Une danse peut-elle convaincre ?

Peut-on convaincre par une danse?  

L’art de la danse est né avec les hommes. Elle est le reflet des sociétés et des époques, des civilisations  Dès la préhistoire, l’homme dansait. Que ce soit pour des rites sacrés, pour honorer les dieux, pour s’amuser, pour exprimer des émotions,  ou encore provoquer des réactions chez les autres, la danse a toujours eu un but. Comme l’art de l’éloquence, elle est le fruit d’un travail, d’un exercice, d’un entraînement. Et comme ce dernier, la danse permet d’exprimer de nombreuses émotions. Mais au-delà de l’expression, la danse peut-elle servir nos idées et ainsi convaincre autrement que par les mots? Dans un premier temps, nous verrons comment la danse est plus puissante que les mots pour convaincre, et dans un second temps, ses faiblesses et ce qui nuirait à l’effet de conviction.  

La danse est puissante, et même en vérité parfois bien plus que certains mots. Elle peut convaincre par une suite de mouvement coordonnés, de pas et doit être accompagnée du l’intention du danseur ou de la danseuse, en fonction du message à faire passer. Un regard peut être décisif. Ce pouvoir en revanche s’acquiert avec un entraînement rigoureux, pour les plus petits comme les plus grands. C’est ce qu’on voit par ailleurs au sein de toutes les grandes écoles, comme l’école de l’Opéra Garnier, à Paris. Des petits rats aux plus grandes étoiles, il y a l’apprentissage de plus d’un milliard et demi de pas qui se fait tout les jours, et ce qui départage les meilleurs entre eux-mêmes, c’est leurs capacités théâtrales et leurs jeux d’acteurs. Ces capacités sont demandés par les chorégraphes, qui ont été et sont encore souvent danseurs lors du montage d’une pièce. Par exemple, Tino Fernandez, chorégraphe de la pièce Le Regard de l’autruche, a dénoncé la guerre civile en Colombie, qui vit encore actuellement dans un climat de tension et de peur qui pèse sur la population. Inspiré de la danse de Pina Bausch, la compagnie l’Explose travaille des mouvements frénétiques, violents et épuisants dans lequel le corps lutte. Cette pièce offre un choc à ses spectateurs, et permet de les sensibiliser, ainsi que les convaincre de militer pour mettre fin à l’atrocité des événements colombien.

La danse a été en vérité très utilisée dans l’histoire pour des causes politiques, et ce depuis surtout la seconde moitié XVIe siècle. Marie de Médicis et Anne d’Autriche ont recours aux ballets politiques pendant leur régence pour maintenir leur fils, Louis XIII et Louis XIV au pouvoir. Louis XIII, maintenu à l’écart du gouvernement pendant un temps, se sert du ballet La Délivrance de Renaud, pour prouver et signifier sa détermination à prendre le pouvoir. Dans le ballet apparait le roi, démon du feu qui veut purger ses sujets de toute désobéissance, ce qui fait passer le message clairement au sein du public.

Il faut noter tout de même que le pouvoir de conviction de la danse est tellement fort qu’il permet la réalisation d’actions immorales. L’exemple le plus fameux est l’histoire biblique de Jean Baptise et Salomé. La mère de Salomé, Hérodiade est mariée à Hérode d’Antipas, frère de son premier mari. C’est une union révoquée par Jean Baptiste. Salomé a dansé sous la demande de sa mère devant Hérode, son beau-père. Tombant sous le charme , Hérode décide d’offrir à la jeune femme ce qu’elle désire, et toujours sous l’influence maternel, elle réclame la tête de Jean Baptiste sur un plateau, afin de faciliter l’union parentale. (La séduction du corps joue un rôle fondamental dans la conviction recherchée)

Nous avons donc vu que la danse possède une puissance de conviction à prendre nettement en compte, mais il faut noter qu’elle a des faiblesses, et que l’effet de conviction recherché n’est pas dans ce cas possible.

Une danse ne serait donc pas assez forte pour convaincre l’audience, car le danseur ne serait pas à niveau, et incapable d’exprimer par son corps le message qu’il souhaite faire ressentir. Ce phénomène se lit dans la compétition des danseurs au sein des grandes compagnies internationales comme le ballet de l’Opéra National de Paris, ou encore le New-York City Ballet. Certains danseurs sont plus qualifiés que d’autres pour les mouvements, mais leur jeu d’acteur n’est pas forcément au point, et cela impacte largement le message qu’ils souhaitent faire passer. Dans le film Black Swan, de Darren Aronofsky, la jeune Nina fait tout pour obtenir le rôle du cygne noir et du cygne blanc. Il est très difficile pour elle d’interpréter le rôle maléfique du cygne noir, étant toujours dans le contrôle. Malgré les nombreuses répétitions, elle n’arrive pas à s’imprégner de son personnage, et n’y parvient finalement qu’au prix de la perte de la raison.

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