Analyse de l'oeuvre People in the sun de Hopper
Dissertation : Analyse de l'oeuvre People in the sun de Hopper. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar JC0123 • 14 Juin 2022 • Dissertation • 994 Mots (4 Pages) • 434 Vues
ANALYSE – PEOPLE IN THE SUN – HOPPER – 1960
« comme une caméra, son pinceau montre les femmes de dos, ou de profil, dans un éternel instant d’attente et de solitude. » Isabelle Huppert, et c'est en effet dans cette attente infinie que Hopper laisse émerger toute sa narration. Il donne à revoir ce que nous pensons connaître, et feignant de raconter l'anodin il fait émerger le doute, et nous amène à nous questionner. Regarder une œuvre de Hopper c'est se demander quel récit y est suggéré. Pour répondre à cela penchons nous sur son tableau People in the sun, peinture à l'huile datant de 1960, dans laquelle il décrit une narration à deux vitesses. Il s'agit ici d'étudier cet œuvre en quatre temps : premièrement analyser l'attente, en second temps la segmentation des plans, troisièmement saisir l'envolée surnaturelle, pour enfin questionner la figuration.
A première vue, cette œuvre nous décrit un sujet relativement ordinaire : un groupement d'individus prenant le soleil et contemplant le paysage, assis dans leurs transats. Cependant Hopper introduit un système narratif dans lequel l'angle de vue et les fuyantes s'orientent peu à peu vers nous, plaçant ainsi le spectateur en temps qu'acteur de l’œuvre. La construction est entièrement dirigée vers le côté droit du cadre nous incitant à regarder ce qu'il s'y passe. En effet les personnages sont tous assis sur des chaises dans la même direction, regardant un même point, hors du tableau. En plus de la narration figurative, toutes les formes, surfaces et fuyantes résonnent et convergent vers ce point. C'est ainsi que Hopper interpelle le lecteur, le poussant à chercher au delà du cadre : le hors champs est symboliquement à la fois une porte sur la réflexion et l’imagination ainsi qu'une invitation à explorer le réel, là où l'expérience sensible se situe. Et pendant que les figurants le contemple, nous sommes au musée à les contempler, il y a un parallèle frappant entre notre condition et celle des protagonistes. Le regard attend de voir apparaître l'objet de l'attention, si bien qu'une tension habite l’œuvre, dans laquelle le spectateur se sent envieux vis à vis des protagonistes. En y regardant avec davantage de recul Hopper fige l'attente et rend ainsi la quête de découverte éternelle.
Par ailleurs, en construisant son décor et ses plans avec une géométrie stricte (perpendiculaires, parallèles, diagonales) il morcelle l'image et la rationalise. Le traitement par masse ainsi que les contrastes colorés et de valeurs segmentent ce que nous voyons en deux cadres distincts imbriqué l'un dans l'autre. Premièrement le cadre du tableau, à fond perdu avec son travail d'immersion. Deuxièmement le cadre du paysage, qui encadré par l'architecture du bâtiment et ses contrastes apparaît comme un écran immense rectangulaire. Cette mise en abyme est un miroir, celui du spectateur, qui cherche quelque chose au travers de ce cadre artificiel, mais en vain. C'est en effet ce que Hopper décrit, en donnant au fond un aspect très lointain et désertique, propre au paysage américain, et en immobilisant ses protagonistes bien assis dans leur transats, il crée une rupture violente entre deux univers, le monde artificiel et celui naturel. En plus de dépeindre la fascination pour la télévision des années 60' et l'exploration de paysages nouveaux qu'elle permet, il exprime la brutale déconnexion du monde moderne avec le vivant et son état originel.
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