Synthèse de Germinal de Zola

Germinal.

Une conception d’Antoine Defoort et d’Halory Goerger par L’Amicale de ProductionLe spectacle Germinal de Halory Goerger et d’Antoine Defoort, produit par l’Amicale de production (coopérative de projet) présenté au Maillon à Strasbourg Wacken le 11/12/13 octobre 2017 est l’histoire de quatre individus qui se retrouvent dans un espace clos. Le principe est assez simple et efficace : on repart de zéro et on recrée un système à partir de l’espace vierge de la scène de théâtre, les comédiens explorent l’espace, se l’approprient, apprennent à se découvrir eux-mêmes, à communiquer entre eux, à vivre ensemble, à construire une organisation, une société, une civilisation. Le spectateur a une proximité avec le groupe contrairement à un spectacle construit, nous pouvons suivre leur évolution et rire de leurs parcours, leurs échecs et leurs succès. Ce principe est inspiré des jeux vidéo dit «godgame», comme Civilization, où les joueurs doivent débloquer des connaissances théoriques pour pouvoir progresser.

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endant quelques longues minutes, il n’y a pas de paroles, nous découvrons le plateau de jeu et tous ses aspects techniques (lumière, son, projection, acoustique). On découvre ensuite les comédiens équipés de tables de mixage assis dans la scène vide. Par la suite nous comprenons que le jeu de lumières est créé par les essais des comédiens qui explorent les possibilités de leurs accessoires. De manière ludique les comédiens expérimentent tous les moyens techniques pour communiquer. La salle rit tout au long du spectacle de la naïveté des comédiens. On constate une évolution crescendo de la pièce qui coïncide avec la mutation et la destruction de la scène, par exemple lorsqu'ils découvrent à coup de pioche dans le sol un micro ou une guitare. Ces artistes font du théâtre à partir de la matière première qui est sur scène, dès le début du spectacle, les comédiens détachent le rideau de fond de scène comme pour déconstruire toutes les conventions théâtrales classiques, pour retirer le superflu artificiel et inutile qui dissimule le squelette du théâtre.

Il n’y a pas de contexte historique ou spatial, mais seulement le moment présent, qui se déroule sous nos yeux. Les comédiens comme l’espace ne sont pas artificiels, ils portent des vêtements décontractés. Sur scène, les personnages ont les mêmes prénoms que les comédiens et leur diction est simple et familière. Germinal est certainement le produit d’improvisations et renforce cette sincérité non artificielle dans le jeu des comédiens. Le traitement de l’espace ou du jeu ne cherche pas à nous transporter vers une fiction qui copierait la réalité mais propose simplement du réel. La matérialité du théâtre devient prétexte au jeu comme lorsqu’en cliquant sur le programme « sapins », de véritables arbres transpercent le sol et affolent les comédiens. La scénographie est très épurée, tel un grand espace de jeu et semble tout montrer. Pourtant, le travail technique est tout de même dissimulé. Serait-ce le comédien qui contrôle lumières et sons directement depuis la scène ? La question reste ouverte.

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