Pouvons-nous changer d'identité?

Pouvons-nous changer d'identité?

Dans son ouvrage Vies des hommes illustres, Plutarque évoque une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité qui est le problème du bateau de Thésée. Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement. Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine. La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent, si son identité est changée ou non. L'expérience du bateau de Thésée est utilisée depuis l'Antiquité et a été reprise par de nombreux philosophes à l'époque moderne. Ici on peut se poser la question suivante, malgré la forme du bateau, qui est restée toujours la même dans cette expérience, la variation des matériaux de l'élément a-t-elle causé le changement de son l’identité. Beaucoup de philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses, citent cette expérience comme un exemple de doute, et énoncent leurs hypothèses, les uns que le bateau reste le même et conserve donc son identité, les autres qu’il ne l’est plus.

Mais pour pouvoir résoudre cela, on doit s'interroger sur ce qui est l’identité et est-ce qu’il y a une possibilité de son changement. En effet, l’identité correspond à ce qui demeure identique à soi-même, ce qui permet de distinguer un élément des autres éléments du même type. Aussi, d’un point de vue d’identité subjective nous pouvons constater que c’est l’effet de l’on ressent à être soi-même et reconnu par autrui comme étant doté d’une personnalité. Si l’on considère que notre identité s’appuie sur notre forme physique, c'est-à-dire le corps physique, on peut en effet comprendre pourquoi le problème du bateau de Thésée est apparent: vu que sa matière, ce de quoi il est fait, fut changée, son identité ne demeure plus la même, du moins, son identité physique à changé, non en forme mais en matière. On peut, en revanche, remarquer que l’utilité et la fonction du bateau demeurent les mêmes et que malgré les changements il reste le bateau de Thésée. On peut donc en déduire que l’identité ne se résume pas au matérialisme de l’élément mais aussi à son vécu et ses expériences.

Dans le cas de l’homme, il ne suffit donc pas d’assumer que ce sont les aspects et les composants physiques du corps qui peuvent varier, qui nous rendent distinct des autres. Comme dit la définition l’identité, c’est un effet que l’on ressent d’être soi même. On en déduit que savoir ce qui est notre identité est pouvoir dire ce qui nous différencie des autres et ce qui nous rend unique. que l’on est conscient d’être une singularité. On a donc besoin du support matériel pour parler d’identité mais cela ne suffit pas, l’identité se construit aussi à travers nos pensées et notre conscience.

Aujourd'hui la science matérialiste moderne, préfère nous laisser comprendre que notre identité est soumise au contact avec l’environnement et de personnes que nous fréquentons lors de notre vie. Si ce sont ces éléments là qui permettent de forger notre personnalité et donc notre identité. Le problème de cette approche est que cela nous fait comprendre que l’homme ne peut pas être libre de se construire basé sur notre propre volonté. Cela enferme notre identité et donc notre existence dans un déterminisme total et ne nous laisse pas de liberté d’action sur le soi. Se poser la question sur la possibilité de changement de notre propre identité revient donc à résoudre le problème général suivant: est-ce que l’identité se réduit-elle nécessairement à nos pré-déterminations imposées, qu’elles soient conscientes ou non, ou l’individu à la liberté de lui aussi participer à la construction de son identité par le choix volontaire de ses comportements au long de sa vie?

Nous pouvons supposer que notre identité est soumise à des prédétermination qui la forgent au long de notre existence. Ces pré déterminations existent sous différentes formes et peuvent être conscientes ou non. L'une de ces pré déterminations peut s’exprimer sous la forme du corps physique que nous obtenons lors de notre naissance et que nous gardons toute la vie. Nous obtenons aussi des caractéristiques nous personnalisant qui vont nous suivre toute la vie tels que notre nom et notre prénom mais aussi d’autres qui peuvent changer au fil des années, comme le corps, la taille, l’âge. Nos parents nous l’offrent dès la naissance et ces éléments physiques rendent notre moi distinct de tous les autres humains. Notre identité permet de nous différencier et de nous distinguer des autres humains. Par ailleurs, on sait que l’humain admet qu’il a une identité que lorsqu’il obtient une capacité de se rendre compte des choses qui l'entourent, comme des objets de son environnement et des autres. Pour cela il doit avoir une certaine sensibilité qui va correspondre à sa conscience réfléchie. Cette capacité réflexive qui permet aux hommes de réaliser un certain recul sur eux-mêmes et qui leur permet de se saisir comme des êtres pensants se nomme la conscience réfléchie. Cette conscience permet d’admettre les expériences que l’individu a vécues et du moins la représentation qu’il a forgé de lui-même le long de la durée de son existence en s’appuyant sur sa sensibilité et sa conscience réfléchie. Cette vision peut être évoquée dans les CVs que l’individu créera et dans lesquels il présentera la façon dont il se voit en s'appuyant sur ses expériences passées telles qu'il les perçoit dans sa propre façon d'analyse de ces événements. Aussi, par exemple, si on se blesse gravement à un moment de notre vie et que nous obtenons une blessure qui laissera des cicatrices sur notre corps, cela modifiera nos caractéristiques physiques malgré notre volonté. En effet, on peut penser que nous sommes enfermés dans un système de constitution nécessaire de notre identité axés sur nos expériences passées qui sont à l’origine de la création de ce que nous sommes aujourd'hui. Notre histoire personnelle est donc en partie le résultat d’un déterminisme, une idée selon laquelle les actions des hommes seraient, comme les phénomènes de la nature, soumises à un ensemble de causes extérieures. Nous avons donc tous un ensemble d'expériences passées vécues qui conditionne notre vision du monde. D’après l’idée centrale de l’existentialisme, chacun est ce qu’il fait. C'est-à-dire que l’essence de chacun est le fruit de son existence. Ce que chacun est donc son identité, à un instant donné est le pur résultat

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