L'analyse de la société en terme de classes sociales
Dissertation : L'analyse de la société en terme de classes sociales. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loulou1201 • 13 Septembre 2019 • Dissertation • 1 558 Mots (7 Pages) • 783 Vues
DISSERTATION
L’ANALYSE EN TERMES DE CLASSE SOCIALE EST-ELLE PERTINENTE POUR RENDRE COMPTE DE LA STRUCTURE SOCIALE ?
Les inégalités sociales et économiques, telles que l’appartenance sociale, l’origine et le genre permettent aux sociologues de dresser une hiérarchie sociale qui constitue le fondement de la stratification sociale. Celle-ci leur permet de rendre compte de la structure sociale, c’est-à-dire la manière dont la société répartit la population en différents groupes sociaux entretenant des liens entre eux et ayant conscience d’appartenir à un même groupe, sous la forme de classes sociales. Elles caractérisent tout groupe d’individus partageant une situation commune, des chances égales d’accéder au marché des biens et services. Karl Marx propose une vision réaliste du système de classe définissant les rapports sociaux comme en avant tout des rapports de production, ainsi la place occupée par un individu dans la structure sociale est définie par celle qu’il occupe dans la structure de production. Cette structure sociale se divise en deux classes : les détenteurs des moyens de production ; les capitalistes, et les détenteurs de la force de travail qu’ils louent ; les prolétaires. L’analyse marxiste a été reprise par de nombreux sociologues qui tendent à nuancer le terme de classe sociale, la conscience d’appartenance à une classe sociale n’étant plus la même suite aux mutations économiques et sociales que connaît la société au XXe siècle.
Peut-on considérer l’analyse en termes de classe sociale pertinente pour rendre compte de la structure sociale ? Nous montrerons dans une première partie que la société reste divisée par l’existence de classes sociales, puis dans une seconde partie nous montrerons que celles-ci semblent inadaptées pour rendre réellement compte de la société française.
Les prolongements contemporains de la théorie des classes permettent de comprendre la division de la société contemporaine en classes sociales causée par un maintien des inégalités qui s’organisent autour des différentes catégories socioprofessionnelles. Ces inégalités se manifestent par exemple par un écart de ressources économiques entre les individus, qui sont d’après l’analyse nominaliste de Max Weber, repartis dans la structure sociale selon un ordre social, politique et économique. D’après le document 4, qui montre l’écart de salaires entre les CSP, celles-ci peuvent être considérées comme des classes sociales puisqu’elles partagent une situation économique similaire, on peut donc regrouper les cadres, professions intermédiaires, ouvriers et employés selon l’ordre économique défini par Weber. Le critère du revenu rentre donc dans le critère de différenciation des CSP. Ainsi on distingue un cadre d’un employé puisque qu’il perçoit en moyenne 2,6 fois (4302 euros) le salaire mensuel net moyen d’un employé (1649 euros). La classification des individus en CSP rend compte des inégalités réelles présentes dans la structure sociale. Le salaire moyen d’un ouvrier (1680 euros) est nettement inférieur au salaire moyen des quatre CSP (2312 euros). On peut constater un écart faible entre le revenu moyen d’un ouvrier et d’un employé, à peu près 81 euros/mois, alors que plus on s’élève dans la hiérarchie sociale, plus les inégalités salariales se creusent, ainsi que l’écart de salaire homme/femme. Une femme cadre perçoit un salaire moyen inférieur de 21,8% à celui d’un homme cadre, contre un salaire de femme employé inférieur de 8,1% à celui d’un homme employé.
La classe populaire, fortement fragilisée se distingue du reste du salariat. La part d’employés et d’ouvriers représente tout de même 43% de la population active, mais la part d’ouvriers non qualifiés et d’agriculteurs connaît une forte baisse. En 1982, les ouvriers non qualifiés représentent 14% de la population active contre 7% en 2012. Cette diminution se fait au profit du gonflement des catégories socioprofessionnelles des cadres et professions intellectuelles supérieures, et des professions intermédiaires qui profitent de la tertiarisation de l’économie. Les professions intermédiaires ont connu une hausse de 5 points entre 1982 et 2012, et une hausse de 10 points pour les cadres et professions intellectuelles supérieures. Cependant la classe populaire bénéficie d’une recomposition sociale : de par leur proximité sociale, les ouvriers et employés sont membres d’une même classe de laquelle émerge ce que Schwartz nomme le « bloc populaire » (possèdent des similitudes avec le prolétariat marxiste), qui permet la reformation de la structure sociale.
Quant à la conscience de classe, elle n’a pas totalement disparu, elle est même en progression ces dernières années. On peut constater une augmentation du sentiment d’appartenance à une classe sociale de 2 points par rapport à 1982, la plus forte hausse ayant eu lieu entre 2001 et 2010 avec une augmentation de 11 points (on passe de 54% à 65% en 9 ans). La classe moyenne semble constituer un groupe de référence pour la majorité des personnes ayant un sentiment d’appartenance à une classe. 58% des personnes ayant le sentiment d’appartenir à une classe sociale pensent appartenir à la classe moyenne, soit une hausse de 27 points entre 1982 et 2010, alors que le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière connaît une baisse de 24 points depuis 1982. Ces individus constituent donc ce que Louis Chauvel nomme la « nébuleuse des classes moyennes », constatée par la formation d’un bloc populaire qui témoigne de la recomposition de la structure sociale.
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