Phèdre est-elle bien une oeuvre tragique ?

Dans sa tragédie, Antigone, Jean Anouilh nous montre une vision pessimiste et reposante de la tragédie. En effet, ce mythe est entièrement ancré dans les moeurs de ce registre montrant l’importance de la puissance et de la passion de l’Homme. Il est vrai qu’Antigone répond en tout point aux caractéristiques tragiques puisque les personnages sont depuis le début condamnés à une mort certaine de par la malédiction imposée à la famille succédant à l’inceste entre Oedipe et sa mère Jocaste. Quant à Phèdre, oeuvre écrite par Racine en 1677, là aussi nous pouvons assister à une oeuvre tragique mais quelques peu plus nuancée et ne montre pas forcément de prime abord la puissance de la tragédie. Phèdre illustre-elle en tout point les propos que tient Jean Anouilh ou au contraire déroge-t-elle aux règles ancestrales de la tragédie? Nous débuterons en démontrant que l’oeuvre de Racine s’inscrit dans les codes de la tragédie, nous nuancerons ensuite nos propos en admettant que Phèdre est certes considérée comme une tragédie mais nous tacherons de montrer qu’à plusieurs reprises cette oeuvre a pu être source d’espoir chez le lecteur. Nous finirons en apportant une synthèse de notre argumentation.

Phèdre peut être qualifiée de véritable tragédie puisqu’elle reprend toutes les caractéristiques tragiques que ce soit de par les différentes métaphores et comparaisons mais également par le champ lexical de la souffrance et de la mort.

En effet, elle met également un point d’honneur sur la vérité, qui est, dans cette oeuvre enfouie et cachée pour enjoliver la fatale réalité sur le fait que Phèdre aime le propre fils de son époux. Racine, à travers ce lourd secret veut alors faire admettre que la vérité finit toujours par être découverte puisque Thésée apprend par le biais d’Oenone, la gouvernante de Phèdre, que celle-ci est tombée éperdument amoureuse de son fils. Cet argument confirme bien la célèbre citation de Jean-Marc Rives : « Le mensonge est une voie sans issue, car la vérité finit toujours par se savoir ».

La malédiction prend une place importante dans cette oeuvre puisque, en effet, en sachant qu’il a été trompé, Thésée, maudit alors son fils à mourir. Une malédiction qui va aboutir mais également, en quelques sortes, se retourner contre son propre auteur car à la suite de la mort d’Hippolyte, son père se voit triste et s’en veut de son acte. C’est également ce qui se passe dans la saga Harry Potter, Voldemort lors de l’enfance d’Harry lui jette une malédiction mais Harry réussit à la fin de la saga, à congédier le sort et donc retourner la malédiction contre son propre auteur, ce qui nous montre que la malédiction, caractéristique de la tragédie peut également atteindre son responsable.

Antigone d’Anouilh illustre parfaitement cet aspect puisque les personnages sont, depuis le début, condamnés à une fin tragique de par la malédiction qui a frappée sa famille pour cause d’inceste entre Oedipe et Jocaste. Ainsi, Phèdre illustre bien cet aspect de sérénité et de repos puisque les personnages qu’ils soient auteurs ou victimes de la malédiction sont voués à une fin tragique.

Nous avons pu observer que cette oeuvre peut parfois montrer quelques différences avec les tragédies classiques telles que Roméo et Juliette de William Shakespeare ou encore Le Cid de Pierre Corneille. Racine nous propose sa propre définition et ses propres codes de la tragédie.

En effet, Phèdre nous montre une fin tragique mais laisse tout au long de l’intrigue, de l’espoir qui semble se mêler aux doutes et aux drames puisque Phèdre est dans la perpétuelle indécision d’avouer son secret. Le fait que

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