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Peut-on réduire l'être vivant à un objet technique?

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Par   •  10 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 919 Mots (8 Pages)  •  2 469 Vues

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Peut on réduire l'être vivant à un objet technique ?

L'être vivant est un être naturel qui acquiert une forme de sensibilité pour son semblable ou son prochain. Ainsi, l'Homme est un être vivant conscient de soi, tout comme l'animal qui agit selon son instinct. Par opposition, une chose est un objet insensible et inconscient. Mais l'être vivant peut-il être réduit à une chose ? Cette question soulève la distinction entre un objet technique et un objet naturel. Le premier est conçu par l'Homme pour répondre à des besoins alors que le deuxième est un objet vivant ou non vivant qui n'a pas été modifié par l'Homme.

L'animal peut être assimilé à une machine modelée par l'Homme pour les élevages ou encore pour le clonage. Dans ce cas, l'Homme a tous les droits sur ces objets. Mais l'être vivant est-il réellement similaire à une machine ?

Nous observons une différence entre l’être vivant et l'objet, cela s'apparente à une distinction entre deux substances : l'esprit et la matière. Si cette hypothèse est vraie, avons-nous alors réellement des droits sur les animaux ? Sommes nous leur créateur ? Est-il légitime de nous considérer comme leur dominant ?

Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps quelle est la différence entre un animal et l'Homme, ainsi qu'entre une machine et un être vivant. Puis, dans un second temps, nous admettrons les points communs entre les deux. Et pour finir, nous nous pencherons sur le côté éthique de ce problème et sur la légitimité de la question.

        Comme le dit Kant à travers ses écrits, l'Homme est radicalement différent de l'animal et ne peut donc se réduire à l'étiquette d'objet. En revanche, l'animal est défini comme une chose. D'après le premier paragraphe de son texte d’anthropologie du point de vue pragmatique de 1798, Kant distingue l'Homme de toute autre forme d'être vivant par sa capacité à se définir. Cette conscience de soi lui donne alors des privilèges qui justifient sa supériorité sur les animaux. Ces derniers ont alors une valeur relative et nous pouvons, d’après Kant, nous en servir à notre profit. Cette vision appartient au courant spéciste qui place l'homme en supériorité par rapport à tous les autres êtres vivants et autorise ainsi la consommation de la chair animale.

Cet argument appuie une hypothèse: nous ne pouvons pas réduire l'homme à un objet, comme dans le cas de l'esclavage, mais nous le pouvons pour les animaux. Pour valider cette hypothèse, nous devons certifier d'autres différences entre ces deux êtres.

D'après le célèbre auteur médiéval Thomas d'Aquin, l'homme se distingue également de l'animal par sa raison. En effet, les actes humains ne sont pas l'expression d'un instinct rigide entre la perception et l'action, mais ces actes sont illustrés par un temps de réaction. Cette disparité est exprimée au sein de son travail somme théologique du XIII siècle.

Rappelons qu'un objet technique est un être vivant ou non vivant, modifié par l'Homme pour

répondre à un besoin. Grâce à deux distinctions que sont la conscience de soi et la raison, certains auteurs justifient l'élevage ou encore la création de nouvelles espèces : les OGM.

Dans la continuité de notre raisonnement, l'homme peut aussi être défini comme un objet, une machine. En effet, Descartes à travers les principes de la philosophie et son discours de la méthode, décrète qu'il n'y a pas de différence de nature entre l'organisation d'une machine et celle d'un vivant. Les fonctions du corps résultent de la disposition des organes tout comme la disposition des rouages pour l'horloge. Sans force vitale, le corps humain ou celui de animal continue de fonctionner avec le cœur et le cerveau et s'apparente alors à une machine. Grâce à cette explication, nous confirmons l'hypothèse ci-dessus, l'animal suit les lois mécaniques tout comme les objets. En revanche, l'Homme n'est pas qu'une machine puisque, d'après Descartes, il est constitué d'esprit. Alors, l'Homme s'exprime et pense de façon flexible. Sa pensée ne relève pas d'un programme. Pour conclure sur cette thèse, l'Homme est une machine qui répond aux lois de la mécanique mais il n'est pour autant pas exploité par un créateur à son profit par la présence de son esprit. Alors que l'animal lui, répond aux lois de la mécanique mais aussi peut être utilisé et modifié en l'absence de raison et de pensée. L'exemple de la greffe ou de la fécondation in vitro place l'homme en tant que machine modifiée, elle n'est pas pour autant manipulée.

Dans ce paragraphe nous avons vu que l'être vivant peut se réduire à un objet technique dans certains cas. Nous avons aussi précisé que dans la plupart des cas, ce sont les animaux qui sont assimilés comme des objets au profit de l'Homme. Mais quels point communs trouvons nous entre ces deux êtres pour contredire la présence de dominance que constitue le lien objet/maître ?

        Certains auteurs cherchent les points communs entre l'Homme et l'animal afin de justifier l'égalité entre les deux et les différences entre une machine et le vivant.

Tout d'abord, l'Homme et l'animal viennent tout deux de l'état de Nature. Comme le souligne l'ouvrage de Rousseau : discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, cet état est à l'origine de ces deux espèces. Pour ainsi dire, même si l'homme a des facultés inconnues dans le rang animal, cet état en commun ne place personne en supériorité par rapport à l'autre. Cela serait alors illégitime de concevoir l'animal en tant qu'objet technique, mais nous reviendrons sur cette question dans la partie suivante.

Ensuite, il existe des limites fondamentales entre le vivant et une machine. Elles sont illustrées dans le texte critique de la faculté de juger de Kant. En effet, la machine est organisée uniquement autour d'une force motrice qui lui permet son fonctionnement mais pas sa réparation. Alors que l'être vivant possède aussi une force formatrice qui assure sa réparation et sa conservation. De plus, les parties de l'être vivant ne s'ajoutent pas les unes aux autres telles une machine, elles se développent les unes à partir des autres.  Cela contredit ainsi l'idée précédente : l'animal peut être un objet technique. Dans le cas de l'Homme, son esprit et son corps sont liés, il agit en fonction de ses désirs ou de ses états. Il ne peut alors être réduit à un objet et comme le dit Descartes, nous ne sommes pas dans notre corps comme « un pilote dans son navire ». Nous sommes étroitement liés à ce corps, nous ne pouvons pas nous en défaire contrairement à une machine dont nous pouvons extraire le programme du montage.

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