Canaletto, La place Saint-Marc vers la basilique
Fiche : Canaletto, La place Saint-Marc vers la basilique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar luluhbt8 • 30 Mars 2017 • Fiche • 1 882 Mots (8 Pages) • 1 387 Vues
Histoire de l'art moderne
Le paysage au XVIIIe siècle
Canaletto
La place Saint-Marc vers la basilique
(vers 1730)
Peint par Canaletto, ce tableau s'inscrit dans un mouvement que l'on appelle le védutisme qui s'attache à reproduire des vues réalistes urbaines. Le peintre va en être le plus fameux représentant et va contribuer à l'évolution du courant tout au long du XVIIIe.
Giovanni Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768)
Sa carrière débutera aux côtés de son père, Bernado Canal, décorateur de théâtre à Venise. Celui-ci l'initie très rapidement à ce métier en le faisant travailler à la réalisation, l'agencement et la mise en perspective des décors. Il en héritera la passion de la mise en scène architecturale qui le guidera tout au long de sa carrière. En 1719, il fait un premier séjour à Rome. Ce séjour marque une étape décisive dans le début de sa carrière puisque c'est à Rome que le jeune homme découvre les travaux du peintre Giovanni Paolo Pannini et celui du hollandais, Gaspar Van Wittel. Leurs œuvres vont éveiller sa vocation de peintre védutiste. Revenu à Venise en 1720, il se consacre à la peinture des vues de Venise en imitant ses précurseurs Marco Ricci et de Luca Carlevarijs. Canaletto connaît vite une reconnaissance européenne, notamment en Angleterre grâce à l'impulsion de Joseph Smith, établi à Venise. Ce riche marchand anglais et collectionneur averti va être à l'origine d'innombrables commandes de vedute et va assurer la promotion de l'artiste auprès de ses amis anglais. En mai 1746, Canaletto quitte Venise pour Londres - la guerre de succession d’Autriche qui s'annonce a sûrement joué un rôle dans son départ. À l'exception de quelques séjours de courte durée dans sa ville natale entre 1750 et 1753, il restera en Angleterre jusqu’en 1755. Ses vedute de la capitale anglaise connaîtront un vif succès, notamment ses vues de la Tamise. Cette année là, le peintre rentre définitivement à Venise. C'est en 1763 que le directeur de l'Académie des Beaux-Arts, Giambattista Tiepolo, le nomme à la chaire de Perspective. Pour témoigner sa reconnaissance, il offrit à l’institution un imposant tableau : Caprice architectural avec colonnade.
L'art de la veduta
Le tableau s'inscrit dans un mouvement que l'on appelle le « védustime ». Le terme vient de l’italien «vedute» qui signifie littéralement « vues ». La vue est une représentation fidèle d'un paysage authentique et plus particulièrement du paysage urbain. Le mouvement s'est amorcé à Rome vers la fin du XVIIe siècle, avant de triompher à Venise. C'est Gaspar van Wittel, paysagiste hollandais, installé à Rome, qui est considéré comme l'un des précurseurs du védutisme, notamment avec ses vues de Rome. Ce n'est qu'au début du XVIIIe que le genre connut du succès à Venise grâce au travail de Luca Carlevarijs, considéré comme le père du védutisme à Venise. Il est le peintre d’une Venise festive, rythmée par l’accueil grandiose des ambassadeurs étrangers arrivant au Palais des Doges. C'est deux hommes vont fortement influencer le travail du jeune Canaletto qui s'en inspirera.
La veduta se veut être un paysage historiquement objectif, décrit avec précision et reconnaissable[1]. Le peintre cherche à représenter le plus fidèlement possible ce qui s'offre à lui, ainsi la perception optique de la réalité tient un rôle central. L'art de la veduta se distingue particulièrement d'un courant en vogue à l'époque en Europe, celui de représenter une nature idéalisée et recréée par l'esprit du peintre. Ici, le peintre peint d'après-nature, il réalise des dessins préparatoires qui vont lui servir de matériel pour réaliser ses vues peintes. Théophile Gautier conseillait en 1882: "Si vous n'êtes pas allé à Venise, arrêtez-vous [au Louvre] devant la toile de Canaletto représentant la Basilique della Salute à l'entrée du Grand Canal, le voyage sera fait. La réalité ne vous en apprendrait pas davantage, toute l'illusion est complète".[2] Le souci du détail est quasi obsessionnel chez Canaletto. En outre, la veduta se caractérise aussi par la maîtrise de la perspective. D'ailleurs la scénographie, à laquelle Canaletto a été formée, influencera la réalisation des vedute dans le sens où la scénographie cherche à donner l'illusion du réel en jouant sur la perspective et en composant avec les volumes, l'espace et les couleurs.
Le védutisme séduisaient surtout les acteurs d'un tourisme pédagogique qui était alors en vogue dans les rangs de l'Europe aisée : ceux, autrement dit, qui accomplissaient leur « Grand Tour » italien en se rendant Rome, Naples, Venise. La cité des Doges, en effet, était l'une des destinations phare au XVIIIe siècle en Italie, on y venait pour le théâtre, le carnaval, les festivals ainsi que pour son architecture et sa spécificité, ses canaux. Ainsi Canaletto fournissaient sur place des images à rapporter chez soi aux voyageurs de passage. Plus
populaires qu'historique, ces tableaux attiraient la sympathie des voyageurs, pour qui ils évoquaient des souvenirs de leur visite.
Le style de Canaletto
Canaletto utilisait, pour réaliser ses vues topographiques, un instrument appelé la chambre noire qu'il installait face à son modèle pour en saisir les perspectives. L'instrument lui permettait de reproduire un paysage dans le détail et avec précision, tout en facilitant la construction architecturale. Cela se traduit bien dans le tableau que nous étudions. La composition est minutieusement étudiée, les lignes horizontales renforcent la profondeur du tableau et approfondit la surface de l'image. Ici le champs visuel est élargit, le cadrage est très ouvert de manière à regrouper les différents points de fuite établis par l'architecture même du lieu. Le dallage avec ses décors géométriques animent encore un peu plus la composition et renforce cette « géométrie » de la vue. L’œil du spectateur converge ainsi vers un même point : la basilique Saint Pierre. Canaletto y a placé le spectateur dans le Palais des Doges, de telle sorte que celui-ci ait l'impression de surplomber la Place Saint Marc. Il peut ainsi se situer dans le paysage.
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