Médias et opinions publique
Cours : Médias et opinions publique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Xhtefj • 31 Octobre 2019 • Cours • 2 942 Mots (12 Pages) • 526 Vues
Médias et opinion publique dans les crises politiques en France depuis l’affaire Dreyfus
Dans un pays démocratique (SU, gvt représentatif, respect des libertés fondamentales), les crises pol qui remettent le régime en question procèdent de tensions au sein de l’opinion publique. Si en France, au cours du XXe siècle, celle-ci se manifeste dans la rue ou par l’intermédiaire des médias, au XXIe siècle, elle a recours aux nlles technologies qui permettent une information immédiate hors de contrôle des relais traditionnels.
I) L’émergence des médias et de l’opinion
A) La liberté de la presse dans le contexte de l’affaire Dreyfus (1894-1906)
1) 1 affaire d’espionnage militaire
- Après la défaite de 1870 contre l’All, qui voit la IIIe Rép remplacer le 2nd Empire, l’armée française se modernise et prépare « la revanche » pour redonner confiance à une opinion publique inquiète. Dans ce contexte, la défense militaire est un enjeu central du débat pol. Dès lors, quand en 1894 une lettre prouve qu’un espion renseigne l’« ennemi», les médias s’emparent de l’affaire.
- La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 définit les libertés et responsabilités de la presse française en imposant un cadre légal à toute publication, ainsi qu’à l’affichage public. C’est en partie pour réfuter les attaques de la Libre Parole, un journal politique et antisémite, que le ministre de la Guerre fait arrêter Alfred Dreyfus, un capitaine de confession juive, le 15/10/1894. La hantise de la trahison pousse le Conseil de guerre de Paris à le condamner à la déportation perpétuelle et à la dégradation militaire.
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Le Petit Journal est le 1e quotidien de la « presse populaire » à 5 centimes. Son prix modique est obtenu grâce aux progrès techniques et permet d’atteindre un très large public. Lancé en 1863, il publie des illustrations en 1e page dans son supplément hebdomadaire.
Antidreyfusard, le Petit Journal se bat contre la révision du procès du capitaine, réclamée par les proches et les soutiens de ce dernier, convaincus de son innocence.
Comme l’illustre cette une, la presse populaire, jouant le rôle de médiateur entre le citoyen et l’État, donne une large publication à la dégradation de Dreyfus qui a lieu le 5/01/1895 dans la cour de l’hôtel des Invalides.
2) Une affaire judiciaire et publique
- Mathieu Dreyfus, certain de l’innocence de son frère, décide d’avoir recours à l’opinion pour obtenir la révision du procès. Il contacte le journaliste Bernard Lazare. L’affaire devient alors véritablement publique et voit écrivains et journalistes prendre de + en + part au débat dans les médias favorables au capitaine : la presse dreyfusarde.
- Pour empêcher cette révision, certains journaux, volontiers antisémites, dits par opposition presse antidreyfusarde, publient des docs visant à accabler Dreyfus. Le 14/09/1896, l’Éclair révèle ainsi une pièce secrète du dossier d’instruction… laquelle met pourtant en évidence le fait que Dreyfus a, dès lors, été condamné en pleine illégalité !
3) Une affaire politique
- Quand, le 13/01/1898, l’écrivain Émile Zola publie une lettre ouverte au président de la Rép intitulée « J’accuse » dans le journal de Georges Clémenceau, l’Aurore, le tirage passe de 60 000 à 300 000 exemplaires. Cet article connaît un très grand retentissement et entraîne une campagne de presse et d’opinion en faveur de la révision du procès. Les intellectuels prennent désormais une place nouvelle dans la vie pol et sociale.
- Pour contrer ce mouvement, les antidreyfusards se radicalisent et multiplient les manifestations nationalistes et antisémites. Les injures et la violence dans la presse atteignent leur paroxysme lors de la révision, finalement obtenue, du procès, à Rennes du 7/08 au 9/09 1899.
- Le ministère Waldeck-Rousseau, formé le 22 juin 1899, décide l’arrestation des meneurs du mouvement antidreyfusards. Mais ceux-ci triomphent quand le procès de Rennes confirme la culpabilité du capitaine. La crise ne semble dépassée que le 19/09/1899, lorsque Dreyfus est gracié par le président de la Rép. In ne sera réhabilité que 12/07/1906.
- Au cours de cette affaire, la presse a donc acquis le statut de « 4e pouvoir » et l’opinion publique est devenue un acteur décisif de la vie pol. Création de L’Humanité, journal de gauche de Jean Jaurès en 1904.
L’affaire Dreyfus marque le début du radicalisme (courant politique français de centre gauche, défendant la laïcité et la Rép).
Création en 1915 du Canard enchaîné : quotidien satirique qui refuse de publier des informations mensongères émanant du gvt de l’époque et qui est victime, comme les autres journaux, de la censure gouvernementale.
B) Le rôle de la presse dans la formation de l’opinion publique dans les années 1930
1) La remise en question du gvt le 6/02/1934
- Le pouvoir des médias et de l’opinion se manifeste à nouveau à l’occasion de l’affaire Stavisky, en décembre 1933, pour dénoncer les scandales et l’incurie du gvt face à la crise éco.
L’antiparlementarisme, l’antisémitisme et la xénophobie se déchaînent à nouveau.
Alexandre Stavisky (1886-1934), directeur du crédit municipal de Bayonne, est arrêté pour avoir émis de faux bons de caisse d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de francs. Son suicide lors de son arrestation fait titrer au Canard enchaîné du 9/01/1934 : « Stavisky suicidé ».
- Le 06/02/1934, une manifestation antigouvernementale organisée par des groupes et ligues d’extrême droite, telle l’Action française, tourne à l’émeute et fait 14 morts et près de 1500 blessés. Elle provoque la démission du gvt Daladier, portant investi par la Chambre des députés le jour-même, et montre le poids et les tentatives de l’extrême droite pour peser sur le régime. L’antagonisme des réactions des différents organes de presse à cette journée reflète la violence du clivage politique qui fracture l’opinion.
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