Histoire de l'art : king kong

Analyse :

Etudier le schéma narratif du film, parfaitement linéaire, revient à diviser l’histoire en trois parties distinctes : Manhattan et la justification du voyage vers l’île ; la rencontre avec les indigènes et la capture de King Kong ; le retour à New York et la mort de l’animal hors de son milieu naturel. Le voyage dans l’espace et dans le temps, la traversée conduit les personnages du monde moderne et civilisé à un lieu archaïque et hostile situé près de Sumatra. Contrairement à la ville, l’ile est l’espace d’un âge primitif avec ses lois particulières qui sont aussi ceux du cinéma fantastique et dont le moteur dramatique est le mystère. Un monde où l’homme est regroupé en société tribale vivant dans la terreur d’un animal monstrueux régnant en maitre absolu sur le reste de la jungle. Cette analyse du film, King Kong (1933) portera en particulier sur une première scène qui commence à 1:30:00 et une seconde qui est aussi la scène finale qui commence à 1:50:00 jusqu’à la fin.

  Dans la construction universitaire contemporaine, « l’éthique animale^[1] » n’est étudiée que depuis trente ans à peine. L’éthique animale est l’étude du statut moral des animaux, en d’autres termes, on ne peut pas tout faire avec les animaux. Bien qu’ils soient en dessous de l’homme dans la chaine alimentaire, nous sommes tenus de les traiter avec dignité et sensibilité comme préconisée par les œuvres de Rosa Bonheur. L’éthique animale est donc la responsabilité morale de l’homme vis à vis des animaux. Dans l'histoire de l'art, le terme        « primitivisme » renvoie au mouvement de célébration des valeurs originelles, exotiques et primitive. Dans ces œuvres, multiples seront les formes d'emprunt à ces arts primitifs. La nostalgie éprouvée pour l'innocence d'un paradis perdu s'ajoute à l’insatisfaction ressentie pour la civilisation occidentale. 

  La séquence durant laquelle King Kong apparaît pour la première fois permet de mettre en lumière les procédés couramment utilisés par le cinéma pour provoquer l’attente et la peur du spectateur et d’autre part pour suggérer la monstruosité de la créature. Aussi, j’observe des prises de vue (camerawork) contre plongées qui selon moi témoignent de la vulnérabilité de l’homme par rapport au grand King Kong. Aussi, je relève des effets sonores stressants typiques des films d’horreurs, ce qui accentue encore plus le sentiment d’insécurité provoqué par la présence du monstre dans notre monde. Enfin, je pense que le cinéaste voulait amener le spectateur à conclure par lui même qu’il faut absolument tuer King Kong pour la sécurité des citoyens New Yorkais et ce afin de légitimer sa mort à la fin du film.

  La construction de l’espace renforce ce sentiment de danger en suscitant une attente quant à ce qui se passe de l’autre côté de la haute porte qui barre le paysage. Toute la première partie de la séquence joue en effet sur l’inquiétude de l’espace inconnu, cet « autre côté » dont la découverte se fait attendre. La composition de premier plan de la séquence place en effet d’emblée la lourde porte et son mystère au centre de l’image ; l’ouverture de la porte est ensuite fortement dramatisée. La fermeture de la porte et l’abandon de l’héroïne dans l’espace inconnu achèvent la première partie et exacerbent un peu plus l’inquiétude ressentie par le spectateur. Le plan suivant est un plan d’ensemble en contre plongée, je vois dorénavant les choses de l’autre coté c’est à dire l’espace inquiétant décrit tantôt. Pour le spectateur c’est une vue hors champs (qui lui échappe) accompagné d’un effet sonore de l’arrivée du monstre d’un pas lourd et des bruits d’arbres arrachés qui indiquent sa progression. Tous ces effets ont pour fonction de prolonger l’inquiétude liée à l’arrivée de King Kong.    

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