentiment de se trouver devant une œuvre et d’être frappé par sa grandeur, un certain sentiment du sublime comme nous dirait Burke.

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