Rodolphe

Rodolphe se tenait devant la porte. Quand soudain, BOUM ! Il se la prend dans la gueule. Du coup, il saigne beaucoup. Il saigne tellement que bientôt la salle d’attente se transforme en piscine de sang. Lui, il flotte comme un hareng bouilli dans le liquide poisseux, les yeux clos, la bave au menton. Lulu, qui a ouvert la porte, est emportée par le flot menstruel. Elle n’aime pas sentir ses orifices se boucher, l’étau se resserrer sur ses côtes. Ca fait un peu mal. Elle avale tellement de sang qu’elle a la tête qui tourne. L’état considère que ce flot de sang est une atteinte à la liberté d’’expression. Il envoie les américains endiguer le fleuve rouge qui creuse son chemin dans la ville. Il est même descendu dans le métro, et glisse sur les rails. Il aime bien jouer avec les wagons. Il les fait glisser d’une station à l’autre à toute vitesse. Parfois, les voyageurs sont éjectés par la fenêtre, parce que ca va un peu vite. Le fleuve de sang grossit, grossit, envahit la ville, noie les américains. Les hommes et les vieillards montent tout en haut du plus haut gratte ciel, et regardent les femmes et les enfants flotter lassivement, les yeux détachés du corps (le fleuve était friand de cerveaux). Une fois qu’il a dévoré toute la ville, il vomit un peu dans les étoiles, puis oriente son flot vers l’océan.

Rodolphe ouvre les yeux. Il a mal à la tête. Il est allongé par terre, dans la salle d’attente. Les murs sont rouges, et une dizaine de corps s’entassent dans les coins. Il remarque alors le fil rouge qui sort de son nez. Le fil part de sa narine et disparait derrière la porte. C’est ce fil qui alimente le fleuve, mais ca, Rodolphe ne le sait pas. Alors il coupe le fil avec les dents d’un des cadavres.

Le fleuve a mal, soudain. Il vient d’avaler l’océan, alors il se demande si ce n’est pas une indigestion. Mais il n’a plus le temps de rien penser après cette reflexion, puisqu’il explose.

Rodolphe regarde le sang goutter de sa narine. Il sort un mouchoir de sa poche, le tortille, le ploge dans son nez, et met la tête en arrière.

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