Ethique et entreprise

Intro :

Les préoccupations éthiques sont aujourd’hui devenues centrales dans nos sociétés. Celles-ci se manifestent par le biais d’inquiétudes écologiques, par la méfiance du tout-technique, des manipulations génétiques ou encore par le souci du respect des droits de l’homme. L’entreprise, en tant qu’acteur puissant de la société ayant un pouvoir de nuisance par le biais de ses activités a été en particulier visée par un certain nombre d’acteurs, en particulier d’organisations non gouvernementales (ONG) qui ont mis le doigt sur différents problèmes éthiques.

Par exemple la campagne de dénonciation contre l’entreprise Nike en 1997 qui avait recours au travail des enfants en Asie, a fait comprendre aux entreprises qu’elles devaient encadrer leurs activités par une éthique si elles ne voulaient pas ternir leur image et se mettre en danger. Par ailleurs, l’importance croissante des questions environnementales dans nos sociétés, et en particulier du changement climatique, ont incité les entreprises à développer des initiatives en lien avec le « développement durable ». La réflexion autour d’une éthique d’entreprise n’est pas nouvelle. John Stuart Mill, en 1848, dans Principes d’économie politique montre que la production et le marché n’ont pas pour seul but le profit mais possèdent également une mission de maintien du tissu social. Depuis 2000, la plupart des grands groupes mondiaux se sont dotés d’une démarche de type éthique : l’entreprise affiche ainsi des préoccupations qui ne relèvent pas de la logique propre à son système économique mais touche la protection de la planète, au respect des droits de l’homme, à la réduction des injustices. Néanmoins, dans un milieu professionnel qui semble si prompt aux décisions qui rapportent le plus, n’y a-t-il pas incompatibilité entre recherche du profit et quête morale ? Il semble difficile d’imaginer au sein de l’entreprise le développement d’une éthique qui ait un autre objectif que la recherche du profit. En effet, l’entreprise ne peut survivre que si elle dégage un profit. Ce dernier est son objectif ultime 

Dans un premier temps, nous montrerons que l’éthique d’entreprise est réelle : face aux pressions de la société civile, les entreprises n’ont en effet d’autre choix que d’inclure dans leurs objectifs des dimensions autres que financière. Dans un second temps, nous nous interrogerons sur la consistance et la profondeur de l’éthique d’entreprise. Il s’agira en particulier de pointer les limites d’une telle éthique étant donné les impératifs de profit liés à la nature même de l’entreprise. 

I)

L’éthique d’entreprise est devenue un véritable impératif pour l’entreprise contemporaine Dans un monde où celle-ci prend une place centrale, où l’Etat semble de plus en plus en retrait dans un nombre croissant de domaines, l’attention se focalise en effet sur les acteurs privés. La puissance des entreprises implique en effet le développement de leur responsabilité et, de plus en plus, la société civile attend des entreprises qu’elles agissent de façon responsable.

On assiste à un véritable mouvement de fond : l’entreprise doit s’approprier des valeurs d’équité sociale et de durabilité environnementale qui se développent dans la société. Si elle ne s’y résout pas, elle risque fortement de mettre en péril son fonctionnement et son existence. Les consommateurs citoyens exigent de plus en plus la présence de principes éthiques dans les politiques d’entreprises.

Ex : -en 1997, le collectif « De l’éthique sur l’étiquette », a demandé aux chaînes de distribution (vêtements et chaussures) d’adopter un code de bonne conduite : respecter des droits de l’homme, interdiction de l’esclavage, liberté syndicale.

-Le mouvement « Publiez ce que vous payez » lancé en 2002 par des ONG britanniques exige plus de transparence au niveau des flux financiers entre les multinationales et les pays riches en ressources naturelles.

-Apparition de Class Action ( procédure qui permet à un grand nombre de personnes, souvent des consommateurs, de poursuivre une personne, souvent une entreprise ou une institution publique, afin d'obtenir une indemnisation financière).

(Erin Brochovich sera à la tête d’une des premières Class Action en 1993 suite à une affaire de pollution des eaux par une société de distribution d’énergie : PGandE)

b) Mise en place concrète d’une étique d’entreprise :

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), c'est la responsabilité d’une entreprise vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui : contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société, prend en compte les attentes des parties prenantes, respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales, est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en oeuvre dans ses relations.

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