L’INFLUENCE DES VALEURS SACRÉES SUR L’ARCHITECTURE DES LIEUX DE CULTE BOUDDHISTES ET SHINTÔ AU JAPON
Dissertation : L’INFLUENCE DES VALEURS SACRÉES SUR L’ARCHITECTURE DES LIEUX DE CULTE BOUDDHISTES ET SHINTÔ AU JAPON. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manager000 • 8 Décembre 2019 • Dissertation • 3 973 Mots (16 Pages) • 841 Vues
L’INFLUENCE DES VALEURS SACRÉES SUR L’ARCHITECTURE DES LIEUX DE CULTE BOUDDHISTES ET SHINTÔ AU JAPON
L’introduction du bouddhisme fut un élément déterminant dans le développement de l’architecture des temples au Japon : pendant des siècles, les sanctuaires shintô étaient en fait des sites naturels remarquables. C’est pour affirmer le prestige des dieux et du culte shintô face au bouddhisme que les premiers sanctuaires furent construits. Le développement de l’architecture des temples et sanctuaires se fit évidemment en lien étroit avec l’essence des deux croyances. Nous verrons ici quelle est l’influence des valeurs portées en particulier par le shintoïsme et le bouddhisme sur l’architecture des lieux de culte qui y sont rattachés. Étant étudiante en architecture, j’utiliserai les outils rattachés à ce domaine pour analyser les espaces consacrés au culte. Nous verrons en premier lieu les caractéristiques que présentent les temples bouddhiques et les sanctuaires shintô, ainsi que les usages et usagers qui y correspondent. En second lieu, nous verrons quelles valeurs sont portées dans l’élaboration de ces lieux, et quels sont leurs liens avec le sacré. Nous illustrerons par des exemples ces principes, et, finalement, nous mettrons en parallèle les deux types de bâtiments étudiés afin d’établir s’il y a correspondance.
Le terme sanctuaire shintô désigne tout bâtiment ou ensemble de bâtiments construits pour le culte shintô, en général situé dans un enceinte sacrée plantée d’arbres, dont l’entrée est signalée par un portique (torii). Le shintoïsme est un ensemble de pratiques et de rites reposant sur une conception panthéiste du monde. C’est le lien avec les ancêtres et les puissances invisibles de la terre, il préside à tous les événements privés ou officiels de la vie. Il constitue un système de valeurs, un mode de pensée et de comportement.
Le terme temple bouddhique désigne un lieu dédié au culte de Bouddha, comprenant de multiples espaces destinés à la résidence des moines, à l’étude des sûtra, aux pratiques d’ascétisme , à l’accueil des fidèles, etc. Le bouddhisme est une doctrine religieuse, il constitue une discipline intérieure qui vise l’atteinte de l’état d’éveil, ou «état de Bouddha».
Caractéristiques et éléments des temples shintô et bouddhiques
Nous n’établirons pas ici la liste exhaustive des caractéristiques propres aux temples shintô et bouddhiques, ni l’évolution des styles qu’ils ont connue. Nous énoncerons plutôt les éléments utiles à la compréhension des sections suivantes, en laissant tomber les exceptions.
Le système constructif de base est commun aux deux types (shintô et bouddhique) de temple. Il contamina d’ailleurs l’architecture d’autres types de bâtiments. C’est plutôt au niveau de l’organisation générale, de l’ornementation et des usages qu’apparaissent les distinctions. Les temples sont construits en bois, exploitant un système de poutres-poteaux. Les remplissages sont constitués d’écrans mobiles ou fixes. Les temples et sanctuaires comprennent aussi bien l’espace les entourant que l’espace compris entre leurs murs, contrairement aux lieux de culte occidentaux, où l’espace est clairement défini (l’intérieur d’une cathédrale, par exemple). L’espace est mouvant et non emmuré. Une autre distinction est flagrante : la verticalité des églises occidentales (chrétiennes) versus l’horizontalité des établissements sacrés du Japon. La présence d’éléments conçus en hauteur (tel que la pagode), ne peut se comparer à la volonté catholique de se rapprocher du ciel.
L’élaboration d’espaces consacrés aux divinités ou esprits (kami) provient du fait que l’on considère qu’un dieu anthropomorphe doit avoir un habitat. Tel que mentionné plus haut, les formes primitives des sanctuaires shintô consistaient en des lieux naturels, vint ensuite la construction en tant que tel, suite à l’introduction du bouddhisme. Les dieux n’étant pas au départ représentés, ces sanctuaires regorgent de symboles. Les représentations étant inexistantes, c’était plutôt l’espace qu’ils occupaient qui faisait l’objet d’un traitement. Les shime-nawa , cordes de paille, tout comme l’utilisation de surfaces planes recouvertes de pierres, délimitent l’espace occupé par les dieux et déesses. L’entrée marquée par le torii repose aussi sur le même principe. Par l’utilisation de ces symboles, l’espace demeure non construit, mais tout de même tangible et porteur de sens.
Le plan type des sanctuaires shintô (persistant malgré les «courants» s’étant succédés) constitue un carré ou rectangle (la salle des rites), dont des murs et poteaux délimitent l’espace. La toiture (en pignon) se prolonge parfois, afin de créer un espace de rituel extérieur couvert. Vint progressivement l’introduction d’un halle de prière (tel qu’il en existe dans les temples bouddhiques), des espaces consacrés à la danse sacrée, des pavillons pour les fidèles.
Le torii est un élément fondamental du sanctuaire. Ils se succèdent à l’entrée des sites, parfois au nombre de deux, trois ou quatre. Ils limitent de façon symbolique l’entrée sur une terre sacrée, et peuvent même se substituer à un temple dans un lieu spécifique. Une des versions expliquant son origine provient des mythes fondateurs du Japon : un portail de bois fut érigé pour inciter la déesse Amaterasu à sortir d’une caverne où elle s’était séquestrée. Il existe d’innombrables styles de torii, suivant les courants de l’architecture shintô. Ils constituent une illustration de l’importance des mythes fondateurs dans la construction des lieux qui leur sont dédiés.
Les koma-inu , des figures de pierre, de bois ou de bronze, sont aussi fort représentatifs des sanctuaires. On les retrouve ornant l’entrée du bâtiment, tenant lieu de gardiens des lieux, en bloquant l’accès aux mauvais esprits. Ils sont interprétés de différentes façons, consistant soit en deux lions, en un lion et un chien, ou encore en créature de l’imaginaire. Ils présentent des caractéristiques variant d’un exemplaire à l’autre. Leur origine demeure obscure : plusieurs versions sont disponibles, leur point commun étant la reconnaissance de l’origine extérieure au Japon.
Le sanctuaire d’Ise, à Uji-Yamada, est considéré comme le prototype de l’architecture japonaise et l’archétype du temple shintô. Il en est le commencement et l’achèvement.
Contrairement à l’organisation des sanctuaires shintô, l’organisation
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