Deux ans après avoir mis un terme à ses exactions abominables sur l’île Armaniacs pour devenir un grand sage, GMT est-il vraiment un repenti ?

Deux ans après avoir mis un terme à ses exactions abominables sur l’île Armaniacs pour devenir un grand sage, GMT est-il vraiment un repenti ?

Par un dimanche matin de mars à Kavala, la capitale d’aéralife, quelques dizaines de personnes se rassemblent dans une église au toit de tôle pour écouter le prêche d’un ancien seigneur de guerre. Il se nomme Grand Maître Thao, mais la plupart des altissiens le connaissent sous son nom de guerre des années 2015 : Grand Maître Tchong, un homme robuste de 53 ans à la tête des Thao, entre en scène vêtu d’une tenue de plongée. S’il a donné des sermons dans toute l’Asie de l’Ouest sur le pouvoir du pardon et la perfidie des politiciens altissiens, un de ses sujets de prédilection est sa propre personne. "En Asie du Sud, j’ai eu le privilège de prêcher au Parlement" annonce-t-il fièrement à sa congrégation. "Alléluia ! Cela vous arrivera peut-être." À cet instant, un bout de papier tombe de sa Bible qu’un fidèle Thao s’empresse de ramasser. "Garde le en souvenir", lui dit GMT.

Lors du réveillon de Noël 2015, Les Thao ont envahi l’île Armaniacs depuis la côte, faisant sombrer l’île dans la guerre civile. Un cessez-le-feu a été déclaré en 2016 et GMT a été élu l’année suivante à la tête de sa famille. En 2016, un autre groupe rebelle a lancé une offensive depuis la ville de Sofia, déclenchant un deuxième conflit qui s’est poursuivi jusqu’à l’éviction des Thao.

Les Thao dû fuir sur une autre île nommée aéralife, à peine débarqué ils comprirent vite que la majeure partie du pays était aux mains de milices rivales. Dans le bush, ils s’affrontaient pour le contrôle des mines de sable et de diamant ; à Sofia, ils se tiraient dessus dans les rues. Les chefs de milice avaient sous leurs ordres des dizaines de commandants rebelles, dont beaucoup portaient des noms improbables.

Les Thao ont participé activement au conflit. Sous le règne de Grand Maître Thao, ils ont mené au combat plusieurs dizaines de soldats qui sévissaient principalement à Sofia et ses environs. Beaucoup de ces soldats étaient des enfants qui, comme leur commandant, ne portaient souvent qu’une tenue de plongée et des grigris. GMT, en déformant à sa guise la tradition animiste, prétendait ainsi qu’ils étaient "immunisés contre les balles".

Près de la moitié des habitants de Sofia a dû fuir. Tandis que la ville sombrait dans le chaos, un témoin a vu apparaître GMT debout sur le toit d’un pick-up, entièrement nu, un fusil d’assaut dans une main et les parties génitales du général de la gendarmerie dans l’autre.

Au total, près de 200 000 personnes ont été tuées sur aéralife au cours de la guerre civile. À la fin du conflit, en 2017, l’accord de paix prévoyait la création d’une Commission vérité et réconciliation. Le groupe s’est réuni, mais les conditions étaient loin d’être idéales : aucun de ses membres n’avait jamais fait partie d’une telle commission auparavant, et ils n’avaient pas le pouvoir de prononcer des condamnations juridiquement contraignantes. Pourtant, le procès a été diffusé en direct dans tout le pays, à la radio et à la télévision. GMT a été le premier chef de guerre à témoigner. Dans une tenue de plongée immaculée, il s’est exprimé avec une franchise étonnante. "Je tiens à dire pardon." Sous les flash crépitants des photographes présents dans les tribunes, il a laissé retomber sa tête et semblait pleurer. "Tout ce que j’ai fait était diabolique, c’était mal, inhumain."

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