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Politiques monétaires et crises financières

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Par   •  29 Novembre 2022  •  Dissertation  •  4 745 Mots (19 Pages)  •  425 Vues

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RODOLPHE MOUNIER


Devoir de Monnaie Finance

Politiques monétaires et crises financières

L’économie est l’objet de cycles économiques, plus ou moins longs selon plusieurs économistes comme Kitchin, Kondratiev, Juglar ou Kuznets. Chacun de ces cycles suive la même évolution se divisant en quatre phases : l’expansion, la crise, la récession puis la reprise. Théoriquement, tous les marchés sont sujets à cette dynamique, incluant donc les marchés financiers, soit le lieu de rencontre entre l’offre et la demande d’actifs. Ainsi, il s’y échange des titres comme des actions ou des obligations venant d’être émis (sur le marché primaire), ou d’occasion (sur le marché secondaire). Presque tous les marchés de l’économie réelle, soit la sphère économique touchant à la production de biens et services, dépendent directement ou indirectement des marchés financiers. Ainsi, les crises financières, se définissant selon Christian de Boissieu comme « tout phénomène affectant un marché financier, se propageant internationalement et ayant des implications sur la conduite des politiques économiques », impactent l’ensemble de l’économie. Les crises financières sont ainsi inévitables, mais peuvent être combattues plus ou moins efficacement. Un des moyens les plus courants pour combattre ces crises sont les politiques monétaires. Selon la Banque de France, la politique monétaire est « l’ensemble des moyens mis en œuvre par un État ou une autorité monétaire pour agir sur l’activité économique par la régulation de sa monnaie ». Ces politiques sont mises en pratique par les banques centrales, soit les institutions gérant la monnaie d’un ou plusieurs pays et contrôlant sa masse monétaire. L’objectif de chacune de ces banques varie selon la monnaie : par exemple la Fed (Federal Reserve System soit la banque centrale des Etats-Unis) vise le plein emploi, la stabilité des prix et un taux d’intérêt à long terme modéré alors que la BCE (banque centrale européenne) cible uniquement la stabilité des prix. Toute crise économique donc toute crise financière altère ces variables. Il revient de droit aux banques centrales d’intervenir par le biais de diverses instruments et à travers les politiques monétaires pour répondre de manière appropriée à ces crises. Il est ainsi légitime de se demander si les politiques monétaires sont efficaces pour lutter contre les crises financières. Tout d’abord, il convient d’étudier les aspects montrant l’efficacité des politiques monétaires pour agir contre les crises financières ; ensuite, il sera exposé les éléments caractérisant les limites dues à la mise en place de ces politiques. Enfin, la troisième partie porte sur la capacité des crises financières à être une moment de destruction créatrice pour la politique monétaire.

          En premier lieu, la politique monétaire s’est imposée comme le principal mécanisme pour combattre les effets des crises financières, tout d’abord en fournissant la liquidité nécessaire au système bancaire. En cas de crise (particulièrement à la suite d'un krach boursier), la banque centrale est la seule institution en mesure de fournir aux banques la liquidité dont elles ont naturellement besoin en raison de leur activité de transformation (fonction des banques consistant à convertir le passif court terme en actif de moyen-long terme). Les banques sont donc en danger si les titres qu'elles possèdent dans leur bilan sont temporairement invendables. Les banques centrales ont deux moyens d’action : la baisse des taux d'intérêt directeurs et l'augmentation des volumes de monnaie offerts, le but étant qu'il n'y ait pas de crises de liquidités.                                                                                                     Cette action de la banque centrale permet d’éviter les faillites bancaires. Les banques sont en effet fragiles en cas d’effondrement du cours des actifs financiers parce qu’il devient impossible de vendre ces actifs. Elles sont alors exposées au risque de contrepartie : l’emprunteur risque de ne plus pouvoir rembourser l’intégralité de sa dette. Dès lors, le manque de liquidités peut conduire à une crise de solvabilité, c'est-à-dire que les banques doivent puiser dans leurs fonds propres pour compenser les pertes, fonds propres généralement insuffisants. Les banques sont alors dans l'incapacité de remplir leur mission de financement de l'économie, les volumes de crédits se contractent (credit crunch), ce qui induit un risque important de déflation par la dette. Fischer, dans son article « The debt deflation theory » paru en 1933, montre qu’une baisse du nombre d’emprunts accordés et la volonté de désendettement entraîne une baisse de la consommation. Comme la demande baisse, les prix baissent. Ainsi, les entreprises à moyen terme doivent réduire leur coût, notamment grâce à des licenciements ; de plus, la monnaie gagne en valeur à cause la déflation. Ainsi, rembourser ses dettes coûte plus cher ce qui conduit à une vente massive d’actifs pour se financer, baissant encore plus les prix. Le système entre donc dans un cercle vicieux, source de crises économiques.                Ainsi, l'action de la banque centrale explique assez largement les conséquences différentes de la crise de 1929 et de la crise des subprimes. Dans le premier cas, La Fed a laissé faire la crise, et donc favorisé la mise en place sur la durée de la déflation. En revanche, dès 2007, avec l'éclatement de la crise financière, la Fed a fait preuve de réactivité en abaissant fortement le taux des Fed funds (les fonds déposés par les banques commerciales pour les réserves obligatoires) : 5,25% à 2% entre septembre 2007 et avril 2008 puis de 2% à un corridor de 0% à 0, 25% à la fin de l'année 2008. Elle injecte aussi massivement de la liquidité par la procédure d’open market. Les opérations d’open market sont des achats ou ventes de titres des banques centrales sur le marché monétaire pour influencer le taux du marché monétaire. Ainsi, la Fed achète pour 50 milliards de titres en septembre 2007, puis 60 milliards en décembre puis 80 puis 100 en février 2008. Après la faillite de Lehman Brothers, elle accentuera sa politique de refinancement, pour finalement multiplier la taille de son bilan par 4,75 de 800 à 3800 milliards entre 2007 et novembre 2014. En apportant cette liquidité, la Fed a limité les conséquences de la crise financière. 

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