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Les classes sociales sont-elles toujours un outil adéquat pour concevoir la société aujourd’hui, en France ?

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Par   •  18 Octobre 2022  •  Dissertation  •  1 519 Mots (7 Pages)  •  447 Vues

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Dissertation SES terminale

Sujet : Les classes sociales sont-elles toujours un outil adéquat pour concevoir la société aujourd’hui, en France ?

« La permanence d'inégalités structurées, d'autant plus violentes qu'elles sont situées hors du champ de la conscience, tend à montrer qu'un retour des classes sociales dans le champ politique pourrait avoir lieu. », Louis Chauvel (1967-), La Spirale du déclassement, 2016. Dans cette citation, le sociologue français Louis Chauvel met en lumière les débats autour de la permanence du concept de classe sociale pour expliquer la stratification sociale. Pour Louis Chauvel, la division de la société en classes sociales reste actuelle.

Au sens marxiste, les classes sociales sont des groupes sociaux caractérisés par une même position dans le processus de production et une conscience d’un destin commun. Ces classes sociales sont définies par leur place dans les rapports de production qui détermine le revenu auquel elles peuvent prétendre : on distingue les bourgeois qui possèdent les moyens de production des prolétaires qui possèdent uniquement leur force de travail qu’ils échangent contre un salaire. Selon Max Weber, les classes sociales ne sont que de simples catégories de perception de la réalité, elles n'existent pas réellement et sont déterminées par un critère économique qui repose sur le revenu. Ainsi chez Weber, les classes sociales ne sont qu’une des dimensions de la stratification sociale.

Les classes sociales sont-elles toujours un outil adéquat pour concevoir la société aujourd’hui, en France ?

Dans un premier temps, il sera vu que les classes sociales sont un outil pertinent pour penser la société. Puis, dans un second temps, il sera montré que toutefois, cet outil présente des limites pour concevoir la société française de nos jours.

Les classes sociales sont un outil pertinent pour penser la société en raison des écarts importants entre groupes sociaux du point de vue de leurs conditions matérielles d’existence et du fait que l’appartenance à une classe sociale permet d’éclairer un grand nombre de pratiques sociales.

Il existe des écarts importants entre groupes sociaux du point de vue de leurs conditions matérielles d’existence. En effet, on constate entre groupes sociaux, l'existence de ce que l’on appelle des distances inter-classes, c’est-à-dire des inégalités entre des classes sociales différentes. Ces inégalités existent notamment entre les classes populaires et les classes supérieures comme l’explique le document 4 : « La croissance des inégalités de richesse économique, le maintien des écarts de richesse culturelle en dépit de la massification scolaire, la culture d'un entre-soi résidentiel dans des espaces proches des centres urbains offrent aux groupes sociaux les mieux dotés des conditions d'existence et un avenir privilégiés, pour eux-mêmes comme pour leurs enfants. » (l.2-5). Ces inégalités concernent par exemple le revenu, le logement, le lieu de résidence mais aussi le patrimoine : les classes supérieures sont plus souvent propriétaires que les individus issus des classes populaires. Ainsi, parler de classes sociales peut sembler pertinent puisque ce terme suppose l’existence de caractéristiques, de pratiques communes (ici des caractéristiques matérielles), bien que ces dernières soient sources d’inégalités.

L’appartenance à une classe sociale permet d’éclairer un grand nombre de pratiques sociales: consommation, loisirs culturels, trajectoires scolaires et professionnelles. Par exemple, selon le document 3, en France, en 2015, sur l’ensemble des 20 % les plus riches, 39 % ont visité un site culturel plus de trois fois sur un an contre seulement 11 % de l’ensemble des 20 % les plus pauvres, montrant ainsi un écart de 28 points. Également, en France, en 2015, sur l’ensemble des 20 % les plus pauvres, 17 % n’ont pas pu se permettre d’aller voir un spectacle sur un an contre seulement 1 % de l’ensemble des 20 % les plus riches, soit un écart de 16 points. Ainsi les classes sociales se révèlent être un appareil adapté pour penser la société puisque l’on constate qu’elles permettent à nouveau de mettre en évidence les distances inter-classes, ici des inégalités concernant les pratiques culturelles. 

Les classes sociales se présentent tel un outil pertinent pour penser à la société. Cependant, des évolutions plus ou moins récentes révèlent les limites de cet outil pour concevoir aujourd’hui la société française.

Les classes sociales révèlent leurs limites pour penser la société du fait de l’évolution de la structure de l’emploi, mais aussi en raison de la baisse du sentiment d’appartenance à la classe ouvrière et du processus d’individualisation qui entraînent la disparition d’une classe ouvrière  pour soi au sens de Marx.

L’évolution de la structure de l’emploi provoque l’affaiblissement des clivages anciens et l’apparition de nouveaux clivages. En effet, en France, depuis le milieu du XXe siècle, la structure socioprofessionnelle a connu de grands changements : salarisation, tertiarisation, élévation du niveau de qualification et féminisation des emplois. Ces évolutions ont contribué à l’affaiblissement de clivages anciens comme le montre le document 1. En effet, selon ce document, entre 1982 et 2017 la part des ouvriers en France a diminué de 9 points, passant de 30 % en 1982 à 21 % en 2017. Également entre 1982 et 2017, la part des cadres supérieurs a augmenté de 11 points, passant de 7% en 1982 à 18 % en 2017. Cette baisse de la part des ouvriers et l’augmentation de la part des cadres supérieurs témoigne de l’affaiblissement du clivage entre cadres et ouvriers. Cependant de nouveaux clivages, de nouvelles inégalités sont apparus au sein des classes sociales : on parle de distance intra-classes. Le document 4 témoigne de l’existence de ces inégalités mais il montre qu’il existe une plus forte distance intra-classe au sein des classes populaires qu’au sein des classes supérieures : « Il est vrai que les classes populaires contemporaines que l'on définit un peu mécaniquement en agrégeant les ouvriers et les employés forment un ensemble hétérogène, lui-même structuré par des inégalités qui désavantagent les non-qualifiés, les femmes et les immigrés. » (l.9-11). De plus, ces inégalités entre classes sociales peuvent être liées à la stabilité de l’emploi comme l’explique le document 4 : « Ces inégalités, plus documentées qu'autrefois, sont aussi plus fortes du fait de la divergence des conditions d'emploi: ouvriers et employés stables des fonctions publiques et des grandes entreprises ont aujourd'hui un avantage certain sur ceux des petites entreprises ou sur les contractuels voués au chômage et à la précarité. » (l.12-15). Également on remarque grâce au document 2 que la part des CDD dans les embauches a augmenté depuis les années 1990. En effet, entre 1993 et 2017 la part des CDD dans les embauches a augmenté de 11 points, passant de 76 % en 1993 à 87 % 2017, ce qui témoigne de la précarisation du rapport à l’emploi, rapport qui a joué un rôle fondamental dans la définition du concept de classe sociale chez Marx. Ainsi on comprend qu’aujourd’hui parler de classes sociales est toujours plus ou moins adapté pour parler des classes supérieures mais qu’en revanche, en ce qui concerne les classes populaires par exemple, cet outil semble moins adapté qu’auparavant.

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