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Le théâtre approche-t-il la réalité du lecteur ou du spectateur ou, inversement, le repousse-t-il

Analyse sectorielle : Le théâtre approche-t-il la réalité du lecteur ou du spectateur ou, inversement, le repousse-t-il. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 698 Mots (7 Pages)  •  646 Vues

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Le théâtre est le seul genre littéraire à exister à l’écrit et sur scène, si bien qu’une pièce de théâtre peut grâce au metteur en scène, devenir aussi un spectacle apprécié. La représentation au théâtre est donc importante. Après être passé entre les mains du metteur en scène, les acteurs interprètent le texte écrit par l’auteur. Ainsi grâce à cette équipe l’œuvre prend vie sur scène. On pourrait alors se demander si le théâtre rapproche le lecteur ou le spectateur de la réalité ou si au contraire il l'en éloigne. Nous verrons que le théâtre est en quelque sorte le miroir du réel puis nous nous interrogerons sur son côté artificiel.

Tout d'abord, le théâtre est en quelque sorte, plus encore que le roman où la poésie, le miroir du réel. Le théâtre n’existe que dans la représentation physique, dans l’incarnation des voix dans des corps en mouvement. Mieux encore : ces corps évoluent dans un décor, ils ont des vêtements, tiennent des objets, s’assoient sur des sièges, habitent un espace. Les dramaturges et metteurs en scène ont toujours prêté beaucoup d’attention au décor, aux accessoires, aux costumes, toutes choses réelles qui ancrent le spectacle dans le monde. Pour représenter la scène 6 des Fourberies de Scapin de Molière, il faut un « sac » sur Géronte. On imagine aussi un baton avec lequel Scapin s'en donnerait à cœur joie sur son maître. A cela il est nécessaire d’ajouter les costumes, conformes à la fonction des personnages, valet, maître,..., et les acteurs eux-mêmes, qui prêtent leurs corps, leur visage, leur voix et leurs gestes aux personnages qu’ils incarnent pour quelques heures.

Ainsi le théâtre nous plonge-t-il plus qu’aucun autre art au cœur même du réel, de sa matérialité, de son épaisseur vivante et concrète. De plus, une grande partie de la production théâtrale a pour visée une approche réaliste du monde : le théâtre se donne alors pour but de représenter le réel, non seulement dans sa matière, mais aussi dans son organisation et son fonctionnement. Georges Forestier, dans son ouvrage Le théâtre dans le théâtre, souligne la visée réaliste des comédies de comédiens au début du XVIIe siècle : il s’agit bien de reproduire le réel, jusque dans sa trivialité. Ainsi voit-on par exemple dans L’Illusion Comique les comédiens de la troupe de Clindor compter leur argent à l’acte V. Le dramaturge s’attache ici à un détail concret du fonctionnement de la société de son temps : il peint le monde social dans sa plus grande vérité, pour le représenter, le montrer tel qu’il est. Cet élément a pour fonction dans la pièce d’amorcer le retour au réel de Pridamant. Sa réplique, « Que vois-je ! chez les morts compte-t-on de l’argent ? », souligne l’importance du détail trivial pour manifester la réalité de ce qui se passe sur scène, la vie bien réelle des personnages qu’il contemple.

La représentation fidèle du réel est donc un enjeu majeur du théâtre. C’est même une condition nécessaire de sa réussite. Le public a besoin, pour jouir du spectacle, de croire en ce qui lui est montré. Il faut également qu’il reconnaisse le réel sur la scène, et ce, dès les premières minutes de la représentation. Sans cet effet de reconnaissance, il ne peut se laisser prendre par l’action et ressentir de réelles émotions. C’est bien l’un des problèmes qui se posent à la troupe de Bottom, lorsqu’elle cherche à mettre en scène la tragique histoire de Pyrame et Thisbé dans Le Songe d’une Nuit d’Eté : les spectateurs pourront-ils croire en l’amour des deux jeunes gens, s’il n’y a pas de mur pour les séparer, et de faille dans ce mur pour qu’ils s’entretiennent ? pourront-ils croire à la réalité de leurs rendez-vous nocturnes, s’il n'y a pas de clair de lune pour les baigner de leur lumière ?Malgré toute leur maladresse et leur ignorance, les apprentis comédiens retrouvent ici une expérience essentielle du spectateur de théâtre : le spectateur, de la salle, attend que lui soit présentée sur la scène une histoire à laquelle il puisse croire, qui ait toute l’apparence du vrai, du réel, pour qu’il puisse éprouver des émotions véritables et participer ainsi à l’émotion théâtrale.

Transition : Le théâtre rend présent le réel. Néanmoins, s’il y a bien une « représentation » du monde au théâtre, celle-ci ne peut se faire qu’à travers les regards que posent, d’une part l’auteur et le metteur en scène, d’autre part le spectateur, sur le spectacle.

La scène de théâtre est un lieu d’art, c’est-à-dire un espace artificiel : certes, les acteurs sont des êtres de chair, et le décor est constitué d’objets réels, mais la foi qu’accorde le spectateur à ce qu’il voit repose sur un pacte nécessaire ; il accepte de prendre volontairement pour vrai ce qu’il sait être faux. Le théâtre est une illusion. Chaque acteur feint d’être un personnage, des cartons feignent d’être un palais ou une forêt. Chaque élément de la représentation se désigne sans cesse avec ostentation. Cet aspect du théâtre est parfaitement illustré par le passage de Songe d’une

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