Critique Du film Vive l'Enfer !

Vive l'Enfer !

Imaginez un univers où le monde terrestre influence le Ciel avec un grand C, le monde de l'Au-Delà, comme disent certains. Un homme va en subir les conséquences désastreuses.

Simon Laroche, haut-fonctionnaire, est en apparence tout à fait banal, à une exception près: son « penchant » pour les sites érotiques. Cette faiblesse, ajoutée à un immense bug informatique anéantissant toute vie privée et une simple phrase mal interprétée sur les femmes et les gays, vont le précipiter dans la paranoïa. Toutes ces erreurs vont compromettre sa carrière, et bien plus encore...

Après ses derniers récits à inspiration fortement autobiographique, Benoît Duteurtre renoue avec le «réalisme-fantaisiste» en proposant aux lecteurs un roman sur la même lignée que La petite fille et la cigarette. Il dessine aux lecteurs des événements plausibles, dans un livre basé sur la satire du monde moderne. L’ordinateur du Paradis, récit venant de paraître chez Gallimard, relate la peur des politiques à propos de leur vie privée, ou l'empressement des gens à punir et critiquer allègrement le moindre faux-pas effectué aujourd’hui.

A sa manière de décrire les situations du personnage principal, Duteurtre nous fait entrer dans son histoire. On imagine ce qui va arriver et on a presque peur pour lui, on éprouve même de la pitié et de la compassion. On sait qu'il ne fait pas toujours des choses très recommandables, mais il reste un être humain, auquel le lecteur peut facilement s'identifier. « Tout ce qu'on fait sur un ordinateur - donc une énorme partie de notre vie - est enregistré pour l’éternité ». Avez vous envie que vos mails, vos historiques et vos sms soient transmis sur le compte d'un parfait inconnu, et que celui-ci dévoile à la Terre entière toutes vos informations et a fortiori celles qui devaient rester confidentielles ? Cela incite à réfléchir sur les traces qu'on laisse sur Internet, et aux conséquences de leurs éventuelles découvertes.

L'auteur, en plus de sa réflexion sur la nouvelle société gangrenée par la technologie, critique la société de consommation en citant la trop grande abondance de marques ainsi que le « surplus » technologique qui nous complique la vie plutôt que de la simplifier.

Finalement, préférez-vous « vivre » indéfiniment dans un paradis infesté par la technologie moderne où l'«on s'emmerde un peu», comme le dit si bien l'auteur, ou demeurer pour toujours dans un enfer archaïque où l'on « peut se vouer éternellement et joyeusement au péché » ? Le choix est vite fait.

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