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Question 1 :

        Dans La Princesse de Montpensier, Madame de Lafayette se contente de références très vagues ou symboliques pour parler des événements historiques. Bertrand Tavernier de son côté propose une adaptation cinématographique de la nouvelle qui laisse à penser que l'Histoire occupe une place essentielle. Il n'hésite pas, même s'il reste muet sur la chronologie et le nom des batailles, à donner à voir des scènes de combat dans quatre séquences du film. Pour autant, les deux écritures de l'Histoire sont-elles si différentes ? Peut-on dire que le cadre historique n'est en réalité dans les deux œuvres qu'une toile de fond visant à donner un effet de réel ou entretient-il avec l'intrigue un lien très étroit ? L'histoire, dans la film comme dans la nouvelle, vise à montrer le désordre et la violence des rivalités entre les personnes et les dynasties. De plus, le cadre historique permet aussi de réfléchir à la place de l'homme dans la société du 16e siècle.

 I Les liens étroits entre l'histoire et l'Histoire

• un univers de désordre et de conspirations : tout est placé sous le signe de la cabale. Cour tout aussi magnifique qu'impitoyable. cf. le rôle joué par Catherine de Médicis, « retirée dans son cabinet » qui veille sur les alliances de ses fils. Le film rend compte lui aussi de manière explicite du jeu des alliances : cf. l'alliance entre le Duc de Montpensier et le marquis de Mézières qui donne lieu à un long plan séquence.
• si bien que cet univers est à l'image des relations qui existent dans l'intime : on sent toute la violence dissimulée derrière l'adjectif « tourmentée » qu'emploie Madame de Lafayette pour parler des relations entre Mlle de Mézières et son père qui veut à tout prix que sa fille lui obéisse. Tavernier développe cet épisode rapidement esquissé par la nouvelle en donnant à l'adjectif « tourmentée » toute sa violence. Le marquis recourt à la force dans le film, ce que laisse sous-entendre le texte de Madame de Lafayette. Même le duc de Guise fait comprendre à Marie qu'il ne saurait renoncer pour elle à la nouvelle alliance qu'il s'est trouvée. cf. aussi la réplique de Marie dans le film « S'il se présente une occasion plus favorable à ses intérêts... vous lui verrez tourner la tête ailleurs... »
• L'Histoire est donc subordonnée à l'histoire de l'héroïne : la guerre éloigne le Prince de Montpensier de son épouse, ce qui permet de développer un rapprochement entre Marie et Chabannes. La trêve de Longjumeau va permettre aux deux époux de se rapprocher mais aussi la visite des ducs de Guise et d'Anjou, ce qui va conduire le Prince à éloigner sa femme de la campagne pour qu'elle vienne le rejoindre à Paris. Les rebondissements de l'intrigue amoureuse sont donc tributaires des événements historiques.

II Réflexion sur l'homme

• La fin d'un monde : celui de la chevalerie. Pour Madame de Lafayette, l'Histoire est faite par la noblesse avec toutes les qualités qui lui sont propres (courage, honneur, mérite...). Or, la peinture qu'elle en donne dans la nouvelle semble sujette à caution. cf. les pères qui se servent de leurs enfants pour contracter des alliances prestigieuses. Le film donne lui aussi une vision critique de la noblesse. cf. le désir de Guise pour Marie semble surtout être l'occasion d'attiser davantage la jalousie du Prince et de renforcer leur rivalité.
• Une réflexion sur la passion présentée dans toute sa sauvagerie. cf. la rencontre entre Anjou et la Princesse. S'agit-il d'un amour sincère ou d'un simple jeu de conquête comme en politique ? Marie ne serait alors qu'un trophée de chasse. Dans le film, Anjou se montre très sûr de lui et n'hésite pas, lors du dîner à Mont-sur-Brac, à dire au Prince qu'il prendrait bien sa place auprès de sa femme pour la nuit. Dans le texte, il est présenté comme « fort galant » ce qui n'est pas forcément positif sous la plume de Madame de Lafayette, car il s'emploie au sens « d'un homme qui fait la cour à une femme mariée ».
• Une réflexion sur la guerre : anéantit les hommes même ceux qui essaient de s'en extraire comme Chabannes. Une vision tragique de la condition humaine pour les deux auteurs. La sauvagerie se lit dans la représentation de la guerre notamment lors du massacre de la Saint-Barthélémy que Madame Lafayette qualifie « d'horrible massacre ». Tavernier dépeint et accentue l'horreur dans une séquence de quatre minutes. Il rend hommage aussi au début de son film aux civils, victimes innocentes du conflit = message plus fort dans l’œuvre du réalisateur car insistance.

Question 2        

        La fin du film de Tavernier présente une version du destin de la princesse très différente de celle de la nouvelle. En effet, la Princesse de Montpensier ne meurt pas dans le film. Cette différence implique de s'interroger sur le choix du réalisateur afin de repérer en quoi il s'éloigne de l'orientation souhaitée par Madame de Lafayette. Nous verrons d'abord comment Tavernier invite à réfléchir à une autre conclusion sur l'amour. Puis nous montrerons que pour Tavernier, il n'est pas question de donner à travers cette œuvre une leçon de morale.

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