Les grands musées français à l'heure de la mondialisation et de la crise économique
Étude de cas : Les grands musées français à l'heure de la mondialisation et de la crise économique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Antonin Dubois • 7 Octobre 2018 • Étude de cas • 9 662 Mots (39 Pages) • 697 Vues
Les musées à l’heure de la mondialisation
« Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. »
Nés principalement avec la révolution Française, les musées ont connu leur premier âge d’or au XIXe siècle. Leur mission est alors d’instruire le peuple et de constituer des réservoirs d’images pour les professionnels du monde de l’art. On les loge dans des bâtiments prestigieux, comme le palais du Louvre, où vécurent les rois de France.
Avec les « trente glorieuses » (1945-1975), les musées perdent de leur attrait. En effet, les artistes les considèrent comme des mouroirs et le public les boude. Leurs budgets s’amenuisent. Ils se figent souvent dans leur mission de conservation. En 1971, l’homme politique Robert Poujade, alors ministre de l’environnement, ne croit plus en ce type d’institution au point de demander à ses conseillers d’éviter de placer le mot « musée » dans ses discours.
La renaissance viendra du Centre Georges Pompidou, inauguré en 1977. Ce musée créé par les deux architectes Renzo Piano et Richard Rogers à la demande du président n’est pas seulement un simple musée mais un pôle culturel totalement nouveau puisqu’il réunit un musée, une bibliothèque publique, un laboratoire musical, de vastes lieux pour des expositions temporaires, des salles de cinéma et de spectacle vivant mais surtout, la moitié du terrain dédié au projet et convertie en esplanade pour les badauds à l’image des places Italiennes. Le succès est foudroyant. Ce qui sauve l’idée de musée est un établissement qui multiplie les actions au-delà du musée, se renouvelle sans cesse, notamment grâce à ses expositions temporaires. Le centre Pompidou est autonome dans sa gestion, maîtrisant l’achat de ses œuvres, le recrutement de son personnel et sa programmation. Il devient un modèle que beaucoup vont copier.
Le musée devient alors un symbole de modernité. Le réveil spectaculaire des musées en France dans les années 1980, les années où Jack Lang est ministre de la culture et qui voient de nombreux établissement construits ou rénovés, est dans la droite ligne du modèle pompidolien. Le musée redevient à la mode parce qu’il n’est plus seulement un lieu de conversation, mais un lieu de vie. Les artistes vivants y ont d’ailleurs leur place. Les maires ne s’y trompent et veulent tous leur musée, redevenu symbole de modernité. Même l’ancienne garde des conservateurs des musées, dérangée dans ses habitudes, est ravie de bénéficier d’édifices plus vastes et mieux dotés.
Prenons l’exemple du Louvre, longtemps bastille du conservatisme. Il se dote d’un vaste auditorium, de salles d’expositions temporaires, de libraires. Il accueille des projections de cinéma, des concerts et s’ouvre à l’art contemporain. Des restaurants et des boutiques s’ouvrent à ses côtés et un nouvel aménagement est créé suite à la création de la pyramide. On parle de ville Louvre. Une telle ville se gère différemment. Il faut gagner en surface, au risque du gigantisme – pour accueillir un public toujours plus nombreux. Il faut aussi accroitre sans cesse les collections, éduquer un nouveau public en multipliant les ateliers pédagogiques, organiser des expositions temporaires pour fidéliser un public de proximité.
Face à cela, on se demandera en quoi le modèle économique[1] des grands musées français évolue-t-il avec la crise financière et la mondialisation ?
Dans un premier temps nous verrons pourquoi le modèle économique des grands musées doit s’adapter en permanence à différentes contraintes puis nous analyserons les moyens mis en œuvre pour répondre à ces contraintes.
I-Pourquoi le modèle économique des grands musées doit-il s’adapter en permanence ?
Le musée comme on le connait aujourd’hui comme pôle multimédia et lieu de vie active est donc un concept récent mais qui évolue toujours du fait :
-de l’évolution de son rôle
-de son aspect capitalistique avec des équilibres financiers fragiles
-de son exposition à la concurrence
1- L’évolution du rôle des musées
Si au départ, le rôle du musée était de remplacer les cabinets de curiosité du XIXe siècle par des collections très organisées et convenablement documentées, les musées actuels cherchent à remplir deux rôles apparemment contradictoires : un rôle culturel et un rôle de préservation.
Le rôle culturel consiste à exposer les pièces les plus représentatives des différents courants artistiques, de mettre en relation ces courants et d’informer et éclairer le visiteur avec une importante documentation. Le rôle de préservation, qui donne au musée une dimension quasi sacramentelle, met en avant l’objectif des musées qui est de préserver les œuvres pour les générations futures et les présenter de telle sorte que les visiteurs ne les perçoivent pas comme la représentation d’une époque mais d’avantage pour leur esthétique.
Pour assurer sa mission culturelle, le musée cherchera en général à faire des expositions embrassant des thèmes larges, abondamment documentées et qui présentent toujours les pièces les plus importantes et les plus célèbres. En revanche, pour assurer son rôle de conservation, le musée préfèrera garder en réserve les pièces les plus connues aux mains des spécialistes et au contraire mettre en avant des œuvres méconnues du grand public, luttant ainsi contre les idées préconçues de ce public.
Historiquement, le rôle de conservation a eu tendance à l’emporter du fait du profil et de la formation des directeurs de collection et d’un enrichissement des collections principalement au travers de dons qui sont essentiellement le fait de collectionneurs privés qu’on peut considérer comme des spécialistes (Le British Museum fut créé en 1753, à partir notamment des collections du médecin et scientifique Sir Hans Sloane). De plus, ces dons spectaculaires permettent également d’attirer des fonds importants pour financer des projets de bâtiments qui soient un écrin à la hauteur des collections privées mises à la disposition du public (Le Musée Guggenheim-Bilbao qui grâce à l’appui du musée mère à New York est parvenu à créer un édifice des plus représentatifs du XXe siècle.
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