L’opinion publique

Karol Lindenmeyer

        « L’opinion publique est un ressort faible en apparence, mais puissant en réalité et d’autant plus redoutable que sa force ne peut jamais être calculée » c’est ainsi que Louis Philippe de Ségur parle de l’opinion publique. Ce que l’on appelle opinion publique est l’ensemble des jugements, des valeurs, des convictions, des croyances et des préjugés partagés par une société. Cette opinion publique peut s’exprimer sous la forme de sondages. Un sondage d’opinion est une enquête statistique visant à quantifier l’opinion publique à un instant t sur un échantillon représentatif d’une société. Seulement les sondages rencontrent des difficultés à quantifier l’opinion publique. Ce qui nous amène à nous demander quelles sont les limites que rencontrent les sondages pour appréhender l’opinion publique. Nous verrons leurs limites et leur impact sur la vie politique.

        Tout d’abord les sondages sont un élément essentiel de notre démocratie car ils permettent de prédire le résultat d’élections, de faire des enquêtes de popularité, l’avis des concitoyens sur des mesures prises par l’Etat, … Les limites d’un sondage peuvent être quantitatives. C’est-à-dire que l’échantillon peut être trop petit pour représenter une société ou alors peut ne pas respecter les quotas. Par exemple, on sait que beaucoup de cadres se situent à droite de l’échiquier politique et donc ce ne serait pas représentatif de la France d’interroger que des cadres. Par ailleurs un échantillon de 10 personnes n’est pas représentatif d’une société comme la France composé de plus de 68 millions d’habitants. De plus, il existe une marge d’erreur. Par exemple, sur un échantillon de 1000 personnes, la marge d’erreur est comprise entre 3% et 1,4%.

        Ces limites peuvent aussi être qualitatives. C'est -à -dire que l’on part du principe que tout le monde est assez instruit ou assez informé pour répondre à la question posée ce qui n’est pas le cas et la question peut être mal formulée ou laisse entendre la réponse attendue par le sondeur. Cela s’appelle une question biaisée et c'est ce que dénonce le sociologue Pierre Bourdieu. Pour biaiser une question les sondeurs peuvent aussi enlever volontairement une réponse éventuelle Par exemple dans la question: «  irez-vous voter pour marine le pen ou pour Emmanuel Macron » la question omet trois issues qui sont l’abstention, le vote blanc et le vote nul. Par exemple Pierre Bourdieu dit dans son livre «  questions de sociologie » paru en 1981:  «  il arrive souvent que l’on induise la réponse à travers le fait de poser la question »

        Les sondages posent aussi un gros souci dans notre société qui est le fait qu’ils influencent considérablement la vie politique. On dit d’eux qu’ils ne mesurent pas l’opinion publique mais qu’ils la font. On voit donc l’apparition d’un phénomène appelé vote stratégique. Il peut se manifester sous deux formes: la première est l’effet bandwagon ( train en marche en anglais) et qui consiste à se rallier au candidat en tête dans les sondages ou donné gagnant . Le deuxième effet est appelé l’effet underdog (chien du dessous en anglais) et qui consiste à soutenir le candidat crédité perdant. Par exemple, aux dernières élections présidentielles, certains votants appartenant à l’électorat de  Valérie Pécresse se sont ralliés à Emmanuel Macron car il était donné gagnant. C’est ce qui explique en partie son score obtenu (4,79%). Par exemple 56% des interrogés d’un sondage, pensent que les sondages ont une influence forte ou très forte sur le vote des français selon un sondage réalisé par opinionway en avril 2017.

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