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Supplément au voyage de Bougainville

Dissertation : Supplément au voyage de Bougainville. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2021  •  Dissertation  •  1 880 Mots (8 Pages)  •  373 Vues

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A travers l'analyse de la notion de désir, elle-même directement liée à l'idée que les hommes se font du bonheur, et dans la mesure où le bonheur serait en quelque sorte la conséquence de la satisfaction de ce désir, Schopenhauer, philosophe allemand du 19ème siècle, nous livre une vision négative de la manière dont sont vus les désirs de l’Homme. Le désir correspond essentiellement, à travers la conception qu'il nous en présente, à un manque que les hommes ne pourraient jamais combler. Pour trouver le bonheur, il faudrait renoncer aux désirs, jamais satisfaits et toujours renouvelés. Le caractère altéré du désir l'annule en effet comme condition de possibilité du bonheur. Dans le premier moment de ce texte, Schopenhauer explique que le désir est une sorte de moteur à travers lequel, par la satisfaction de ce désir, nous pourrions accéder au bonheur. Mais il n'en est rien, puisque la satisfaction du désir, provoquant la disparition de ce désir, provoque également une disparition du bonheur causé par la satisfaction de ce désir. Dans un second temps, le philosophe allemand explique la thèse selon laquelle le désir, orienté vers l’obtention d'un bien, n'aboutit jamais, contrairement à ce que l'on pouvait espérer, à la possession véritable de ce bien. Le désir est essentiellement défini, dans ce passage du texte, comme besoin, lui-même étant lié à une douleur. Schopenhauer finit, dans un troisième moment, en disant que le désir, parce qu'il est fondamentalement lié à un manque, ne peut absolument pas être lié à un plaisir : il ne représente que le symptôme d'un manque métaphysique, lui-même associé à une souffrance. Le seul bonheur que nous puissions espérer, c'est celui que nous procure la fin des souffrances.

Schopenhauer n'établit pas de distinction véritable entre la satisfaction et le bonheur, et ne semble pas s'embarrasser, par conséquent, de ce qui les différencie. Traditionnellement en effet, dans l'histoire de la philosophie, la satisfaction est un état non durable que procure la réalisation de certains désirs, mais qui ne suffisent pas à construire un bonheur véritable, même s'ils peuvent contribuer à ce bonheur. En outre, le bonheur est considéré comme un état durable, qui serait en effet ce "bien suprême" auquel on ne peut comparer les satisfactions.

La satisfaction, ou le bonheur, selon Schopenhauer, est donc négatif et ne contient rien de positif. Il affirme donc clairement, en ayant explicitement recours à une antonymie, que nous ne devons rien attendre de la satisfaction ou du bonheur. D'office, il annonce donc la thèse selon laquelle nous devons renoncer à faire de cette satisfaction ou de ce bonheur une finalité.

L'expression selon laquelle le manque ou la privation, assimilée au désir serait la condition préliminaire de toute jouissance peut nous laisser perplexe. Comment la privation, d'une part, pourrait-elle être un désir, et en quoi cette privation ou ce désir pourraient être, d'autre part, la condition même du bonheur ? La conception de Schopenhauer du désir s'exprime ici de manière relativement claire : il faut comprendre que tout désir n'est que l'expression d'une privation. Si nous désirons, c'est que quelque chose nous manque. C'est pourquoi le désir est négatif : il résulte d'une insatisfaction première. Comment, donc, une satisfaction pourrait-elle naître d'une insatisfaction ? C'est en substance la question que pose implicitement l’auteur, et la réponse est contenue dans cette question purement rhétorique. Toutefois, c'est par un autre procédé que Schopenhauer nous fait comprendre pourquoi le désir est essentiellement négatif : lorsque nous satisfaisons un désir, celui-ci naturellement, disparaît, et donc avec lui la satisfaction qui en résultait. Le procédé est ici de type agnostique : nous sommes dans une impasse. Nous recherchons une satisfaction qui s'évanouit aussitôt que nous l'avons obtenue. La quête est inutile. Nous nous épuisons dans une recherche sans objet. Non seulement le désir naît de la douleur, mais encore il n'est finalement que l'expression d'un besoin : ici également, Schopenhauer ne s'embarrasse pas de la distinction classique entre désir et besoin. Le désir relèverait d'une quête en quelque sorte spirituelle, tandis que le besoin, coïncide avec la partie biologique ou physiologique du fonctionnement de notre corps. Le besoin est ce qui nous lie à la partie naturelle animale de nous-même : comme les animaux, nous avons besoin de manger, de boire, de nous protéger des dangers extérieurs, de posséder un habitat, pour survivre. Le besoin serait donc lié à la survie, tandis que le désir serait lié à la vie, au sens noble du terme : nous accédons à la vie lorsque nous avons satisfait tous nos besoins.

Schopenhauer, pour définir le désir, livre à la fin de ce premier moment du texte une précision supplémentaire : le désir n'est pas seulement une souffrance, il est encore ce qui peut troubler notre repos ; il peut être aussi l'ennui, qui nous fait de l'existence un fardeau. Le désir a donc plusieurs facettes, toutes également négatives. Le désir est un calvaire, il nous éloigne de la sérénité à laquelle nous prétendons. Mais il est aussi, de manière presque opposée, ce qui nous plonge dans la torpeur. A l'opposé du trouble en effet, ou de l'agitation qui menace notre tranquillité, il y a l'ennui, qui nous installe dans un état assoupi.

Mais ce n'est pas tout : la poursuite d'un bien est en elle-même épuisante. Nous travaillons vainement à acquérir des biens quasiment inaccessibles. Quand bien même nous finirions par les atteindre, ils sont de toute façon incapables de nous procurer la satisfaction que nous en attendions. C'est une grande et forte illusion que dénonce Schopenhauer à travers la critique du désir qu'il établit; l'argumentation qu'il développe vise à nous débarrasser de cette illusion. Les biens que nous recherchons ne sont pourtant jamais définis. En effet, de quoi

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